#Nightfall ( en pause)

CHAPITRE 1~Fact or fiction?

« Je me dirigeais vers la forêt. Je marchais. Non, en fait, je courais. Je ne savais ni où j'allais, ni ce que j'espérais découvrir en y allant. Était-ce ma trop grande curiosité qui me guidait? Ou s'agissait-il simplement de mon inétanchable soif de vérité? Peu importe. Je devais y aller.

Je manquai de tomber plusieurs fois à cause de trous ou de racines d'arbres, mais je continuai sans me retourner. Depuis combien de temps courais-je?

Je m'arrêtai subitement, manquant sérieusement de glisser cette fois-ci. Un petit ruisseau et les restes d'un minuscule pont en bois cassé se présentaient à moi. En face, il y avait encore des arbres. J'avançai. Sans vraiment savoir pourquoi, j'avais l'intuition que quelque chose clochait. Il fallait que j'en aie le coeur net. Je m'approchai lentement en m'appuyant sur le sol pour ne pas glisser et me fracasser la tête sur un des nombreux rochers situés sur le bord du cours d'eau.

"Kriss!"

Quelqu'un m'appelait. Je ne me retournai pas. J'avançai progressivement, et me stabilisai sur un des rochers plats. J'y étais presque. J'étais à deux doigts de...»

- KRISS ! DEBOUT!

Je me réveillai en sursaut. Il me fallut quelques secondes pour comprendre que je n'étais plus dans mon rêve. Encore le même rêve. Lorsque j'arrivai à ouvrir totalement les yeux, je fus accueillie dans le monde réel par une petite fille au teint pâle dont le visage était encadré par de longs cheveux bruns et ondulés, qui accentuaient la magnificence de ses grands yeux verts. Cette petite fille, ce n'était autre que ma petite sœur, Alison.

- Tu es en retard , m'annonça-t-elle avec un grand sourire sadique, avant de sortir de ma chambre en ricanant.

Je jetai un coup d'œil à mon téléphone. 8 h 02. Effectivement, j'étais sacrément en retard, puisque que dans un peu moins de quinze minute je devais être en cours.

Je bondis du lit, et me dirigeai tant bien que mal vers la salle de bain. Depuis que j'étais devenue experte en réveil tardif, j'avais développé une capacité presque surnaturelle à me préparer en moins de dix minutes. Prendre une douche, s'habiller, se brosser les dents, se coiffer et se maquiller en si peu de temps : seules les filles pouvaient comprendre quel exploit c'était.

Une fois en bas , je fus heureuse de constater que ma mère avait préparé des cupcakes. Les meilleurs du monde, j'en aurais mis ma main à couper.

- Merci de m'avoir réveillé, lui fis-je remarquer, en m'emparant d'un de ces petits gâteaux ornés de nappage chocolaté et de petits morceaux de sucre en forme de cœurs roses.

- Bonjour Kriss, répondit-elle simplement.

Je lui adressai un sourire sardonique, puis me servis un bon verre de jus de fruit frais.

- Bonjour les enfants, bonjour chérie, nous salua mon père, qui sortait de nulle-part.

- Salut papa, nous fîmes Ali et moi, en chœur.

- Bonjour chéri, dit ma mère en lui souriant.

- Et m...ince , plus que cinq minutes! m'exclamai-je en regardant mon téléphone. Bon, je file.

- À toute, Kriss, lança Ali tandis que je refermai la porte.

Je m'installai dans ma voiture et démarrai presque aussitôt. Intérieurement, je remerciai mes parents de m'en avoir fait cadeau deux mois plus tôt, c'est à dire en septembre. Quel beau cadeau pour un seizième anniversaire. Cela faisait donc déjà un peu plus de deux mois qu'une nouvelle année scolaire avait débutée au lycée de Grandfalls. On ne sentait vraiment pas le temps passer. Pourtant depuis ma plus tendre enfance, j'avais vécu dans cette ville. J'avais vu mes amis grandir avec moi. Cette petite ville située dans le Colorado, qui n'apparaissait même pas sur certaines cartes. Cette même ville qui avait une histoire bien plus sombre et intéressante que les habitants eux-mêmes ne voulaient croire. Du moins, c'était ce que je pensais.

Quel habitant de la ville ne connaissait pas l'histoire ou plutôt le conte, comme ils aiment l'appeler, de Grandfalls?

Si on en croyait ce qu'il racontait, les vampires et les sorcières existaient. Mais suite à la découverte de l'existence de ces derniers par les humains, les choses auraient pris une tournure catastrophique, et les vampires de Grandfalls n'eurent d'autres choix que de se réfugier dans la ville d'Old Town, qui se trouverait toujours de l'autre côté de la forêt qui entourait ma ville natale. Old Town ne serait cependant plus visible aux yeux des humains, grâce à un sort lancé par une puissante sorcière. Et les vampires, eux, ne pourraient pas en sortir afin d'éviter que l'histoire ne se répète. Evidemment, qui croirait à un conte pareil?

Et bien moi, Kriss Redfield.

Je ne croyais pas aux coïncidences. Je ne croyais pas qu'une histoire pareille n'était que la simple invention d'une vieille femme totalement barge qui fumait la moquette. Non. J'étais persuadée que tout était réel. Cependant jamais je n'avais fait part de mon opinion sur cette histoire à qui que ce soit. Pas même à Jenny, ma...meilleure amie. On me prendrait pour une barge. On me placerait dans la même catégorie que la vielle dame aux chats qui vivait à l'entrée de la ville. Elle croyait dur comme fer à cette histoire, mais disons qu'elle avait une drôle de façon de faire passer le message. En bref, sur ce coup, le silence valait mieux que mille paroles.

Je garai ma petite voiture grise sur le parking du lycée. Je regrettai déjà de l'avoir garé là, car elle faisait tache comparée à la voiture de droite, qui devait coûter la peau des fesses. Sûrement celle d'une des cheerleaders du lycée. Malheureusement, le genre de fille qui aimait les paillettes, les froufrous, et pratiquement tout ce qui était suivi des mots "de luxe". Moi, j'étais une fille très simple. Une fille banale, dans une ville banale, avec une vie banale. C'était certainement la raison pour laquelle je croyais au conte, au mythe, à la légende ou peu importe comment on pouvait le qualifier, de Grandfalls. Tout ce que je désirais le plus au monde, après manger sans prendre un seul gramme, c'était quelque chose qui puisse me sortir de mon interminable routine. Néanmoins, ce n'était visiblement pas aujourd'hui que j'obtiendrais ce que je convoitais. Comme les autres jours, j'avais relevé mes cheveux blonds parfaitement lisses en queue de cheval. Enfin, hier, j'avais un chignon, grosse différence. Comme les autres jours, j'avais juste une touche de mascara et de crayon pour mettre en valeur mes yeux bleus. Comme les autres jours, je me dirigeais vers mon casier, le plus rapidement possible afin de ne pas être en retard. Et pire, comme les autres jours, quand je refermai mon casier, j'avais la malchance de tomber sur mon ex.

- Salut beauté.