12- Erasthiren

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La chambre d'hôte était un champ de bataille : les fauteuils étaient renversés, les coussins avaient éclaté et des plumes voletaient un peu partout pour s'accumuler en petits tas neigeux au sol. Deux corps entremêlés s'ébattaient au milieu des ravages sans aucune retenue.

Ho, qu'elle pouvait être désirable. Et le pire était à quel point elle le savait. Le colosse roula sur le tapis pour que la jeune femme la chevauche. Il s'offrait ainsi une vue parfaite sur sa poitrine généreuse. Les seins de la brûlante San'eshe remplissaient largement ses paumes alors qu'il les massait durement, torturant délicieusement ses tétons. Sonia était emportée par la passion et c'est avec générosité qu'elle ne se privait pas le moins du monde de gémir du plaisir que le géant lui donnait, autant qu'il en prenait. Thanlan sentait ses cuisses contre son aine, le grain si velouté de sa peau contre la sienne. Elle allait et venait, glissant sur son membre, en prenait pleinement possession du rythme de ses ondulations.

Soudain il se redressa dans un ahanement bestial, saisissant d'autorité son amante par la taille pour la soulever et l'entraîner avec lui alors que Sonia passait ses jambes fuselées autour de ses hanches. Par toutes les Étoiles, que Damas avait raison quand il disait qu'avec cette esclave l'étreinte était un combat loin d'être gagné d'avance. Il la plaqua violemment contre la paroi en reprenant possession d'elle, croyant avoir le dessus et la dominer. Mais il savait que ce n'était qu'une illusion : les contours d'une frénésie venaient dangereusement flirter avec sa conscience chavirante en flots toujours plus tumultueux. Sonia l'ensorcelait ; et si elle-même s'emportait dans le chaos des sens, elle arrivait encore à garder un contrôle sur ses mouvements. Thanlan forçait entre ses jambes toujours plus brutalement et elle aimait cela, poussant à l'extrême ce rapport de force de plus en plus violent.

N'y tenant plus, Thanlan laissa sa frénésie l'envahir et il y répondit sauvagement sans pouvoir la contenir. Sonia n'avait semblé chercher que cela, et elle lâcha un hurlement de plaisir au même instant. Il s'écarta d'elle pour, en deux pas, la jeter face contre le buffet, écrasant sa poitrine sur le bois. Le meuble grinça sous le choc. Le guerrier vint derrière l'éducatrice, plaquant une main contre ses hanches brûlantes dans un grondement bestial. Croupe ainsi offerte, il pouvait alors la prendre totalement et entièrement sans qu'elle ne puisse rien maîtriser. Il la saisit par les cheveux et s'enfonça profondément entre ses cuisses dans un autre ahanement de désir : elle était un fourreau flamboyant de délice alors qu'il la maintenait cruellement sous sa coupe.

Les arabesques de l'entrelacs du symbiote de Thanlan s'illuminèrent un instant quand il explosa de plaisir, submergé par ce tsunami de désir tandis que ses doigts avaient dérivé sur le cou de sa délicieuse amante et se resserraient mortellement sur sa gorge, dans une étreinte plus solide et implacable que l'acier. Le monde prit alors une autre tournure, un autre aspect pour les sens du géant ; il hurla brutalement de rage pour réprimer la frénésie qui déjà nouait ses muscles comme un étau, repoussant Sonia qui allât se fracasser sur une table basse.

Cette esclave trop experte, trop flamboyante, trop téméraire, l'avait poussé jusqu'à sa perte et, la tête entre ses mains, il luttait maintenant pour reprendre le contrôle, tandis que tous ses muscles se tétanisaient en enflant furieusement. Cela n'arrivait jamais. Il n'y avait que les tumultes de la guerre et de la survie pour déclencher sa frénésie ! Cela n'aurait jamais dû arriver, comment et pourquoi avait-elle fait cela ? Quand Thanlan tourna son regard sur Sonia qui se relevait lentement des débris de la table basse, il se figea.

— Shey'met'hena...

Il n'avait suffi que d'un mot de sa part. Thanlan sentit la rage refluer et la plénitude revint. Un souvenir enfoui ressurgit aussitôt, perdu dans les décennies de sa longue vie. C'était ce mot : il l'avait entendu une fois déjà, des générations auparavant, dans les jungles profondes des îles du San'eshe où il avait croisé le chemin de cette très vieille chamane qui avait soigné ses blessures mortelles. Avec le même mot et juste un bref contact de sa main, la chamane avait calmé la frénésie au cours de laquelle il avait manqué tuer trois hommes. Et pareillement, il avait goûté en un instant à la plénitude. En grondant car, s'il était maintenant calmé et soulagé, il était bien loin d'être repu, le géant vint chercher son amante, la soulevant comme un fétu de paille pour l'embrasser furieusement.

Les Chants de Loss, Livre 2 : MélisarenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant