Fumée

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Acoudé au bord de sa fenêtre,
Il observe le soleil couchant disparaître.
En peu de temps, la nuit englobe la ville,
Il l'observe s'endormir, d'un regard fébrile.
Nuit noire où les étoiles peinent à scintiller.
Nuit noire qui détruit ces lueurs argentées.

Dans une main, le paquet tournoie.
Dans l'autre, le cylindre glisse entre ses doigts.
Dès qu'il y touche, il se met lui même un couteau sur le cou.
Il porte son jouet favori à sa bouche et l'emprisonne entre ses lèvres.
Le couteau incliné; sur son sort il ferme le verrou.
Ce cylindre aussi précieux que l'or pour l'orfèvre.
Une petite flamme vient l'allumer,
Et le bout brûle dans une couleur orangée.

Il aspire, le retire de ses lèvres et coupe sa respiration.
Le couteau s'enfonce, lui ouvre la peau et l'affaiblit lentement.
Il se sent tellement léger à chaque inhalation,
Qu'il pourrait continuer ce manège éternellement.

Le monde reste en suspend, le temps n'existe pas.
Dans sa bouche, le goût de nicotine se répand,
Il ferme les yeux et savoure tranquillement.
Il est coupé du monde, et ce sentiment il n'y résiste pas.

En un souffle la fumée s'échappe,
Ses yeux s'ouvrent plus noirs, plus vides qu'avant.
Sa bulle éclate, le temps reprend,
Et la sombre réalité le rattrape.

Perdu dans ses pensées,
Il se remémore son passé.
Sa bouche se tord en un sourire dédaigneux.
Ils parlent tous de bonheur et de joie,
Au lieu de tristesse et autres sombres émois.
Il lâche un soupir et tapote son cylindre cendreux.
Pour eux, la vie est belle, mais ce ne sont que de belles paroles.
Pour lui, la vie est traître, il est déja trop tard lorsqu'on te désole.
Sa main se relève, il aspire de nouveau,
Tenant entre ses doigts, le cylindre chaud.

À chaque bouffée, le couteau cisaille sa peau.
À chaque fumée blanche, le sang noir ruissèle.
À chaque cigarette, ses poumons se morcèlent.
À chaque paquet, il se rapproche du tombeau.

Épuisé de devoir lutter depuis longtemps,
Il a choisi d'agiter le drapeau blanc.

Tout le monde sur Terre voit son temps compté.
Tout s'établit autour du temps, futur, présent, passé.
Tout n'est qu'une question de temps.
Temps qui s'écoule vite ou lentement.

On ne connait pas la durée de notre présence,
Pourtant lui, son compte à rebours est bientôt terminé.
Quoiqu'il fasse son sort est scellé,
Il a écopé d'une brève existence.
Il ne lui reste plus qu'un court laps de temps,
Quitte à mourir, autant choisir comment.

Fume avant que la vie ne te fume.
Fume avant que la mort ne te parfume.

____

Et voilà une nouvelle petite histoire...

Qu'en pensez vous ? Et qu'avez vous compris ?
Dites-moi tout en commentaire, je suis curieuse de savoir si j'ai réussi à vous faire comprendre ce que je voulais ;)

Sur ce, mangez des cookies!

PS : Seulement la phrase "Fume avant que la vie ne te fume" n'est pas de moi ; c'est une citation de Fonky Family dans "Le retour du Shit Squad".

Au fil des mots [Chrome Dustians 2016] Where stories live. Discover now