Ruby Black - [Français]

Liar

« Elle n'en saura rien... »

J'avais un de ces maux de crâne, c'était insupportable. Les draps se collaient à ma peau, à cause de cette sueur qui était apparu depuis que mes pensées étaient tournées, il y a de cela, un an en arrière.

« Fais-moi l'amour comme si c'était la dernière fois... »

Vous savez ce que ça fait de se sentir prisonnière d'un moment et que vous ne pouvez en sortir ? Que votre vie semble voler en éclat à cause de cela, que vous n'arrivez plus à trouver un chemin sans qu'un obstacle vous bloque...Et que vous repartez alors, les poings serrés, reprendre le chemin inverse car vous vous dégonflez ? C'est ce qu'il se passait dans ma vie.

En fronçant des sourcils, je m'entourai du drap en espérant trouver le réconfort dont j'avais besoin, je ne savais pas si j'étais toujours dans mon sommeil. Tout ce que je savais c'était que je me retrouvais dans cette robe rouge, derrière une porte entrouverte, en train d'observer une chose que je n'aurais jamais voulu voir. Peut-être que je n'aurais jamais été ainsi, peut-être que je serais alors mariée avec lui. Peut-être que je ne lui avais pas laissé une chance de s'expliquer. J'avais été trop dévastée.

        La pluie déferlait sur le pare-brise. Il faisait froid. Chaque souffle rejetait la chaleur de son corps tandis qu'elle en réclamait en essayant d'ouvrir de ces mains tremblantes le chauffage, dans la voiture. Elle ne savait pas à combien elle conduisait et ça lui était, vraisemblablement, égale. Ses larmes déferlaient le long de ses joues qu'elle tentait d'essuyer avec la même main tremblante tandis que l'autre tenait le volant. Les rues étaient désertes, les lumières n'éclairaient pas assez les routes sur lesquels elle s'aventurait. La sonnerie de son téléphone retentit soudainement. Mais il n'y eut pas de réactions. Ces yeux s'embuaient de larmes à lui en perdre la vision. Elle entendait le son de chaque goutte de pluie sur ses vitres, un bruit qui l'assourdissait mélangé à ces sanglots plaintifs qu'elle essayait de retenir au fond de sa gorge. Son pied s'appuya contre l'une des pédales, la vitesse augmenta soudainement sans qu'elle ne s'en aperçoive, en appuyant sur l'un des boutons afin que les essuies glaces puissent lui exposer le chemin qu'elle prenait. En relevant son regard, elle écarquilla petit à petit les yeux en retenant son souffle, par reflexe, elle freina. Tout se passa si vite, sa vision se troubla, le choc fut brutal. Elle entendait le crissement des pneus. Il y avait ce long dérapage qui malmenait son corps d'innombrables douleurs.

Puis ce fut le trou noir.

Mes yeux s'ouvrirent brusquement. Mon souffle était rapide et court à la fois. J'étais en sueur, je sentais des gouttes descendre le long de mes tempes. En me redressant avec difficulté, j'essayais de rester calme mais mes membres ne cessaient de trembler. Lorsque je voulus me déplacer, je me sentais vidé. Je n'avais pas assez d'énergie. En attendant quelques minutes, je me laissais glisser vers le bord du lit. M'y relevant, je m'aventurais dans la salle de bain afin de me laver. M'éclairant en allumant la lumière, j'ouvris le robinet. Le jet s'abattit dans la baignoire, pendant ce temps-là, je me dévêtis avec une infinie lenteur. Je repensais à cet accident. En une seule soirée, j'avais subis beaucoup de chocs. Tant émotionnels que physiques. Mon regard se porta sur le miroir qui était embué. Me dirigeant dans la baignoire, je détachai mes cheveux que j'avais attachés en une queue de cheval basse. Ce que je faisais tous les soirs, suivant les conseils des coiffeuses afin que mes cheveux ne se frottent pas entre eux et ne s'abiment pas par la suite. Passant mes mains sur mes cheveux mouillés, je les mis en arrière de mon crâne, faisant glisser le bout de mes doigts à un endroit, le long de ma tempe. C'était la marque de mon accident. Une chose que personne ne remarquait spécialement car je le cachais souvent avec une mèche de mes cheveux. Je ne voulais pas attirer leur curiosité, et surtout, ne voulais pas ressasser le passé. Une cicatrice qui m'avait marqué.