Cours et ne t'arrête pas [HISTOIRE ABANDONNÉE]

♦ Chapitre vingt-trois ♦

― Il était entre le vert et le rouge, votre gâteau ? Demande un jeune homme à ma droite.

     Maryann me fixe un trentième de seconde puis s'entreprend de répondre :

― Oui ! Comment sais-tu cela ?

― J'ai dû confondre les deux gâteaux ; rien de grave. Je suis sûr que Teera sera ravi de recevoir votre gâteau pour son goûter, annonce le Cuisinier avec ce maudit sourire qui est à l'origine de tout.

― Mesdemoiselles Maryann et Irys, veuillez me suivre, ordonne un Agent flanqué d'une Surveillante à l'ai sévère.

    Je lance un regard angoissé à Maryann qui elle fronce les sourcils et fixe le sol. Elle ose quand même se renseigner :

― Où ça ? Où est-ce qu'on doit vous suivre ?

    L'Agent ouvre la bouche mais la Surveillante le devance.

― Il semblerait que vous auriez quelques petites choses à régler avec Teera.

    J'avale ma salive de travers sous l'effet du stress et de la peur, puis tousse jusqu'à n'en plus pouvoir. Une fois que ma toux est passée, l'Agent fait signe de le suivre. Je frissonne et transpire énormément en même temps, cela me procure une sensation très déplaisante. J'ai la bouche sèche, j'entends battre mon cœur à une allure impressionnante, j'ai les mains moites, les jambes en coton, et pourtant, je finis par parvenir sans trop savoir comment devant une porte où est inscrit "bureau du directeur". J'ai peur, j'ai tellement peur de retourner dans ces cellules minuscules, de perdre ma semi-liberté que j'avais acquise quelques jours plus tôt.

    D'ailleurs, peut-être que je suis vraiment dangereuse : partout où je me trouve, que ce soit à la Base où à OAPI, on m'enferme. M'emprisonne. Me supprime tout contact avec l'extérieur. Où que je sois, on me prive de liberté. On me prive de la vraie liberté, celle avec qui on a l'impression de voler, celle avec qui on peut franchir n'importe quel obstacle.

    Celle que je vais devoir défendre à tout prix dans quelques minutes.

    Je pousse une grande inspiration, regarde les yeux déterminés de Maryann, puis, d'une main, ouvre la porte.