The First Meeting

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                  Le bruit de mes talons résonna dans le couloir que je croyais vide. Il était une heure du matin, ou plus, je n'en savais rien étant donné que mon portable m'avait lâchée au cours de la soirée. J'étais complètement épuisée, cette journée m'avait littéralement vidée de toute mon énergie et j'avais besoin d'une bonne nuit de sommeil. Je fouillais alors dans mon sac, la clé de ma chambre d'hôtel. De retour d'Italie, là où ma sœur avait préféré fuir pour ne pas épouser un homme -qui n'avait pas l'air de comprendre le sens du mot « détester »-, car c'était ce que ma sœur avait pour lui, de la haine après ce qu'il lui avait fait subir. Je n'avais pas voulu savoir toute son histoire, surtout si elle demeurait, pour Grace, dans le passé. J'avais pris une chambre à l'hôtel, certaine que mon père m'aurait demandée des explications sur le comportement de sa fille cadette qui n'avait pas l'air de porter dans son cœur le gendre qu'il lui avait choisi. Étant donné que j'avais quitté la demeure familiale après son remariage, il ne m'avait plus considérée comme une monnaie d'échange avec ces partenaires d'affaires et puis il savait que je n'avais jamais été intéressée par tout ce qui concernait les affaires. Même Désirée, la dernière et pourtant la plus fiable à reprendre l'entreprise familiale, était hors course. Peut-être parce que son caractère ne conviendrait pas à ce qu'il attendait de son futur dirigeant, comme moi. Je ne suis pas en froid avec mon père, loin de là, je l'aime comme il est, cependant notre relation reste ambigüe depuis que notre belle-mère a pris une place plus importante que ces trois filles, dans son coeur.

      Passant les portes de l'ascenseur qui venait de s'ouvrir à l'étage où ma chambre était, je ne quittais pas des yeux mon sac, je devinais que ma clé devait se trouver au fond de celui-ci. Mes lunettes de soleil descendirent avec lenteur de mes tempes pour venir se plaquer devant mes yeux. Au moment où je retirais la clé de mon sac, je sentis la présence d'une personne. Elle me frôla au même moment, peut-être parce que je ne m'étais pas décalée pour le laisser passer alors que le couloir ne pouvait supporter plus de quatre personnes, c'était quand même assez large pour deux. Ce délicieux parfum me figea sur place, je n'osais plus faire un pas. Sensuelle, fort et...et...il y avait là une virilité qui ressortait. Mon cœur manqua un bond alors que mes narines s'emplissaient de ce parfum. Fermant mes yeux petits à petits, je me remémorais le moment où ce parfum était devenu intense. Lorsqu'il m'avait frôlé.

      Tournant ma tête, je regardais les portes se refermer sur l'individu dont je ne pus voir que des souliers noirs. Mon analyse personnelle commençait par regarder de bas en haut une personne, j'avais tendance à me dire que le vêtement me définirait non seulement son style vestimentaire, qui, cela va de soi, mais aussi le caractère qui ressortait le plus chez elle. Je ne sentis que bien après, une légère douleur dans ma main. Peut-être parce que j'avais beaucoup trop serré cette clé. Ma main se relâcha doucement tandis que je me remettais en marche, après seulement quelques pas, je tournais la clé dans la serrure afin d'ouvrir ma porte. Un dernier regard vers l'ascenseur, finissant par rentrer, cet instant qui fit chavirer mon cœur prenant quelques secondes ne fut qu'un souvenir dont je n'aurais pas l'occasion d'en profiter. Ma vie professionnelle avait toujours passé avant ma vie amoureuse, peut-être parce que, depuis que j'avais surpris mon fiancé avec « elle », j'avais mis un terme à ces sentiments qui pouvaient rendre une femme au plus bas de sa forme. J'avais toujours détesté pleurer et la dernière fois avait été à ce moment-là. Contrairement à Désirée, elle me l'avait toujours dit, sachant qu'elle est encore jeune, ma sœur profite de sa jeunesse autant qu'elle le peut. Malgré son cœur sensible, elle joue souvent avec les hommes, peut-être parce qu'elle cherche le grand amour, les faisant tomber avant de se bruler les ailes et de les accompagner dans leurs chutes. Sauf qu'apparemment les filles de la famille Black n'ont jamais de chance en amour, quand ma vie fut chamboulée à ce moment-là, celle de Désirée le fut encore plus. La mort de l'être qu'elle aimait avait rendu sa vie plus dure qu'elle ne l'avait cru. Cameron Johns, chanteur canadien, avait péri dans un accident de voiture sur la 95 en direction de Californie pour la rejoindre afin de fêter son anniversaire avec elle. Ces fans avaient été chamboulés par sa mort et la seule chose pour que leur tristesse évacue au plus vite fut d'annoncer un coupable au monde entier et de le faire souffrir. Cette souffrance émotionnelle l'avait rendu plus forte mais elle devint détestable par la suite. Désormais, elle collectionne le cœur des hommes mais ne s'autorise plus à l'amour.

Ruby Black - [Français]Where stories live. Discover now