Madame

quatorze

La dame revint en effet le lendemain, dans la soirée. Alice n'avait pas eu de difficultés pour reconnaître ce qui semblait être une dispute à l'étage, sans pouvoir pour autant distinguer un seul des mots criés de la conversation. Mais elle en devina peut-être le sujet lorsqu'elle découvrit une heure plus tard, son enseignante, les yeux rouges dans l'encadrement de la porte.

« Alice.., souffla-t-elle, est-ce que je peux te parler ? »

Elle la fit entrer dans son unique pièce, et elles s'assirent sur le lit. La femme la regarda sincèrement.

« Écoute, j'aimerais savoir si tu en a parlé à quelqu'un... Concernant ce qu'il s'est passé la semaine dernière...
- Pour être honnête... oui, se confia la jeune fille, vous vous inquiétez pour votre réputation ?
- Est-ce que je connais cette personne ?
- Oui je crois, mais je ne lui ai pas dit que c'était vous, et je ne lui ai pas tout dis. Et vous ? Vous en avez parlé ?
- Et bien oui justement, aujourd'hui, à une amie... J'avais besoin de me confier, de conseils...
- Et alors ?
- Ça ne s'est pas très bien passé, dit-elle hésitante, maintenant je culpabilise un peu... Alice je suis tellement désolée ! C'est vrai ce n'était peut-être pas une bonne idée, je me suis emportée un peu trop vite, j'aurais du prendre mon temps, y réfléchir à deux fois... Alice je suis désolée, mais j'avoue être un peu perdue... »

À cet instant, Alice fut perdue elle aussi, elle s'avoua ne plus très bien comprendre de quoi parlait son enseignante, qui cherchait à se délivrer de tous ses maux devant elle. Mais en réalité, Alice n'y faisait plus trop attention, elle était un peu ailleurs, et ne se focalisait plus sur les propos mais sur la femme qui les exprimait, repensant à cette nuit qu'elles avaient passée ensemble. Alice la fit tomber lentement sur ses genoux, et tenta de la réconforter en lui caressant les cheveux. Elle hésita à tout lui dire à elle aussi, à lui confier ses sentiments. Mais elle se retint, jugeant qu'il valait mieux que le silence se charge de la bercer.