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Deux mois qu'elle est partie et tout ce qu'il me reste d'elle, ce sont ces quelques lettres échangées.
On lui avait dit pourtant. On lui avait dit qu'il ne faut pas jouer avec l'amour. Mais elle était tellement têtue. Tellement têtue mais tellement belle.
À chaque fois qu'on lui disait de faire attention, elle nous répondait : «Toute ma vie, j'ai été plongée dans la peine, laissez-le m'apprendre à nager dans l'amour

Les gens en riaient et ils ne s'en cachaient pas. Elle les regardait rire, un sourire aux lèvres. "Alors voilà la vraie peine : soutenir qu'on est heureux alors que tout va mal.", pensait-elle sûrement.

Je l'aimais d'un amour sans faille.

Enfin, c'est ce que j'avais espéré. La faille, c'était elle. Elle demandait tellement à apprendre qu'elle oubliait que je n'avais pas autant à lui offrir. J'aurais aimé lui dire qu'elle n'avait rien à craindre, qu'elle pouvait me faire confiance, que je serai un bon professeur, cependant ce n'était pas assez. Elle en demandait beaucoup alors que j'avais tout juste et ça me tuait.

Elle était partie, laissant derrière des parents ne comprenant pas la perte de leur petite fille, et des centaines de cœurs brisés. Parce que c'était ce que nous étions tous après son départ, des cœurs brisés. Et on peut avoir la rage de prétendre que tout va bien, la dure réalité ravage tout, comme toujours.
Ce jour-là, la dure vérité fut son départ. Elle n'était pas morte, je le savais, je le sentais, elle s'était simplement évaporée.

Après quelques temps qui me parurent interminables, je reçu une lettre d'elle. Ma petite Émilie. Ce n'était qu'une phrase et encore aujourd'hui, je n'en comprend pas totalement le sens.
Après nos échanges épistolaires, j'avais fait tellement de choses horribles et, le plus souvent, injustifiées. J'aimerais dire que je ne regrette rien mais je ne suis pas ce genre de personne. Elle, oui.

Un sourire s'installe sur mes lèvres tandis que j'ouvre la lettre que je lui avais envoyé après quelques mois de silence.

À sa mort, j'ai tout récupéré. Même après tout ce que j'ai fait, j'ai tout hérité, avec Lucie, sa sœur et personne qui m'a le plus soutenu après ses deux départs.
La culpabilité me ronge très certainement mais le sentiment de vide prend le dessus en moi.
Deux foutus départs. Suis-je donc incapable de garder quelqu'un auprès de moi ?

Il doit être minuit mais mon esprit s'est résigné à ne pas dormir cette nuit encore.

Nos Lettres [Terminée] H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant