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À la grande joie de Mallory, le reste de la semaine s'écoula paisiblement.

Chaque jour passé la rapprochait de la fin de son calvaire. Elle avait hâte de renouer avec ses anciennes habitudes, de reprendre ses déjeuners hebdomadaires avec Sarah, de retrouver son bureau, son équipe, ses clients. Bref, elle voulait retourner à la vie normale, et enlever cette désagréable sensation d'y avoir été exclue de force depuis qu'elle travaillait au Centre. Plus que vingt jours et elle recouvrait sa liberté. En son for intérieur, elle reconnaissait que son désir de se replonger dans sa routine quotidienne était en grande partie lié à Jason. Elle n'aimait pas avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Plus vite elle s'éloignerait de lui, mieux ce serait.

Les bras chargés de sacs de chips pour le barbecue, elle sonna au domicile de Maria.

— Entre. Voilà mon mari, Mike, dit Maria en lui présentant un Noir avec des dreadlocks. Et lui, c'est Ty, notre fils.

Elles entamèrent l'assaisonnement des viandes sous le babillage de Ty, assis sur sa chaise haute.

— Pourquoi tu travailles au Centre ? Et je veux la vérité cette fois.

Mallory suivit son instinct en lui racontant sa mésaventure avec Jason.

— Décidément, vous deux, c'est quelque chose. Et puis, il y a cette attirance...

— Oui, c'est... oh, Maria !

Elle éclata d'un rire joyeux.

— Je le savais. Oh, vous êtes si mignons tous les deux à vous tourner autour !

Écarlate, Mallory s'acharnait sur une brochette.

— Je... je ne... enfin, il ne m'intéresse pas...

— Mike aussi ne m'intéressait pas.

Elles papotèrent de tout et de rien en buvant du vin. Mallory apprécia ce moment entre femmes et se rendit compte qu'en dehors de Sarah, elle n'avait pas d'autres amis. Du moins, elle n'en avait plus car après son divorce elle s'était repliée sur elle-même, trouvant du réconfort dans sa solitude.

— Serais-tu d'accord pour garder le contact après mon départ ?

— Bien sûr que oui !

Les premiers invités arrivèrent. Mallory apporta son aide en servant les apéritifs.

Sur la pointe des pieds, elle cherchait à attraper un saladier au sommet d'un meuble lorsqu'une grande main le déroba. Jason le lui tendit en souriant. Mallory détourna pudiquement les yeux de peur qu'il ne remarque sa joie de le revoir après une semaine d'absence. Son regard intense accrut son trouble. Une rougeur colora ses joues, les battements de son cœur s'accélérèrent pour entamer une course folle.

« Tu réagis comme une collégienne ! ».

Maria la sauva in extremis de son embarras.

— Jason ! Diane ! Quelle bonne surprise ! On ne vous attendait pas.

— Je ne sais pas ce que tu lui as promis, mais il m'a fait travailler comme une forcenée pour rentrer par le vol de treize heures afin de ne pas rater ton barbecue. Je suis exténuée, bougonna Diane qui était restée en retrait.

— Vous êtes venus directement de l'aéroport ?

— Oui, il m'a acheté un maillot de bain sur place pour ne pas faire de détour !

Jason leva les yeux au ciel, agacé par sa langue trop pendue. Voilà qu'il était obligé de se justifier !

— Je n'aurais pas eu le courage de ressortir si j'étais repassé par chez moi.

Contre toute attenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant