Chapitre 34

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Un silence s'abattit sur le salon. Rosalie,assise sur le divan ne savait pas quoi dire. Ça faisait un bon 5 minutes qu'elle avait annoncé sa grossesse et Miranda n'avait toujours pas laissé échapper un mot. Et son regard rivé sur le ventre de Rosalie ne rendait pas les choses agréables à vivre. La jeune femme avait carrément le goût de replacer le petit coussin en avant d'elle.
Miranda bougea enfin,elle se replaça sur son siège puis déclara :
-Mac le sait?
-Il l'a appris ,il y'a quelques jours. Je suis désolée qu'il ne vous ait rien dit,informa Rosalie
-Oui en effet,tu peux l'être. C'est impardonnable de sa part. Même si ça ne paraît pas ,Rosalie, je suis super contente pour cette nouvelle. Je ne pensais juste pas que les choses étaient rendues aussi loin entre toi et Mac. En fait,il...
Un petit cri de Rosalie mit fin au discours de Miranda. La jeune femme porta ses deux mains à son ventre tout en se redressant. Son coeur palpitait. Elle venait de ressentir quelque chose qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant. Elle n'osait bouger de peur que cela recommence. Elle avait ressenti quelque chose l'inexplicable à l'intérieur d'elle.
-Qu'y a t-il?questionna Miranda en se levant
-Je ne sais pas trop. Quelque chose... J'ai ressenti quelque...
Un autre mouvement l'empêcha de finir sa phrase. À ce moment,Rosalie vit Miranda sourire,à la limite pleurer. Elle vient s'asseoir à côté d'elle en regardant la jeune femme dans les yeux.
-C'est ton bébé. Il est entrain de bouger,déclara Miranda
Rosalie ouvrit de grands yeux en secouant la tête. Non ce n'était pas possible. Elle était infirmière,si ça avait été le cas,elle le saurait. Elle baissa sa tête tandis qu'une vague de tendresse l'envahit suivi d'une soudaine envie de pleurer. Ce qui arriva finalement en dépit du fait qu'elle se retenait.
-Oh ma chérie,ça va aller. Ce n'est rien d'alarmant. C'est même rassurant.
-Non...ce n'est pas ça,répliqua Rosalie d'une voix entrecoupée. C'est juste que j'aurais voulu que Mac assiste à ça.
Sur ce,les larmes de la jeune femme redoublèrent.

***
Mac avait à peine fermé la porte de chez lui que son portable sonna. Le numéro sur l'écran d'affichage était sa mère. Le jeune homme soupira de frustration. Il aimait beaucoup sa mère,mais il y avait des moments où elle l'énervait au plus haut point. Mac rentra son téléphone sans prendre l'appel dans une poche de son jeans. Il enleva son manteau et l'accrocha a l'armoire de l'entrée. Il se dirigea vers la cuisine. La sonnerie avait arrêté,mais à peine ,se sentit-il soulagée que sa mère n'insista pas que la sonnerie reprit. En colère, le jeune homme répondit:
-Maman,comment faut -il que je te dise...
-Mac,je ne me sens vraiment pas bien,coupa sa mère d'une voix faible.
Le coeur de Mac sauta dans sa poitrine.
-Ça veut dire quoi ça? répliqua t-il,le coeur palpitant
-Ça veut dire que je pense que tu devrais m'amener aux urgences,affirma Miranda
-Seigneur! Pourquoi t'as attendu tout ce temps avant de me joindre? reprocha Mac en se dirigeant vers la sortie de sa maison
-Je ne peux pas dire que tu réponds à chaque coup de téléphone non plus,lâcha Miranda
Mac se sentit visé, et il préféra ne pas répondre car sa mère avait raison.
-Où es-tu? questionna t-il
-Chez moi,ça empire ,je pense. Jai...du...mal à respirer.
-Je vais appeler une ambulance. Elle sera peut-être là avant moi. Remarque, c'est eux autres que tu aurais dû appeler!
-Non, je vais attendre ta venue. Je vais essayer de ne pas paniquer.
-Merde,maman! J'arrive, lança t-il avant de raccrocher.
Il empoigna d'un geste rageur son manteau et sortir de son domicile presqu'en courant. Si quelque chose arrivait à sa mère,il ne se le pardonnerait jamais. C'en était fini de lui aussi. Il prit la route en dépassant légèrement la vitesse demandée.Il regarda l'heure et se demanda dans combien de minutes pouvait-il être rendu chez sa mère. Il aurait dû la garder au téléphone. Sur ce,il composa le numéro de chez sa mère. Mais personne ne répondit.
-Merde,lâcha t-il en jetant le téléphone sur le siège à côté de lui. Il appuya encore sur l'accélérateur.
Quinze minutes plus tard,Max garait son auto devant la maison de son enfance sans avoir le souci qu'il ne s'était pas bien stationné du tout au cas où on devrait faire appel à une ambulance. À cette pensée, son coeur se serra tellement qu'il en eut presque mal. Il préférait ne pas penser à ça. Il saura presque hors de l'auto pour se diriger en courant vers la maison. Il longea l'allée tout en criant:
-Maman!Maman,t'es où?
