14. Jeu

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Wendy était plutôt surprise, ce qui fit sécher ses larmes rapidement. Elle s'arrêta en plein milieu de la forêt. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire d'autre à part obéir ?

Elle était bien loin de l'idée de tout abandonner et de se laisser manipuler par Peter. Ce n'était pas son dernier mot. Comme si les mauvais esprits du pays imaginaires prenaient possession d'elle, elle lâcha un sourire, peu sympathique. C'était à son tour, de prendre part au jeu de Pan. Elle allait chercher ses frères et chercher son ami, Baelfire, pour partir de cette île infernal. Quel que soit le prix à payer.


* * *


Wendy cherchait dans toute la forêt où pouvait bien être enfermés ses deux petits frères. Elle était extrêmement fébrile, elle mourait de faim; Elle ramassait des bais par ci par là, mais osait à peine les manger, par peur qu'elles soit empoisonnées. Elle savait qu'elle pouvait tomber nez à nez avec Peter à tout moment. Et qu'il pouvait la punir pour avoir osé penser à libérer ses frères. Elle ne savait pas si il pouvait lire dans les pensées, mais ce garçon était sans aucun doute pour elle l'incarnation de la magie.

Elle cherchait depuis des heures et n'avait pas vu de campement à l'horizon. Baelfire devait sans doute y être encore, et Peter avait du le réprimander pour avoir quitter le pays imaginaire sans autorisation. Il y avait vraiment quelque chose qui clochait entre ces deux. Baelfire lui avait expliqué beaucoup de choses, mais Wendy savait qu'il cachait encore plus. Il ne lui restait plus qu'à découvrir tout ce que son ami ne lui avait pas dit.

Puis comme une ombre, un rivage, elle vit quelqu'un de dos, habillé d'une longue cape qui touchait presque le sol. Ce n'était pas ce qu'elle pensait, mais Wendy cria quand même, voulant croire à son espoir :

- J... John ?

Mais bien-sûr, la personne se retourna et il s'agissait bel et bien de Pan. Wendy se demanda avec étonnement pourquoi il s'amusait à la chercher et à la provoquer sans cesse. N'avait-il pas d'autres chose de plus intéressant à faire que de s'occuper, dans le mauvais sens du terme, d'elle ? Elle repensa au visage de Peter, quand elle l'avait traité de monstre, juste avant de s'enfuir. Un visage vide de pouvoir, révélant la véritable image du maître du pays imaginaire. Wendy le savait maintenant, que Peter n'était pas aussi cruel qu'il voulait le laisser croire. Elle n'avait plus d'effroi en le fixant, car elle savait qu'il ne pourrait jamais lui faire de mal. Mais le sourire de Peter était revenu, plus satisfaisant et joueur que jamais.

Wendy aurait donné n'importe quoi pour le voir avec un sourire sincère, pour changer.

- Tiens, encore toi. 

- Arrête de jouer à me poursuivre. Tu n'as qu'à me dire où se trouvent mes petits frères et Baelfire et je partirais d'ici, sans poser de soucis. Tu pourras vivre avec tes garçons perdus, heureux jusqu'à la fin des temps, comme tu le faisais déjà très bien avant qu'on ne débarque ici. 

- Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, Wendy. Tu aurais dû laisser partir seul Baelfire. Tu n'aurais pas eu de soucis, dit-il calmement en marchant en rond, il faut maintenant que tu assumes tes choix, même si ils sont mauvais. Mais ce que tu essayes de faire, ce n'est pas dans les règles du jeu, ce n'est pas dans le contrat !

- Tout ce que tu me fais vivre... Crois-tu sérieusement qu'il s'agit d'un jeu ? 

- Les vies de toutes les personnes qui sont sur cette terre sont entre mes mains. Bien évidemment que c'est un jeu. Rien de mieux pour manipuler les pantins. Je crois que tu n'as pas bien compris ! Ce n'est pas correct. Ce n'est pas acceptable. 

Il marqua une pause. 

- J'attendais beaucoup mieux de toi.

- Rend moi mes frères ! cria t-elle au bord de la crise de nerd.

