Ubloo (Partie 2)

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"C'est mon bébé ! Non, pitié, non !"

"J'ai dit RESTE EN ARRIÈRE, pétasse !" L'agent venait d'asséner à Mrs. Jennings un violent coup de matraque dans la mâchoire.

J'ai entendu son cri quand elle a reçu le coup, et j'ai vu ses dents brisées tomber sur le pavé dans un cliquetis sinistre. Ils étaient tous sur elle à présent, à la rouer de coups. Ils l'ont mise à terre, puis ont commencé à se relayer, martelant son dos l'un après l'autre. Elle n'avait pas cessé de les supplier de ne pas emmener son fils, mais ils ne l'entendaient pas, ils étaient trop occupés à rire. D'un rire maniaque, dément, qui me rendait malade.

Les infirmiers des urgences sont sortis de l'immeuble, portant Andrew sur un brancard. Ils le dirigeaient maladroitement, et à la première marche du perron, son bras a émergé du drap blanc dont on l'avait recouvert. Le brancard a tangué, et le corps d'Andrew a fini par en tomber, le vent emportant le drap.

"Putain de junkie, essaie au moins de te tenir tranquille pendant qu'on fait notre boulot bordel !" Sur ces mots, le brancardier a donné au cadavre d'Andrew un coup de pied dans le ventre.

J'ai regardé son corps se crisper et se plier sous l'impact. Le deuxième brancardier n'a pas tardé à le rejoindre, et ils ont continué à battre et à piétiner le corps sans vie d'Andrew. J'ai tenté de crier, j'ai tenté de leur hurler d'arrêter ça, mais quand bien même j'avais senti mes cordes vocales vibrer, aucun son n'était sorti de ma bouche. J'ai continué de regarder le spectacle alors qu'un des infirmiers s'emparait d'une grosse pierre dans une plate-bande fleurie. L'autre a alors fait rouler le corps sur son dos, et j'ai hurlé comme jamais je n'avais hurlé quand j'ai vu le rocher s'abattre sur le visage d'Andrew. Le craquement m'a fait comprendre que son crâne s'était brisé. Sa tête s'est alors tournée sur le côté, droit vers moi, le visage détruit, à peine reconnaissable.

"La fin est le commencement, docteur." Il me répétait ces mots, la mâchoire à moitié décrochée. "La fin est le commencement."

Et là, je l'ai entendu. Doux mais fort, petit mais impérieux, aigu comme un couteau mais aussi fluide que l'eau.

"Ubloo !"

Je me suis réveillé, essoufflé et en sueur. J'ai cherché frénétiquement des mains la table de nuit où j'avais laissé ma lampe torche. Je l'ai allumée et l'ai pointée d'un coin à l'autre de la pièce, cherchant quelque chose, n'importe quoi. Mais il n'y avait rien, si ce n'est les piles de boîtes qui parsemaient ma chambre d'hôtel.

J'ai allumé ma lampe de chevet pour regarder mon réveil. 4 heures 12 du matin. Je devrais me contenter de trois heures de sommeil.

J'ai ouvert le tiroir de la table de nuit pour y trouver mon flacon de pilules. Il était déjà à moitié vide. Je devrais bientôt me refaire une ordonnance, ce qui n'aurait pas pu mieux tomber - de toute évidence, il était temps pour moi de me remettre à nouveau en route. J'ai ouvert le pilulier et j'ai jeté deux comprimés d'Adderall dans ma bouche. Puis j'ai avalé la moitié du verre d'eau que j'avais laissé de côté.

J'allais devoir commencer à préparer mes bagages dès maintenant si je voulais partir en temps et en heure pour trouver un nouvel hôtel. Je me suis mis debout et ai étiré mes jambes et mon dos. À présent que je tournais aux drogues et aux nuits courtes, je pouvais sentir mon corps se détruire peu à peu. Je suis allé prendre sur la commode la bouteille de gin entamée la veille et en ai avalé une longue lampée. J'ai grimacé quand la saveur a envahi ma bouche. Je n'ai jamais été un grand fan de gin, mais c'est un des moyens les plus simples pour rafraichir l'haleine. En me tournant pour commencer à me préparer, je me suis brièvement aperçu dans le miroir.

Don't Read at Night | Tome 2Donde viven las historias. Descúbrelo ahora