Epilogue - Dolce vita !

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Saint-Raphaël, Var, samedi 30 mai.

« Mort du pharmacien retraité à Dole : une allergie.

Nous relations dans notre édition du 9 mai dernier le décès d'Edmond Valras, pharmacien retraité bien connu à Dole, survenu brutalement le 7 mai au domicile de son amie Mme Lucie Calfont.

Une enquête de police avait été ouverte afin de déterminer l'origine de la mort de M. Valras et l'on connaît désormais avec certitude, à l'issue de cette enquête et grâce à l'autopsie pratiquée sur le corps, les circonstances et la cause du décès : M. Valras, allergique à différents fruits à coque dont la cacahuète, a ingéré accidentellement des biscuits préparés par la domestique de Mme Calfont qui, ignorant tout de l'allergie affectant l'ex-pharmacien, a utilisé de l'huile d'arachide faute de toute autre huile dans la cuisine.

Peu de temps après avoir consommé les gâteaux, M. Valras a été victime d'une violente crise d'allergie pour finalement décéder très rapidement d'une asphyxie due à un œdème de Quincke au larynx.

Les secours, appelés par Mme Calfont, n'ont pu lors de leur arrivée que constater le décès qui venait de survenir. Malgré leurs efforts, M. Valras n'a pu être ramené à la vie. ».


- Et voilà, dit Lucie en refermant la page web du journal sur son note-book. Affaire classée !

- J'en ai pleuré, des larmes de crocodile devant la police ! dit Gilda en soupirant. La cuisinière consternée ! Quel malheureux accident ! Si seulement Monsieur Edmond nous avait prévenues de ses allergies !

- Oui, tu faisais pitié à voir, plaisanta Lucie.

- Il le fallait car cette histoire d'héritage que venait de te consentir Edmond quelques jours seulement avant sa mort avait l'air de turlupiner sérieusement ce policier fouineur.

- Oui, heureusement que j'avais pris mes précautions : j'avais moi-même réellement légué devant le notaire mes deux maisons à Edmond et je n'ai donc plus eu qu'à dire la vérité sur notre idée d'héritages croisés. Qui pourrait en vouloir à deux vieux amis sans héritiers de se léguer mutuellement leurs biens ?

- Personne ! Quant aux pseudos quarante-huit millions, ils n'ont existé que dans ta tête, dans la mienne, et dans celle d'Edmond qui n'est plus là pour le dire, dit Gilda.

- Eh oui. Quand nous aurons vendu sa maison de Dole, nous disposerons d'environ cinq millions devant nous, de quoi voir venir.

- A nous la belle vie ! dit Gilda. Allez je prépare le thé, installe toi dehors, il fait si bon sous la tonnelle.


Elle burent le thé, un grand cru chinois au léger goût fumé cette fois-ci.

La maison de Saint-Raphaël était agréable à vivre, à deux pas de la mer. L'été serait agréable.

Pendant ce temps, Lucie avait engagé un jardinier pour remettre en ordre le parc à Dole.


- Tu me fais un peu la lecture ? Il faut bien que je te paye à quelque chose, dit Lucie d'un ton badin.

- Volontiers. J'ai apporté un recueil de nouvelles si tu veux.

- Bonne idée. Ce qu'il y a de bien avec les nouvelles, c'est que les histoires sont courtes. En une lecture d'un seul trait, on a fini et comme cela, il n'y a pas à faire d'effort pour se remémorer l'histoire le lendemain comme dans un long roman. Quel est ce recueil que tu as apporté ?

- Maupassant, je sais que tu aimes.

- Tu me connais si bien...dit Lucie.


Gilda ouvrit le recueil, tourna les pages de garde et lut le titre de la première nouvelle du recueil. Elle prit un ton sérieux et dit :

- Voilà, le titre est...

Elle s'interrompit.

- Alors, le titre ? supplia Lucie.

- Donc, nouvelle de Guy de Maupassant. Le titre est : « L'héritage ».


Elles éclatèrent de rire.

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FIN

Un bel héritageWhere stories live. Discover now