- Je ne peux pas faire ça. Mais par contre, je peux t'apprendre une chose, si tes parents ne te l'ont pas déjà appris : les tricheurs ne gagnent jamais !

Il était maintenant au sommet d'une colline, et il était au dessus de la jeune fille. Sa cape lui donnait un air de roi, un regard de règne. Wendy n'avait pas remarqué que tout les garçons perdus la visait avec leurs arcs. Wendy essaya de reproduire le sourire que Peter faisait à chaque fois, et elle lui répondit simplement :

 - Très bien. Tu veux jouer ? Alors jouons. 


* * *


Les garçons s'approchèrent d'elle. Elle ne se débattit pas. Elle ne pouvait pas faire marche arrière. Ils l'empoignèrent par les bras et la ramenèrent au camp. Elle leva les yeux au ciel pour voir si Peter regardait toujours la scène. Il avait disparu. À la dernière parole de la jeune fille, il lui avait lancé un regard qui sonnait comme un étonnement rempli de surprise. Bien-sûr. Voir la petite Wendy Darling se "rebeller", cela pouvait paraître fort amusant. Si sage, inoffensive, elle ne ferait pas de mal à une mouche.

Mais le pays imaginaire arrivait à faire changer quelques mentalités.

Deux garçons l'enfermèrent dans son ancienne cage, sans dire un mot. Au contraire, ils l'avaient manié avec beaucoup de respect et de délicatesse, comme si il ne voulait pas faire de mal à leur nouvelle maman. Quand ils furent tous partis, elle regarda dans le trou de sa cage pour voir si Baelfire était toujours là, enfermé. Mais elle ne vit rien. Ce fut un soulagement pour elle, peut-être s'était-il enfui ? Elle espérait secrètement que non, car c'était son unique moyen de rentrer à la maison. Seul Baelfire avait réussit à s'échapper.

Elle n'était pas confuse de se retrouver de nouveau dans cette cage. Elle n'avait plus qu'à élaborer une stratégie. Pour faire tomber Peter. D'ailleurs, il vint devant la cage de Wendy quelques heures après. Il tourna autour de la petite pièce de bois, comme si à l'intérieur se trouvait une proie.

- Bien joué, l'orpheline.  J'espère que cela ne te dérange pas, que je t'appelle comme ça ? Après tout, maintenant, tu es comme un garçon perdu... Enfin... Une fille perdue. 

- Appelle moi comme tu le souhaites, répondit-elle simplement.

Peter détestait la voir résister.

- Ton petit jeu ne m'empêchera pas de retrouver mes frères et Baelfire, continua t-elle.

- J'espère pour toi que tu les retrouveras un jour. Enfin, je  dis ça car je n'aime pas briser les rêves des orphelins. Tu peux me croire : j'ai une bonne raison de te tester. Je ne veux pas que la mère de mes garçons soit n'importe qui. Ils sont bien conscient que je leur offre quelque chose d'exceptionnelle. 

- Laisse moi me faire croire que tu te soucies vraiment d'eux. 

- Tu ne pardonnes pas facilement à tes parents n'est-ce pas ? lui demanda t-il en évitant la question.

Il continua :

- Ça tombe bien, tu pourras comprendre les garçons perdus quand tu les auras en charge. Ils n'ont jamais pardonné à leurs parents de les avoir abandonné. Et il ne le feront jamais. Juste pour te prévenir donc, qu'ils allaient certainement te coller, te suivre ou t'imiter.

« Ce qui est normal, lorsque nous sommes privés de l'amour d'une mère » pensa t-elle.

- Et pour information, Baelfire est du même cas que tout les autres. Quand tu le retrouveras, il ne voudras plus jamais quitter cette île.

- Il l'a déjà quitté une fois, lui rappela t-elle.

- Il l'a fait sur le coup de la panique et de la précipitation après quelque mois. Il n'avait pas vraiment goutté au plaisir de cette merveilleuse île, répondit-il.

- Nous verrons bien ce qu'il en pensera, lui répondit Wendy avec un sourire aux coins des lèvres.

- Tu verras bien, petite Wendy. J'ai toujours raison. 

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