Vole

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Je vous conseille (fortement) d'écouter "Fly" de Ludivico Einaudi (disponible en vidéo média)

Les lumières de la ville défilent sous mes yeux,

Jaune, blanc, rouge, orange, les lumières brillent comme un feu.

La voiture roule dans la nuit, sous l'eau du ciel qui se déverse en litre.

Les gouttes de pluie s'écrasent par centaines contre la vitre.

Le front collé contre le carreau de verre froid,

J'observe les perles d'eau couler et se rejoindre le long de la paroi.

Je les regarde naître puis mourir.

Je ne bouge plus, captivée par ce spectacle,

Seul un sourire sur mon visage s'étire.

Entrouverte, la fenêtre laisse pénétrer l'air frais dans l'habitacle.

La brise me caresse le visage et remue des mèches de cheveux.

Je soupire lentement et ferme peu à peu mes yeux.

Je me laisse bercer par le véhicule, le mouvement continu des roues sur le bitume,

Le bruit du vent qui frotte contre la carrosserie, le son du clignotant qui s'allume.

La voiture pivote pour tourner à droite, puis à gauche et brusquement freine.

Nos corps projetés hors des sièges,

Nos ceintures les maintiennent dans le vide comme des chaines,

Enfermés et pris au piège.

Sous la pression, la carrosserie se compresse et se déforme,

Les vitres se brisent et éclatent en des milliers de morceaux

S'incrustant dans mes yeux et ma peau.

Secoués de toutes parts, les blessures peu à peu nous transforment.

Tout se passe au ralenti, tout s'enchaîne lentement,

Alors que la voiture roule sur le sol rapidement.

Un choc, un deuxième choc, puis un autre, encore et encore,

Balançant, dans de brusques mouvements , nos corps.

La voiture s'arrête, complètement déformée,

Comme une vulgaire feuille de papier froissée.

Le capot plié en deux, à moitié ouvert et le moteur fumant.

Le sang coule le long de ma tempe, s'entremêlant avec ma chevelure.

Mes oreilles bourdonnent mais j'entends des murmures.

Mon père, ma mère, mon frère,

Ont-ils survécus à cet enfer ?

Mon père, la tête contre le volant, n'est déjà plus de ce monde,

Mon petit frère gémissant, ma mère bloquée par la portière écrasée.

Dehors, la fumée se dissipe mais un sifflement gronde,

La chaleur monte, suffoquant, j'essaie de respirer.

Plusieurs étincelles s'illuminent dans la nuit,

Puis grandissent en de gigantesques flammes qui crépitent.

La voiture s'embrase petit à petit,

L'odeur d'essence et de brûlé envahit l'air.

Je tourne la tête vers mon frère, les plaies sur ma peau me piquent.

J'attrape sa main tendue difficilement vers moi et la serre.

Je glisse mon autre main vers ma hanche pour détacher ma ceinture,

Le fer brûlant consume ma peau mais j'enclenche la fermeture.

Les cristaux de verre dans les yeux brûlent ma rétine.

Ma vision devient floue, quelques tâches noires se dessinent

Et c'est sur la silhouette de mon frère que mon dernier regard se pose,

Avant que la voiture explose.

***

Elle imaginait la soirée différemment
Leur maison de vacances les attendant
Mais il en fut décidé autrement

Elle pensait que cela n'arrivait qu'aux autres.
Et pourtant ce soir,
Il n'a suffit que d'un évènement pour changer l'histoire.
Ce soir, ils ne sont plus des nôtres.

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Hello ! Voilà mon dernier poème en date, j'espère qu'il vous a plu !

À l'heure où j'écris ces lignes, j'ai les yeux qui piquent (sans mauvais jeu de mots haha) à cause de ces heures passés devant l'écran, je suis contente d'enfin boucler ce poème !

J'avais cette idée d'accident depuis mon 3ème poème (autant dire que ça fait un bon bout de temps) mais je n'avais pas assez d'inspiration pour le mettre à l'écrit.

Commentez, votez, dormez, dansez ou même mangez, faites ce que vous voulez !

Peace ✌

Au fil des mots [Chrome Dustians 2016] Where stories live. Discover now