14 L'enfance de la Comtesse

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[14 Décembre 1995]

Il doit être 1h00 du matin. Je ne sais pas ce que je fais dans la voiture de mon grand-père. Il conduit vite, très vite, trop vite. Après quelques minutes, il s'arrête. Je regarde par la fenêtre. On est dans la campagne. Pas loin de Londres, mais au milieu de nul part. Il tape sa tête contre le volant.

-Putain !
-Papy ?
-Ta gueule !

Je me tais. C'est la première fois que je le vois aussi énervé. Il se retourne et fixe le siège passager arrière sur lequel je suis.

-J'en suis incapable !

Il balance un couteau de cuisine sur le siège à côté de moi. Je ne tremble pas. Ce n'est pas que j'ai peur au contraire. J'ai tellement peur que je ne bouge plus.

-Je ne peux pas tuer une gamine de 4 ans...

Je souffle. C'est comme un soulagement pour moi. J'ai conscience de ce que c'est, la mort. Mais je ne pensais pas que ça pourrait m'atteindre aussi vite. Mes parents n'etaient pas à la maison quand mon grand-père est venu me chercher. Je ne sais pas où ils sont. Il allume la lumière. Je peux apercevoir des taches de sang sur ses mains.

-Je... Je vais t'emmener dans un endroit où tu seras en sécurité...
-Je veux rester avec papy...
-Non !

Il reprend la route. On retourne au centre-ville de Londres. Il se gare. On sort. Il fait nuit, il n'y a personne dans la rue, nous sommes devant un grand bâtiment.

-Orphelinat Childhood. Tu seras bien ici.

Il y a deux minutes, il voulait me tuer mais maintenant, il se montre gentil avec moi. En y réfléchissant, il a toujours été comme ça. Il peut s'énerver d'un coup et puis redevenir calme après. Il me tient par l'épaule. Il sonne sans me demander mon avis.

-Ma chérie, j'ai oublié quelque chose dans la voiture. Je reviens.

Il quitte mon champ de direction. La voiture n'est pourtant pas de ce côté là. Un homme assez corpulent ouvre la porte. Il est en chemise de nuit et tousse beaucoup.

-Qui peut bien sonner à une heure pareille ? Oh, une chère petite enfant. Tu as été abandonnée ?

Je réponds oui de la tête. Il me prend par la main et referme la porte derrière lui. Soudain, un énorme flash surgit dans la pièce et un bruit de fusil retentit.

-Oh, miséricorde, les gens n'ont pas idée de se suicider devant un orphelinat... J'espère que les autres enfants ne se sont pas réveillés. D'ailleurs, comment t'appelles tu ?
-Alice Phantomhive.
-HAHA, mais ma petite, tu ne peux pas t'appeler Phantomhive. C'est une grande famille et impossible que tu sois issue d'elle.

Oui, il a toujours été comme ça. Un homme rabat-joie, briseur de rêve et destructeur de moral. Pourtant, il s'est attaché à moi comme une moule s'attache à un rocher. Oui, j'ai bien dit une moule. Mais je compte bien lui prouver que je fais partie de la maison Phantom.

Lady Alice PhantomhiveWhere stories live. Discover now