Madame

dix

Elle rentra. Et malgré elle, dans le train, dans le bus, sur le chemin, dans la cour de son immeuble, Alice ne pensait qu'à la retrouver.

« Alice ? »

Alors qu'elle s'apprêtait à appeler l'ascenseur, une voix surgit derrière elle. Elle connaissait cette voix, elle l'aimait. Elle se retourna, et sans surprise, elle vit la jeune femme qui se tenait au bout du couloir, enjouée, comme si elle lui avait manqué, à elle aussi.

« L'ascenseur est en panne depuis hier. » dit-elle en s'approchant. Elle se permit de saisir sa valise.
« Laisse moi t'aider à monter tout ça. » puis elle se dirigea vers les escaliers, Alice la suivit avec le reste de ses affaires.
« Où étais-tu passé pendant ces vacances ?
- Chez mes parents. Et vous, vous avez voyagé ?
- Non, je suis restée en ville. Ils habitent loin tes parents ?
- Deux heures en train. »

Alice déverrouilla la porte, et laissa la jeune femme pénétrer son appartement. Épuisée, celle-ci déposa la valise au milieu de la pièce, et la fille l'invita à rester prendre un thé pour la remercier de son aide.

La jeune femme s'assit et admira la décoration originale qui courait sur les murs, les photos, images, cartes postales, dessins, et diverses notes, témoignant toute une vie.
« J'aime bien, tu te l'approprie. » dit-elle à propos de l'endroit.

Alice sourit, en apportant l'eau bouillante.
« Ce que je vais dire là n'a aucun rapport mais, est ce que vous saviez que l'eau était très vieille ? Elle était là avant nous, et même avant la naissance de la lumière.
- Toi, tu me surprendras toujours.
- Ça me fait bizarre d'y penser, imaginez, l'eau que vous buvez est plus vieille que le soleil !
- Attention elle va se vexer !
- Moi je trouve que ça la rends encore plus précieuse. On se sent minuscule à côté, voire insignifiant.
- Tu as raison, maintenant je me sens insignifiante ! »

Alice rit à sa plaisanterie. L'enseignante continua plus sérieusement :
« Mais c'est vrai, c'est assez impressionnant quand on y pense. »

Image: photo de Elena Kalis