Aucune réponse. Mac poussa avec force le petit salon où sa mère aimait passer son temps. Il était vide,du moins ce qu'il croyait. Il regarda lentement à nouveau et découvrit une forme sur l'un des divans. Le coeur battant,il s'approcha. Ce qu'il croyait avoir vue était le corps d'une femme qui dormait paisiblement, les jambes pliées jusqu'à former une petite boule. Son coeur rebondit. Rosalie! Qu'est-ce qu'elle faisait là, mon Dieu? Comme attiré par elle, Mac oublia la raison pour laquelle il était ici et s'asseya près d'elle afin de l'admirer. Elle était radieuse malgré le fait qu'elle dormait. Ses cheveux lâchés descendaient jusqu'à sa taille. Ils avaient énormément poussé. Il ne l'avait pas approché de si près la dernière fois pour remarquer ce détail. Ses doigts brûlaient d'envie d'effleurer sa peau,ses cheveux,son ventre, là où grandissait ce qu'ils avaient créé à eux deux. Son regard descendit vers le ventre rond de la jeune femme qui apparaissait nettement malgré la largeur du pull qu'elle avait mis. Elle devait arrêter de se cacher,elle ne couvrait plus rien à présent. C'était évident qu'elle était enceinte.
Soudain,la jeune femme bougea dans son sommeil et elle vint se placer sur le dos en frottant ses yeux. Quand elle ouvrit ceux-ci,elle croisa le regard de Mac. Elle sursauta puis se redressa tant bien que mal en allant s'installer à l'autre bout du divan.
-Je suis désolée. J'ai dû dormir un peu. Je suis vraiment...
Elle repoussa ses cheveux en arrière.
-Désolée pour quoi au juste? coupa gentiment Mac
Elle rougit.
Le jeune homme fut heureux de voir qu'elle avait gardé certaines habitudes.
-Qu'est-ce que tu fais ici? demanda Rosalie
Mac haussa légèrement ses sourcils avec un sourire en coin.
-C'est chez moi,répondit-il simplement
-Ouais,c'est vrai, acquiesça Rosalie en baissant les yeux sur ses doigts.
-Ma mère ne se sent pas très bien, c'est pour ça que je suis là. D'ailleurs j'aurais dû être près d'elle en ce moment.
Sur ce,Mac se leva rapidement.
-Miranda est malade?
-Bien sûr que oui...Que fais-tu ici,toi?
-Eh ben,elle m'a dit qu'elle avait des choses à me montrer. Elle m'a laissé dans cette pièce et elle partie. Qu'est-ce qu'elle t'a dit?
Mac commença à comprendre qu'il s'était royalement fait piégé par sa mère et Rosalie aussi.
Il se laissa à nouveau tomber sur le divan et allongea ses jambes en portant une main à ses cheveux en souriant.
-Ma mère nous a eus. Elle voulait qu'on se rencontre,déclara t-il
-Quoi?Mais c'est absurde.
-Oh non,avec ma mère,c'est tout à fait plausible. Tu lui as annoncé ta grossesse?
Il jeta un coup d'oeil à Rosalie. Elle passa sa langue sur ses lèvres sèches.
-Je pensais que tu lui avais annoncé la nouvelle quand je l'ai vue. Après quand je me suis rendue compte que ce n'était pas le cas,je n'avais pas le courage de lui cacher la vérité.
-Ma mère ne peut pas comprendre...
-Mais qu'est-ce qu'il y a comprendre? Je t'ai pardonné, que veux-tu,de plus?
-Ton amour! Mais après ce que j'ai appris,je n'ose plus y croire,Rosalie.
Il se leva puis alla à l'autre bout de la salle en évitant le regard de la jeune femme.
-Tu es vraiment con ,des fois!
Abasourdi,Mac se tourna aussitôt vers elle.
-Pardon? dit-il
Il la regarda se mettre sur pied tout en supportant son ventre.
-Tu as bien entendu,parfois t'es con,idiot et stupide!
-Rosalie,je ne te...
-Quoi? Tu veux dire quoi? Tu ne peux pas m'empêcher de te dire la vérité. Depuis que t'as appris que je suis enceinte, tu me fuis. Tu te caches derrière le fait que tu t'en veux pour ce qui m'est arrivé mais je te l'ai dit,c'est du passé! Et tu continues à t'en vouloir, tu continues à ignorer et à voir que moi aussi je t'aime. Alors oui,tes un con, un idiot et tu es...Aoutch!
Elle chancela et porta sa main à son ventre. En un rien de temps ,Mac fut près d'elle. Inquiet,il demanda:
-Est-ce que ça va? Je suis désolé, je m'excuse si je t'ai contrariée. Je t'en supplie,assieds-toi et calme-toi.
-Ça va,Mac. C'est juste notre bébé qui bouge,assura t-elle en levant un regard radieux vers lui.
Notre bébé qui bouge... Mac se sentit transporté dans les airs. Son bébé. Leur bébé. Il bougeait.
Il regarda le ventre de la jeune puis ramena son regard vers elle,comme pour lui demander la permission. Rosalie lui sourit en hochant la tête.
Alors il déposa sa main sur le petit ventre qui pointait en avant. Aussitôt, il eut un mouvement contre sa paume.
-Oh ,laissa t-il échapper
Il eut un courant qui lui parcourut le corps. Il sourit. Il déplaça sa main,fit le tour du ventre de la jeune femme avant d'enlever sa main. Il était comme secoué. Comme s'il réalisait enfin que c'était pour de bon ce qui lui arrivait. Il allait être papa et la femme qu'il aimait l'aimait en retour. Un peu plus,et il aurait été certain qu'il éclaterait en sanglots. Quand il leva son regard vers le visage de Rosalie, celle-ci avait les larmes aux yeux. Quand elle s'en rendit compte,elle se détourna pour les essuyer.
-Ce n'est rien,s'empressa t-elle de dire
Encore ému, Mac s'approcha de la jeune femme et avec hésitation, finit par déposer sa main sur son épaule. Il la sentit se refermer puis doucement ,elle se relaxa. Le jeune homme vit en ce comportement que la jeune femme acceptait qu'il la touche. Il se sentit rassuré. Si elle s'était éloignée,il se serait fait plein d'idées qui n'étaient pas forcément la vérité.
-S'il te plaît, regarde-moi, dit-il d'une voix basse
Elle mit un bon bout de temps avant de s'exécuter,comme si elle réfléchissait à ce qu'il lui demandait. Quand elle lui fit face enfin,elle avait encore les traces des larmes sur ses joues. Cependant, elles n'enlevaient en rien la beauté de la jeune femme en ce moment.
-Je ne me pardonnerai peut-être jamais toutes les choses horribles que t'as subi à cause de moi...je me déteste de t'aimer encore!déclara t-il
Il passa ses mains dans ses cheveux puis les mit dans ses poches.
-Je ne veux pas te faire du mal,Rosalie. Je ne voudrais pas que quelque chose t'arrive à nouveau à cause de moi. C'est pour ça que je suis parti,c'est pour ça que je me suis éloigné de toi. Et avec ce bébé en route,je ne supporterais pas qu'un malheur vous arrive si je suis dans vos vies. Est-ce que tu peux comprendre ça?
Elle regarda avec un visage sans émotion. Ses yeux magnifiques fixaient son visage. Elle avait croisé les bras comme pour déclarer la guerre. Elle finit par parler au moment où Mac avait fini par croire qu'elle n'avait rien entendu de ce qu'il lui avait dit :
-Tu me ferais mal si tu n'étais pas dans ma vie,pas à mes côtés quand je vais voir le médecin ou le jour de l'accouchement. Tu ferais du mal à notre enfant si tu n'étais pas là pour jouer au football avec lui,si c'est un garçon ou boire du faux thé si c'est une fille. Là, tu me ferais mal parce que je t'aime, Mac. Je l'avoue aujourd'hui parce que c'est devenu une évidence. Je n'ai même pas vraiment pu te haïr quand je le voulais. J'ai continué à t'aimer dans les moments les plus noirs de ma vie. Excuse-moi mais ce sont des sottises, tes idées de t'éloigner de nous parce que tu penses que tu nous attires des ennuis. Ce n'est pas le cas. Je ne sais pas ce qui serait arrivé si tu m'avais pas trouvé ce jour-là dans les bois.
Elle s'approcha de lui,toucha son bras et déclara en le regardant dans les yeux:
-Mac ,tu m'as sauvée la vie.
Elle prit une de ses mains et la déposa sur son ventre en ajoutant :
-Tu nous as donnés une chance d'avoir cet enfant.
Mac prit le temps d'assimiler les paroles de la jeune femme,une lumière se fit dans son esprit puis il soupira. Il se sentit déchargé d'un lourd fardeau. Rosalie dut remarquer le changement qui s'opéra en lui car elle lui sourit,de ce sourire radieux qui donnait à Mac l'impression que le soleil brillait là où il y avait de la noirceur. Il réduit la distance qui les sépara et prit la jeune maman dans ses bras. Le ventre de la jeune femme l'empêcha d'atteindre les lèvres de celle-ci,ce qui les fit rire tous les deux,mais ensuite,il finit par les trouver.
Leur baiser fut profond,intense et les deux jeunes gens avaient l'impression que des feux d'artifice avaient éclaté autour d'eux. Ils oublièrent aussitôt les mois de souffrance qui s'étaient écoulés,cette période de séparation forcée qu'ils avaient vécu. Tout partit en fumée à la rencontre des lèvres des deux âmes soeurs.
-J'aurais eu le temps de mourir et tu n'aurais rien su,lança alors une voix pleine de reproches.
Rosalie fit aussitôt un pas en arrière afin de s'éloigner du jeune homme mais celui-ci la rattrapa à temps et la serra contre lui tout en se tournant vers sa mère qui pénétrait dans la pièce.
-Heureusement que tu vas bien,plaisanta t-il en souriant
-Oui,en effet,répondit simplement Miranda en jetant un coup d'œil complice sur le bras de son fils passé autour de la taille de la jeune femme.

Le patient de la chambre 8030Where stories live. Discover now