27. Samantha

949 91 6
                                    

Chapitre Vingt-Sept : Samantha.


Je ferme la porte après mon passage ; il n'y a plus rien à manger chez moi et dois aller faire quelques courses. Ce qui tombe plutôt bien car ce matin, en ouvrant ma boîte aux lettres, j'y ai découvert l'enveloppe remplie d'argent en liquide que m'envoie maman à chaque fin de mois (environ 500 euros pour être exacte.)

Il est vingt-et-une heure (*) et me voilà donc en train de marcher en direction de la rue marchande, les mains dans les poches et le bonnet d'Alex sur la tête car le froid commence lentement à s'installer en cette fin du mois de septembre. Je m'arrête près d'un banc un instant en attendant que le feu passe au vert pour traverser la route. Un homme avec un long manteau et un pantalon en sorte de cuir est assit sur celui-ci. Il n'a qu'une seule main, l'autre a été remplacée par un crochet. Je crois qu'il me fixe mais je n'y prête pas plus attention que ça, pas la peine de m'énerver après un étranger. La lumière du feu passe du rouge au vert et je traverse sur le passage piéton. Une fois sur le trottoir de l'autre côté, je remarque que l'homme s'est levé et se dirige dans ma direction. La peur commençant à se faire ressentir, j'accélère le pas. Il ne me reste que trois rues à franchir pour arriver à la supérette. Je jette un œil derrière moi pour voir qu'il se rapproche dangereusement. Mes enjambées se font de plus en plus grandes et de plus en plus rapides, mais le voilà qui accélère aussi. Je m'apprête à courir quand on me plaque contre le mur bordant l'allée. Je tente de me débattre mais il pose le métal froid de son crochet sur mon cou, stoppant mes mouvements.

- Qu'est-ce que vous me voulez ?

Je bégaie tandis qu'il plante ses yeux d'un bleu profond dans les miens.

- T'avertir.

Sa main est posée sur le mur non loin de mon bras gauche et son crochet est toujours appuyé contre ma gorge.

- De quoi ?

Je demande, effrayée et la respiration saccadée. Il claque sa langue contre son palet plusieurs fois et hoche la tête de droite à gauche.

- Pas de quoi, de qui.

Il marque une pose pendant laquelle il m'observe avec intérêt. Je ferme les yeux, ne voulant pas affronter ses orbes azurés. Il reprend :

- Ce garçon qui cherche à devenir ton ami, Felix ?

Il penche la tête, comme pour chercher à vérifier que je reconnais ce prénom, ce qui est le cas. Je me demande comment ils peuvent se connaître tous les deux, ils semblent sortir de nulle part. Mais je n'ai pas le temps de me poser de questions, je dois trouver un moyen de m'enfuir.

Il appuie la pointe de son crochet dans mon cou, voyant que je ne réponds pas et demande :

- Tu le connais, n'est-ce pas ?

Je hoche positivement la tête, ne voulant pas que ce qui lui sert de main ne s'enfonce plus profondément dans ma gorge.

- Il n'est pas ton ami, c'est seulement le sous-fifre du diable, tu ne dois pas l'écouter. Si tu le fais, c'est tous les habitants de ce monde qui en pâtiront.

Cet homme n'est pas normal, il regarde simplement trop la télé. Le diable n'existe pas, et même si j'ai l'impression de le croiser partout où je vais, Felix est un adolescent comme un autre.

- Vous êtes complètement timbré ma parole.

Il serre la mâchoire.

- Tu ne dois pas l'écouter, ou ce monde est perdu. Souviens-toi de ça.

Il relâche la pression qu'exerçait son crochet sur ma gorge et recule dans la pénombre.

Je prends une grande inspiration et cours aussi vite que possible vers la supérette. Je sais qu'il ne me suit plus, mais j'ai tellement peur qu'il revienne que je cours comme jamais.

C'est seulement lorsque j'entre dans le magasin, la respiration courte, que j'arrive à penser correctement.

