Chapitre 13

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« Je sens mon corps bouillonner et frémir. Mes sens entrent, chacun à leur tour, en ébullition. »

J'ai peur, je ne contrôle plus rien...mon corps, mon âme, mon esprit...plus rien. Aucun de mes gestes ne répond à mes attentes. Une chaleur protectrice s'empare de mon corps, me rendant aussi amorphe que déboussolée. Mon être tout entier est programmé sur pause...c'est comme si le monde autour de moi s'était éteint, figé dans le temps. Je peine à entendre le vacarme qui se produit aux alentour. Seulement de faibles murmures parviennent à mes tympans, mais je ne les comprends pas. Je reconnais la voix de Noah et plus loin, celle de Victor. Ils ont l'air inquiets. Non. Ils sont complètement épouvantés. Je veux sortir de cette torpeur dans laquelle je suis entrée, sortir de ce monde parallèle dans lequel je flotte et retourner à la réalité ! Soudain ma gorge se noue et mes poumons se serrent, désormais l'oxygène me manque et mon coeur bascule. Je me noie. Noah...Victor...Carole...aidez-moi. Personne ne m'entend. Personne ne répond à mes plaintes. Je sombre dans le vide qui m'emporte et me replonge au fin fond de ma mémoire.

Un flot d'images et de films, se déroule devant mes yeux. Je perds la raison. Devant moi, se trouve une petite fille souriante, soufflant ses bougies d'anniversaire. Elle est entourée de plusieurs personnes qui m'ont l'air familières...sur ces images...serait-ce...moi ? Oui. C'est bien moi. Je me glisse dans la peau de cette enfant. Sur l'une d'elle je nous aperçois de nouveau...avec Noah...le sourire aux lèvres, du chocolat couvre nos bouches et nos mains, nous devons avoir à peine 5 ans. Sur une autre, je suis vêtue d'une jolie robe rose, endormie dans les bras de Carole, celle-ci caresse doucement mes cheveux bruns ondulés. Il y en a des milliers d'autres, encore et encore. Elles défilent toujours plus vite, Victor me portant sur ses épaules, moi et mes parents posant devant la mer, des enfants s'amusant à la fête foraine...Ma tête tourne au rythme que mes souvenirs défilent. Elle tourne, elle tourne, elle tourne. Puis elle s'arrête. Il n'y a plus d'images, plus de films. Je suis plongée dans le noir total. Tétanisée.

/PDV NOAH/

Minuit sonne. La panique nous prend. Nos regards se tournent tous vers Zoey...elle a l'air aussi paniquée que nous. Mais avant que nous puissions tenter quoi que ce soit, elle se met à hurler. Ses yeux révulsent et son corps en transe est secoué de tremblements. Elle s'accroche au tissu et à l'accoudoir du canapé. Les lumières, la télé et tout le matériel électronique s'éteint. Je regarde par la fenêtre, les lampadaires ne sont plus éclairés eux non plus...Zoey a plongé la ville et ses habitants dans le noir complet. Malgré le frisson qui me parcours je me précipite vers elle, mais avant que je ne puisse l'atteindre, je suis frappé d'un électrochoc à la poitrine qui interrompt ma course. Je tombe lourdement sur le sol, mes jambes ayant fléchies sur le coup. Victor me tire sur le parquet et m'éloigne au plus vite de Zoey. Je porte une main à ma poitrine brûlante et douloureuse...l'électrochoc est l'œuvre de Zoey, son être tout entier est entouré d'une auréole électrique. C'est elle qui m'a frappé de plein fouet...mais je sais qu'elle n'est pas dangereuse. J'ouvre grand les yeux...ce qu'il se déroule dans cette pièce est incroyable...mais extrêmement alarmant. Et si Zoey ne survivait pas ? Je balaye tout de suite cette pensées. C'est impossible. Une aura bleutée s'empare d'elle. Au file des minutes qui s'écoulent elle change de couleur, passant par le violet, le rouge, le jaune, le vert...créant une lumière féerique autour de celle que j'aime...

Soudain Zoey s'arrête de bouger, ses paupières se calmes, plus aucune onde d'électricité ne lui tourne autour, la lumière est revenue...mais pas Zoey, elle toujours inconsciente malgré le calme planant. Je me relève du sol, gardant une main sur ma poitrine. Nous sommes secoués, par ce qu'il vient de se produire...personne n'ose reprendre la parole. Nous ne nous attendions pas à ça.

Après quelques minutes passées dans le silence, Zoey n'a toujours pas bougée d'un poile, ses yeux n'ont même pas clignés une seule fois. Je m'inquiète...mais je sais que je ne devrai pas, Zoey est forte, elle va s'en sortir, je le sais. Nous attendons encore. Chaque minute qui s'écoule est un supplice qui me transperce le coeur. Victor, qui se trouve derrière moi, s'avance doucement et pose une main désolée sur mon épaule. Je sais ce que ce geste signifie, mais je ne veux pas y croire, je refuse. Pas Zoey. Elle ne peux pas mourir...pas maintenant. Je retire fermement sa main et m'approche, à pas hésitants, du corps inerte de Zoey. Je m'assure avant, qu'elle soit totalement calmée, pour ne pas recevoir une nouvelle décharge. Je pose une main délicate sur son avant bras et me penche vers son doux visage afin de lui murmurer faiblement des mots à peine audibles :

Zo'...j'ai besoin de toi, ne me laisse pas. Reviens...s'il te plait. Ça ne peux pas se terminer comme ça. Zoey...je t'aime.

« Le début de tout »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant