Chapitre 21

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— Papa ? Mais... qu'est-ce que tu fais là ? Comment c'est possible...

Riant de la réaction de sa fille, satisfait de l'effet qu'il venait de produire, Henri la serra très fort contre lui sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits.

— Je suis désolé de ne pas t'avoir donné de nouvelles plus tôt chérie, mais tu sais bien, les règles de l'école sont strictes : aucun contact avec l'extérieur. Cela vous permet d'être plus concentré, ce qui, j'ai cru comprendre n'était pas ton cas...

Il relâcha son étreinte et s'assit sur le lit tandis que Nela prenait place sur sa chaise de bureau. Elle baissa les yeux pour éviter le regard de son père ; elle savait, en effet, que s'il là, ce n'était sûrement pas pour une visite de courtoisie. Ce n'était pas son genre. Les mains coiffant ses cheveux, elle cherchait comment elle allait se défendre devant les dizaines de reproches qu'il pouvait lui faire car il était vrai que, depuis qu'elle avait rejoint cette école, elle avait perdu son image de bonne élève.

— Joey sait que tu es là ? lui demanda-t-elle, pensant esquiver la fâcheuse conversation qui l'attendait.

— Non, je suis là uniquement pour toi... Je crois savoir que tout ne va pas bien, j'aimerais comprendre Nela... Que se passe-t-il ?

Cette attitude mielleuse et attentionnée n'était pas sincère, son père n'était pas le genre d'homme à traverser le pays pour prendre des nouvelles de sa fille, il y avait autre chose, mais il ne savait pas comment amener le sujet, Nela le sentait. Son père était quelqu'un de froid et sûr de lui, pourtant ses mains tremblantes et ses yeux fatigués le trahissaient... Il était inquiet... Mais pourquoi ? Sa cadette fit tout de même semblant de ne pas remarquer cet air étrange qu'affichait son visage éreinté. Trop heureuse de le voir, elle décida d'accepter ce moment père-fille. Profitant un instant de cette complicité habituellement inexistante, elle lui raconta tous ses tracas omettant le passage de la rose noire ; elle n'était pas encore prête pour cela.

— Eh bien ma fille, cette école te met à rude épreuve... Ne t'en fais pas trop pour ton pouvoir, tu trouveras, il n'est pas toujours évident de le voir.

— Et toi alors, quels sont vos pouvoirs avec maman ?

Décomposé, Henri se frotta le visage, le regard vitreux, perdu dans ses pensées, il répondit à la question qu'il redoutait tant.

— C'est justement la raison de ma venue. Je suis un téléporteur, et ta mère, elle... elle est connectée à vous, Joey et toi, on appelle ça une reliure.

— Comment ça ? Où veux-tu en venir ?

— Un lien fort vous unit permettant à Katia de ressentir tout ce que vous ressentez, il lui suffit de penser à vous pour pouvoir connaître chacune de vos émotions. Mais depuis quelque temps, quelque chose d'étrange s'est produit.

Nela, de plus en plus nerveuse, se leva pour faire les cent pas dans la chambre, cela voulait dire que sa mère ressentait ses crises de colère, peut-être même avait-elle compris pour la rose noire...

— Tout va bien au moins ? demanda-t-elle affolée.

— Oui... Enfin, non. Elle n'est plus connectée à ton frère, ton énergie est trop puissante. Le lien entre vous deux s'est renforcé, elle ne ressent plus que ta colère et ta douleur. Je... j'ai peur qu'on la perde Nela, et je ne sais pas pourquoi, je suis incapable de l'aider. Elle maigrit à vue d'œil, elle n'a plus la force de marcher, je dois l'obliger à manger, aucun médecin ne trouve de quoi il s'agit, je ne sais plus quoi faire.

Déstabilisée, Nela fixa son père sans comprendre. Pourquoi était-ce toujours à elle que de tels malheurs arrivaient ? Elle n'avait pas les épaules pour supporter ça. Être coupable du mal-être de sa mère était la pire souffrance pour Nela. Des milliers de questions envahirent son esprit. La rose noire était-elle à l'origine de ce problème de santé ? Allait-elle pouvoir apporter à son père les réponses qu'il attendait ? Serait-elle capable de surmonter cette nouvelle épreuve ? Ses mains se mirent à trembler, elle ne pouvait pas s'en sortir seule, c'était impossible, elle était trop faible. Et que pourrait-elle bien faire pour aider sa mère ? Elle vivait maintenant à des milliers de kilomètres de chez elle. Trop prise par ses tourments, Nela ne se rendit pas compte de la tristesse qui habitait le regard de son père. C'est seulement une fois qu'elle s'adossa à la fenêtre, essayant de reprendre son souffle, qu'elle aperçut ses iris bleus scintiller.

Maudite, Reine de la rose noire.             [Tome 1]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora