Chapitre 17 ➳ Le nouveau champion

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- Que comptes-tu faire ?

Je prends un morceau de poulet et le dévore, affamée, sous le regard de Jojen. La chair tendre me procure un frisson de plaisir et ma faim semble déjà s'apaiser. Je bois un peu de vin et regarde ensuite Jojen.

- J'irai assister au duel comme je l'ai dis demain. Et si jamais ça tourne mal pour Oberyn, j'interviendrai.

- Tu n'auras pas le droit, proteste Jojen.

- Je me l'accorderai toute seule dans ce cas.

   Jojen traverse la pièce et vient poser une main ferme sur mon épaule. Je le regarde alors dans les yeux, et je peux voir sa fermeté et son autorité présentes sur son visage.

- Je refuse que tu fasses quelque chose de stupide Luna. Tu ne dois pas mettre ta vie en danger.

- Pourquoi ?

- Parce que tu es spéciale ! Tu as un don Luna, tu ne peux pas risquer d'être arrêtée ou même tuée pour Tyrion Lannister !

- Et tu t'attendais à quoi quand je t'ai dis que j'allais le sauver ? Et tu ne veux juste pas que je meurs pour... Mon don ? je m'offusque.

- Tu ne comprends pas...

Il me lâche et se retourne, me montrant son dos. Il passe une main dans ses cheveux blonds cendrés, sous mon regard attentif. Il finit par me faire face à nouveau, revenant se planter juste devant moi.

- Je tiens à toi Luna. Plus que tu ne le crois.

- Tu ne devrais pas. Ça va t'apporter plus de malheur que ce que tu crois.

Il me dévisage en silence, ne répondant rien. Je détourne le regard, mais il attrape mon menton avec ses doigts fins.

- Qu'est-ce qui va m'apporter du malheur ?

- De t'attacher à moi.

- C'est trop tard. Je me suis déjà attaché à toi.

Je plonge mon regard dans le sien, sombre.

- Alors détache-toi aussi facilement que tu t'es attaché.

Et je lui tourne le dos, m'éloignant pour aller dans la chambre que Jaime nous a accordée. Je dors dans la même chambre que Jojen, mais pas dans le même lit, rassurez-vous ! Juste avant de refermer la porte derrière moi, je peux entendre une phrase, que je n'aurais pas dû entendre, car Jojen l'a murmurée, certainement pour lui-même.

- Si seulement c'était aussi simple...

***

Je m'assois à une place, loin de la famille royale. Jojen s'assoit à côté de moi. Il ne m'a pas reparlé depuis le veille, et ça me crispe un peu. Je préfère lorsqu'il me parle... Mais je ne lance pas la conversation, par fierté. Oui je sais, je suis bête. Mais je suis comme ça malheureusement.

Je tourne la tête et vois Cersei s'installer, juste avant Jaime. Celui-ci me lance un regard mais ne s'attarde pas trop, pour ne pas éveiller les soupçons. Cersei affiche une expression neutre et je sens la colère monter en moi. Elle est prête à tuer son frère alors que ce n'est même pas lui qui a tué Joffrey ! Espèce de lâche ! Je sens soudain le regard de Jojen peser sur moi, mais je ne tourne pas la tête, me concentrant sur l'arène.

   Les gens se mettent soudain à hurler, et un homme, grand et non-souriant, s'avance dans l'arène. Je grimace en reconnaissant la Montagne. Celui-ci lève un bras pour saluer la foule, qui hurle encore plus. Je grogne.

- Bande de débiles...

   Jojen sourit à ma remarque et regarde à nouveau l'arène. Un homme se prépare, sous la tente. Il dit quelques mots à sa femme et l'embrasse, avant d'entrer à son tour dans l'arène, sous le regard brûlant de la Montagne.

   Le prince Oberyn, car c'est lui, affiche un immense sourire et salue le public, qui hurle d'enthousiasme. Le prince semble sûr de lui, trop même. Je vois Tyrion, au bord de l'arène, qui le regarde faire sans ciller, et je peux presque lire dans ses pensées : "il est trop sûr de lui". Tyrion tourne la tête et scrute le public. Lorsqu'il me voit, il sourit légèrement et me fait un petit signe de tête, que je lui rend. Je reporte ensuite mon attention sur le duel, qui commence.

   Le prince ne fait que chercher son adversaire, l'insultant, l'accusant d'avoir tué sa sœur. Les coups sont de plus en plus puissants, de plus en plus violents. La haine se fait ressentir entre les deux combattants qui s'affrontent sauvagement, sans pitié.

   Le prince, qui est sans casque, fait bientôt voler celui de la Montagne. Ensuite, le duel devient de plus en plus intéressant. Les coups pleuvent, les blessures s'enchaînent. Le public hurle. Les deux combattants fatiguent, et Oberyn continue à prononcer la même phrase : "tu l'as violée, tu l'as tuée, tu as tué ses enfants". La Montagne met toute sa rage, lâchant des cris sauvages, déferlant sa haine envers le prince, qui vole bientôt à travers l'arène. Il se relève, déterminé à venger sa sœur, et continue à prononcer la même phrase que depuis le début du duel.

   J'essuie mes mains, désormais moites, sur mon pantalon. Si Oberyn meurt, Tyrion sera exécuté sans pitié. Je sens soudain une main se poser sur la mienne et je baisse les yeux pour la voir. Je la reconnais aussitôt et je me sens brusquement apaisée, comme si j'avais enfin quelqu'un sur qui compter, qui puisse me consoler. Et c'est le cas. Je relève la tête et sourit maladroitement à Jojen, qui presse doucement ma main en me souriant. Je reporte mon attention sur le duel en entendant des cris de joie. Et je suis surprise du spectacle que je vois.

   La Montagne est allongée, face contre terre, sur le sol. Du sang s'étale autour de son corps désormais immobile, et Oberyn lui tourne autour comme un lion autour de son antilope.

- Tu l'as violée, tu l'as tuée, tu as tué ses enfants, répète-t-il. Dis son nom ! Dis-le ! Tu l'as violée, tu l'as tuée, tu as tué ses enfants. Dis-le !

   Il se tourne enfin vers le public pour lever les bras, proclamant ainsi sa victoire. Je serre les dents, ayant un mauvais pressentiment. Ne jamais tourner le dos à son ennemi. Jojen me regarde, fronçant les sourcils.

   Et soudain, alors que Tyrion aurait pu être sauvé par son champion, vainqueur, une épée vient se planter dans le dos d'Oberyn, lui transperçant le cœur, faisant gicler le sang. Il écarquille les yeux d'effroi et tombe brusquement, sous les exclamations étonnées des spectateurs et le sourire satisfait de Tywin et Cersei Lannister.

- Elea ... , dit la Montagne dans un dernier souffle avant de retomber brusquement sur le sol, mort.

   Je respire vite, affolée. Non, Oberyn ne peut pas mourir ! Il avait gagné ! Tywin se lève, ouvrant la bouche pour annoncer la mort de Tyrion, qui a l'air dépité. Mais je me lève au même instant, lâchant la main de Jojen, et m'adresse à Tywin.

- Je m'oppose à l'exécution de Tyrion Lannister et me porte volontaire comme prochain champion de celui-ci dans un combat à mort contre son père, Tywin Lannister ! je proclame, sous le regard ahuri de Jojen et les exclamations surprises des spectateurs.

Nightmares | GOTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant