17.

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Média : Ben Cocks - So cold

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Notre discussion me perturbe. Et surtout, cette vérité qui m'a éclatée en pleine figure me torture en me faisant culpabiliser comme jamais. Nous n'avons échangé aucun mot depuis de nombreuses minutes. Il a l'air complètement perdu dans ses pensées et j'ai peur de le déranger. Étrange comme idée : avoir peur de déranger quelqu'un en plein conflit avec son esprit.

Alors, à défaut d'utiliser des mots, j'utilise des gestes. Je pose ma tête sur son épaule, ne sachant pas à quoi m'attendre comme réaction. Je sens son corps se tendre mais, rapidement, il enroule son bras autour de mes épaules, sans un mot. Si nous devons mourir aujourd'hui, je ne veux pas qu'il le fasse dans l'état d'esprit dans lequel il est maintenant.

- Dis, tu ne fais pas ça seulement à cause de notre mort très probable? me demande-t-il.

- Non.

Et c'est vrai. Je le fais également parce que j'en ai envie.

- D'accord.

C'est tout ce qui me répond. Il me serre un peu plus contre lui, sans un mot de plus. Il ne tente rien d'autre et tant mieux. Parce que, bien que je ne ressente plus d'haine contre lui, cela ne signifie pas pour autant que nous pouvons reprendre où nous étions. De toute manière, au vu des agissements de Stephen, cela m'étonnerait que nous sortions d'ici.

- J'ai mal aux jambes, me murmure Bastian en se tortillant par terre.

Il faut dire qu'il est plutôt grand. Je ne suis pas petite mais lui est bien plus grand que moi. Il étire ses jambes et lâche un soupir.

- Combien de temps?

- Quoi?

- Cela fait combien de temps que nous sommes ici? précise-t-il.

- Au vu de ma montre, nous dépassons les six heures.

En effet, lorsque je suis entrée ici, il devait être aux alentours de 11h30. Maintenant, il est 18 heures. Et, je comprends tout à fait qu'il n'en puisse plus. Moi même je ressens un certain engourdissement depuis un bon moment.

Stephen fait les cent pas depuis un bon quart.

- Penses-tu vraiment qu'ils vont le faire? demande-t-il à Cédric. 

- Ecoute, ils ont ton nom. Et le mien. Ils ont fait des recherches sur nos vies et ils ont fini par obtenir un moyen de pression, c'est tout.

- C'est tout? Il me menace de m'envoyer en prison. Je ne pourrais plus subvenir aux besoins de mes parents. Pourquoi crois-tu que je suis ici?

- Si tu t'énerves, la situation ne pourra que s'empirer, tente-t-il de le calmer.

- Nous sommes coincés ici depuis de nombreuses heures. Je n'en peux plus, tu peux comprendre ça? A quelques secondes près, nous serions déjà chez nous depuis longtemps. Et puis Dan dans l'histoire? s'exclame-t-il.

Cédric reste silencieux. Un long moment. Mais Stephen n'a pas tort. Pourquoi est-il sorti pour ne rien faire qui puisse les aider au final?

- Sais-tu quelque chose?

- Non, je ne sais rien. Je devine simplement, répond calmement Cédric.

- Mais que devines-tu à la fin? Ce n'est vraiment pas le moment de jouer aux devinettes avec moi!

- Je ne joue pas. C'est lui qui l'a fait avec nous. Il devait sortir. Tu devais simplement toucher quelqu'un. Tu aurais dû jouer la personne affolée, ne se rendant pas compte de ce qu'il venait de faire.  Il aurait dû négocier pour entrer en même temps que le médecin pour nous convaincre de nous rendre. Ce que nous aurions dû accepter. Tout cela pour alléger notre peine. J'ai toujours trouvé ce plan très tordu mais, vu où nous en étions... Stephen, tu ne vois toujours pas? Il s'est donné le beau rôle. Il n'a jamais voulu nous aider à sortir d'ici. Il est sorti pour alléger sa peine. C'est tout.

Retrouvailles impromptuesWhere stories live. Discover now