Je sors ma liste de courses de ma poche, la main tremblante. « Coca, pâtes, jambon, haricots verts en conserve... », je lis à voix basse. Je me dirige vers le rayon boisson quand une main se pose sur mon épaule, m'arrachant un léger cri de surprise. Je me retourne vivement, la main sur le cœur par réflexe. C'est un torse que mes yeux rencontrent premièrement, et je n'ai pas besoin de les lever plus haut car je sais que c'est une tête blonde que je vais trouver. Je souffle.

- Felix.

Je lève la tête et le vois sourire en coin. Sourire qui disparaît rapidement.

- Tu es blanche. Ca va ?

Je me retourne pour saisir une bouteille de Coca Cola light.

- Ca ne te regarde pas.

Il soupire et me suit lorsque je me dirige vers un autre rayon. Je me met sur la pointe des pieds pour attraper une boîte de conserve puis monte sur la barre pour gagner quelques centimètres, mais c'est trop haut pour moi. Felix, qui était resté derrière moi sans rien dire, s'approche et étant bien plus grand que moi, s'en empare sans problème. Il me la tend avec un sourire amusé et je la prends sans le remercier. Il roule des yeux face à ma mauvaise foi et je continue de arpenter les rayons, ma liste en main et Felix sur les talons. C'est les bras trop chargés que je me dirige vers la caisse, manquant plusieurs fois de faire tombé un article. Je pousse un soupire de soulagement lorsque je pose tout sur le tapis et que la caissière bip chaque article.

Après avoir payé, je peine à tout prendre dans mes mains, n'ayant pas pris de sac. Je peste lorsqu'un paquet de jambon m'échappe des mains, arrachant un petit rire à Felix. Je lui lance un regard noir, mais il le ramasse avec un sourire.

- Tu veux que je t'aide ?

Je lui fais non de la tête et tente de reprendre le paquet qu'il me tend, mais un autre article tombe, bientôt suivit par tout le reste, sauf la boîte de conserve que j'ai réussit à sauver.

- Putain.

Je me baisse pour tout ramasser et Felix fait de même, tandis que la caissière nous observe avec un sourire amusé, se retenant certainement de rire. Idiote.

C'est ainsi que Felix finit par me suivre jusqu'à chez moi, une partie de mes achats dans les bras. J'avais été obligée d'accepter après avoir tout fait tomber, je n'y serais pas arrivée seule, de toute manière.

Aucun de nous deux n'a décroché un mot durant le trajet, et c'est lorsque je glisse la clef dans la serrure de ma porte d'entrée qu'il demande :

- C'est ici que tu habites ?

- Oui.

J'abaisse la poignée grâce à mon coude et ouvre la porte à l'aide de mon épaule, étant trop chargée pour le faire avec l'une de mes mains. Il me suit à l'intérieur et je dépose mes courses sur la table. Felix fait de même, pendant que je commence déjà à ranger les paquets dans les différents placards et dans le frigo. Je jette un coup d'œil vers Felix et le voit observer la pièce avec intérêt. J'ai presque finit de tout ranger lorsqu'il s'approche de moi, passant sa main dans ses cheveux.

- Je vais y aller. A bientôt.

Je ne réponds rien et continue à fourrer mes achats dans mon frigo. Il se dirige vers la porte d'une démarche légère et la claque après être sortis.

« Il est entré. » - Samantha.

(*) Aux Etats-Unis, une partie des magasins restent ouverts jusque 22 ou 23h, ce qui explique qu'il soit aussi tard quand Sam part faire les magasins.



♦    ♦    ♦    ♦    ♦    ♦    ♦    ♦

Chose promise, chose due! Désolée sur les fautes qui se sont très certainement installées dans ce chapitre mais je n'ai pas pris le temps de me relire, et pour cause j'ai une sorte de bac blanc spécial seconde lundi et mardi. J'espère que le chapitre vous a plu, et sur ce, je retourne me plonger dans mes révisions grr



Welcome to Neverland.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant