La Cartographe

xx Retour au Village xx

Nous étions de retour au village. Avant de reprendre la mer nous devions apporter au Miroir les quelques modifications demandées par Jufy et Qim. Rien de bien méchant mais les travaux dureraient deux bonne petites semaines. Chacun de nous allait pouvoir passer un peu de temps dans son foyer. J'étais partagé, le pont du Miroir, la mer et ma pirogue allaient me manquer.

Je passai la journée à bord à aider aux préparatifs en vue des travaux. Le Miroir aurait bientôt un tout nouvel accastillage, un nouveau gouvernail ainsi qu'un nouvel aménagement de sa calle. Le soir arriva. Chacun quitta le navire et prit le chemin de sa maison. Je tournai encore un peu sur le pont du Miroir, cherchant quelque chose à y faire, avant de me résigner à l'idée qu'il fallait rentrer. J'arrivai chez moi après avoir traîné les pieds.

Je vivais sur une des hauteurs, en bordure de notre village. Ma maison était agréable. Elle avait aussi l'avantage de nous appartenir, à Ainara et à moi (surtout à Ainara en fait). Hasard ou choix inconscient, l'avant était orienté en direction du port et je pouvais voir de ma fenêtre, au loin, les mats des navires.

- Papa !...

Bruit de petits pas qui courent sur le sol. Je me baissai et encaissai la charge légère. Deux petits bras s'accrochèrent autour de mon cou.

- Bonjour Olaria, comment va ma grande fille aujourd'hui ?

Je me relevai en la serrant dans mes bras.

- Bien papa... tourne... plus vite papa...

Elle lâcha les bras. Jambes enroulées autour de moi, comme un chat accroché à son arbre, elle se laissait pencher en arrière. Je la retins et commençai à tourner sur moi-même. Une fois, deux fois, trois... de plus en plus vite. Je m'arrêtai et la reposai à terre. Ma main sur son épaule, je la sentais tituber comme si tout le sol bougeait sous ses pieds.

- Wooaa...ça... tourne... Dit-elle.

Je la maintins debout jusqu'à cela finisse par aller mieux, alors je la relâchai. J'allai ranger mon sac dans la chambre avant de libérer la jeune fille qui s'était occupée d'elle.

- Merci, Larrauri, c'est bon vous pouvez y aller. Je m'en charge maintenant.

- Vous êtes certain ? Je peux attendre que Madame rentre si vous préférez...

- Non non, c'est bon, vous pouvez y aller. Merci... et bonne soirée.

Nous étions alors seuls dans la maison, Olaria et moi. Je préparai notre repas pendant qu'elle était repartie jouer. Nous passâmes ensuite à table, tous les deux. Ainara rentrerait probablement après que nous ayons fini. J'en profitai pour chahuter avec Olaria, faire la bagarre et un bon concours de jurons. Assis l'un en face de l'autre, je la voyais se recroqueviller à chaque fois qu'elle en disait un, les deux poings serrés contre sa bouche. Ensuite, les yeux mi-rieurs mi-effrayés, elle éclatait d'un rire sonore qui remplissait la maison toute entière. J'apportais beaucoup d'attention à cet entraînement... Finalement je la couchai, lui chantai quelques chansons et l'embrassai.

Commença alors ma soirée.

Je tuai le temps en m'entraînant avec Ombre. Kempo m'avait indiqué quels exercices pratiquer si je souhaitais améliorer ma condition physique et mon adresse. Des lests aux poignets et au chevilles, des exercices d'assouplissement, puis répéter les mouvements jusqu'à s'en saouler. Force, vitesse, endurance, précision... Comme il disait : 'Celui qui reste en vie, c'est celui qui présente en permanence trois de ses quatre qualités, pas forcément toujours les mêmes mais JAMAIS moins de trois'.

Mon endurance s'était effectivement grandement améliorée et la première fois que je croisai mon reflet je fus surpris de voir comment mes muscles se dessinaient. Je réalisai soudain que depuis que Karia m'avait repoussé j'avais cherché l'oubli dans les efforts physiques (à moins que ce ne fût pour me punir de ne pas être à la hauteur de ses attentes). Je ne pensais pas que mes amis s'en soient rendu compte, mais je sentais que ma force était maintenant au même niveau que celle de Gurutz, peut-être même supérieure. Bah ! C'était toujours ça de pris et si cela ne servait à rien, ça ne nuisait pas non plus.