Préface - Dans ses pensées

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Était-ce à cause de l'odeur répugnante de sang séché et de remonté d'égout que je me suis éveillée ?
Peut-être. Je ne savais pas depuis quand j'étais ici ou encore comment je m'y étais rendue, je ne savais pas non plus qui j'étais quand mes paupières ce sont brusquement relevées et quand j'ai entendue comme pour la première fois, le gazouillement des oiseaux. J'étais dans une pièce carrée extrêmement étriquée et sombre, seul une minuscule meurtrière filtrait la lumière du jour et donnait sur l'extérieur. Une gamelle d'eau croupie était posée devant moi ainsi que quelques os, apparemment rognés par la pourriture.
Les murs étaient faits de pierre froide, même matière pour le sol. Je baissa la tête et vit que j'étais posée sur un grand linge blanc, brunit et salit par des traces de sang. Je retins mon souffle. Étais-je blessée ? Je m'examina donc, regardant mes mains, mes bras, soulevant un pan de mon long habit blanc et auscultant mes jambes. Ne voyant rien d'anormal je remonta alors un peu plus, contemplant mon ventre ainsi que ma poitrine et mes épaules. Rien du tout, pas même une cicatrice ou encore un bleu. Le sang venait-il de mon dos ? Je tâta donc où je pouvais mais ne senti aucunes traces de blessures ou encore aucune douleur sous le poids de mes doigts. Je soupira alors de soulagement. Peut-être que ce sang appartenait à quelqu'un d'autre ? Ou alors ce n'était pas du sang...

Après que mon doute fut dissipé, je me leva et m'avança vers la meurtrière. Je dus me hisser sur la pointe des pieds pour que mes yeux atteignent l'ouverture vers l'extérieur. Une forêt semblait s'étendre à perte de vue et une légère brise caressait les feuillages des arbres. Je mis une main dehors pour sentir l'air frais traverser mes doigts et ferma les yeux. Il fallait que je me rappelle ce que je faisais ici. Il le fallait. Je supplia ma mémoire de trouver quelque chose à propos de moi, de mon passé... Mais rien ne vint. J'ouvris alors les yeux, m'éloigna de la meurtrière et commença à marcher en rond dans la pièce. Peut-être y avait-il un objet qui pouvait me faire rappeler quelque chose, une gravure, un signe, n'importe quoi qui me rafraîchisse la mémoire. Mais rien, seulement le sol froid et hostile semblait couvrir toute la surface de l'espace. Je trouva néanmoins une immense porte de bois, vieille et gonflée par l'humidité. Je tenta de l'ouvrir mais elle était fermée à clef, je força mais rien ne s'ouvrit.

Abattue et démoralisée je me laissa glisser contre le bois glacé et ramena mes genoux contre moi tout en y enfouissant ma tête.

Qui suis-je ?

Mais pourquoi suis-je ici ?

Je m'appelle comment déjà ?

Je vais mourir seule, ici, si je reste...

Il faut que tu partes Aria.

Je releva brusquement la tête. Quelqu'un avait parlé. Peut-être pas à moi vu qu'il ou elle s'adressait à quelqu'un s'appelant Aria mais j'avais entendu une voix. Je ne rêvais pas. Quelqu'un (ou quelque chose) avait parlé ! Hésitante, mais avec un peu d'espoir je demanda à la pièce vide :

" Y'a-t-il quelqu'un ? "

Mais seul le silence répondit. J'avais bel et bien rêvé, il ne fallait pas que je me fasse d'illusions. Je remis alors lentement ma tête dans mes bras.

Il ne faut pas que tu deviennes folle...

Aria, je suis là, dans ton esprit...

Cette fois-ci je sursauta. Il y a bien quelqu'un qui parle, là, dans mon esprit. Ma respiration s'accéléra. Je mis mes mains sur le haut de mon crâne.

Qui est là ? Et pourquoi m'appelle-tu Aria ??

Je suis ton amie Aria...

POURQUOI DIABLE M'APPELLE-TU COMME CELA ? SORT DE MA TÊTE !

Évadée | black butler [ARRÊTÉ]Where stories live. Discover now