Cap ou pas Cap? - Chapitre 19

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CHAPITRE 19

Il me regardait comme s'il savait pertinemment qu'il avait gagné. Et c'était vrai. Dans tous les cas, j'étais perdante car l'information qu'il allait peut-être me donner ne me suffirait pas et que ensuite j'aurais à faire quelque chose de bien plus contraignant.

- Tu es bête Aby'...

- Maintenant, à toi, Le coupais-je pour que les choses aillent plus vite.

Il soupira comme quelqu'un qui se résigne à passer à autre chose alors que l'on ne l'écoute pas. Je ne voulais pas l'entendre me rabâcher que j'avais mal choisis mon gage. Je le savais !

- Ok... Après que tu sois sorti du bureau où tu l'as capté avec le patron, elle m'a raconté avoir envoyé un mail à Bastian. Quoi ? Ne me regarde pas comme ça... Elle m'a dit aussi que maintenant que nous nous faisions la gueule, on pouvait en parler tous les deux, elle et moi quoi... Donc elle lui a envoyé un mail où elle lui expliquait que tu avais découvert sa liaison et que tu voulais te venger. Elle l'invitait à se venger aussi pour te faire du mal. Tu y crois ça ? Au final, elle m'a dit qu'il ne lui avait pas répondu, mais c'est quand même étrange. Avoue... Il te tourne encore plus autours depuis que tu as été dans ce bureau ce jour-là... Aby'... sérieux.

J'en restais sans voix. Comment une telle machination pouvait-elle être vraie. Mais qui devais-je croire ?

- Nous sommes ennemis, toi et moi ? Lui demandais-je les yeux dans le vide, septique.

- Je ne sais pas...

- Moi non plus. Tu as été... mauvais, je ne te reconnais plus ces temps-ci...

Je secouais la tête, vraiment perdue.

- Je sais. Mais te voir tomber là-dedans me rend dingue. Je n'ai pas compris pourquoi tu sortais avec lui. Pourquoi tu l'embrassais ? Pourquoi tu lui accordais de l'importance...

- Nous ne sommes pas en couple Pharell, toi et moi, ce n'est que tu jeu, qu'un gage... et je t'avais dit que c'était malsain, mauvais, impossible pour nous de pousser le jeu jusque-là...

- Tu as raison, mais il fallait que je tente... Soupira-t-il.

- Tu insinues quoi là ?

- Tu ne vois vraiment rien ?

Bien évidemment que si, à présent je voyais...

- Si, je vois, enfin... je pense voir, mais sans rien de plus explicite, je ne ferais rien de plus pour comprendre. Tu le sais, il me faut un peu plus que des suppositions dans ce domaine. Et tu ne me donnes pas assez d'indication...

Il hocha la tête, semblant réfléchir et accepter les faits.

- Je vais redemander à Bastian. Il m'a dit ne rien à voir là-dedans...

- Donc il sait quelque chose...

Sur ce point, il marquait un point. Se pouvait-il que Bastian soit au courant pour ce mail et cette requête ? Et surtout qu'il marche avec elle dans son plan ? Il me voulait aussi du mal alors ? J'avais mon regard fixé sur Pharell, si nous n'étions pas en froid, je filerais me fourrer dans ces bras et il m'y accepterait sans un mot. Comme au bon vieux temps...

Alors voilà où nous en étions arrivés ? Au bon vieux temps ? Comme si nous ne pouvions revenir en arrière. Cela me tira un frisson qui remonta tout le long de mon échine. Une sorte d'électrochoc amer qui me ramenait à la réalité.

- Franchement, je ne le sens pas ce mec. Dit-il pour conclure. A mon tour.

Que Pharell n'aime pas Bastian ne m'étonnait pas. C'était ainsi depuis que nous étions dans cette entreprise. Bastian ne semblait pas éprouver la même rancœur envers Pharell mais on voyait bien qu'ils ne s'entendaient pas. Pharell voulait passer à autre chose, pour lui il avait rempli son contrat. Il n'avait pas tort, mais s'il ne savait rien d'autre à ce sujet... Valider sonnerait un glas irréparable. J'étais sûre que la suite allait me faire regretter mes choix.

- Je peux te poser une autre question, sans rapport avec la proposition ?

Il haussa les épaules, ce qui voulait dire « oui ».

- Tu comptes faire jouer Alix avec nous ou juste avec toi ?

- Alix est au courant, Dit-il d'un ton beaucoup plus doux. Et elle veut jouer pour te faire du mal. Mais les gages que je lui donne n'ont pas la même envergure que la nôtre. Je ne pourrais pas lui donner n'importe quoi à faire pour le moment. Mais oui, je compte la faire jouer avec nous.

Comment dire ? J'étais contre, tout simplement.

- Et l'article 3.2 ? Demandais-je avec une pointe de malice en pensant y réchapper ainsi.

- Par pitié Abygaël, tu as appris tous les articles ou quoi ?!

- Abuses pas ! Il n'y en a qu'une petite dizaine, et celui-là stipule que l'on ne doit pas parler du jeu au boulot.

- Nous n'en avons pas parlés au boulot, Contra-t-il en voyant très bien où je voulais en venir. Et Je ne lui fait rien faire au boulot. Par contre, il faut que je la mette au point au sujet des règles... je sais qu'elle ne se retiendra pas.

Il parlait comme s'il estimait beaucoup cette rousse que je ne pouvais supporter. Il parlait aussi comme si nous étions à nouveau très amis. Mais non. J'étais toujours blessée et en colère contre lui, sinon plus...

- Fais-le. Lui ordonnais-je en le dardant du regard pour le réprimander.

- Je le ferais. Mais passons plutôt à mon gage... Aby', cap ou pas cap ?

Commencer sa phrase par seulement « cap ou pas cap » induisait une réponse immédiate et peu importe le gage ensuite énoncé, il devait être fait. Je ne voulais pas le faire gagner. Jamais je ne capitulerais.

- Cap...

Il sourit très largement.

- Pour le jeu, dis-le à Bastian. Tu n'as plus le choix. Sinon, je pense que c'est elle qui le fera.

Et voilà. Je m'en doutais, je le savais... mais dans cette démarche, je sentais quelque chose de pacifique. Comme s'il me conseillait plutôt que de me punir, de me piéger. De toute façon, Bastian devait être au courant. Je ne pouvais pas lui mentir. D'autre autre façon, s'il l'apprenait par quelqu'un d'autre, ce serait mauvais.

- Je lui dirais... Nous devons sortir ce soir.

Son expression s'assombrit et il repartit dans sa mauvaise humeur. Il était jaloux ? Pharell parut lire dans mes pensées. Il répliqua :

- Je ne veux pas entendre de commentaire... je m'en vais.

Je hochais la tête avec un grand sourire. Un fragment de mon ami s'était laissé apercevoir. Il fit alors demi-tour et ouvrit la porte. Je le regardais, mitigée. Il m'avait fait sourire franchement mais objectivement, il m'énervait. Peut-être que je ne pouvais pas m'empêcher de l'apprécier. Il m'accorda un dernier regard avant de quitter la pièce et de refermer la porte...

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Cap Ou Pas Cap?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant