Chapitre 1

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Je ne me suis même pas encore installé dans le fauteuil qui m'est destiné que je sens déjà le regard accusateur des pères de Lila-Rose me foudroyer sur place. Je ne les ai jamais rencontrés personnellement mais Gemma, ma sœur, m'a déjà raconté certaines de leurs entrevues.

Par politesse, je tends une main qu'ils serrent froidement chacun leur tour et je m'installe sur le siège vide face au bureau, alors que le directeur prend place de l'autre côté. C'est la troisième fois que je suis convoqué ce mois-ci, mais c'est la première fois que j'ai la possibilité d'assister au rendez-vous.

Le silence qui règne rend l'endroit encore pire que dans mes souvenirs d'écolier ; cette école est la seule que j'aie jamais fréquentée et je n'ai jamais aimé ce bureau. Le directeur n'était pas le même alors, mais la pièce n'a pas changé. Toujours aussi triste, toujours aussi sombre. Je note tout de même l'investissement dans les ordinateurs et la touche de verdure pour égayer l'entrée – même si ce sont de fausses plantes. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on dirait le décor d'une série à l'ancienne avec laquelle j'aurais pu commencer ma carrière d'acteur.

« Eh bien... Nous sommes ravis de vous avoir parmi nous aujourd'hui. Je pensais que la tante des jumeaux serait là à nouveau, commence le directeur.

– Surprise, je réponds avec un sourire figé. Mais je peux l'appeler si jamais ça vous arrange de traiter avec elle. »

Mr. le Directeur rit comme si j'avais fait la meilleure blague du monde et ça me met mal à l'aise. Je n'aime pas que les gens se forcent à être aimables juste parce que je suis Harry Styles.

« Donc... mes enfants ont encore fait des âneries ?, je demande pour recentrer la conversation.

– Oui, en fait...

– De la colle ! Ils ont mis de la colle dans les cheveux de notre Lila. »

D'après les dires de ma sœur, celui qui vient de prendre la parole n'est pas le flic. C'est l'autre. Celui qui perd patience toujours trop vite parce qu'il est trop inquiet. Celui qui prend les choses trop à cœur et trop personnellement. Celui qui a les yeux bleus et les cheveux châtains, complètement en bataille.

« Je suis désolé, je tente maladroitement.

– Oh oui, vous pouvez l'être. Un tel manque de correction devrait vraiment vous alarmer, me répond le papa aux yeux bleus.

– Hm... oui, ça m'alarme. », je lui affirme, les lèvres pincées, vexé par cette réflexion désobligeante.

Je pose à nouveau mes yeux sur le directeur parce que je n'ai pas envie d'entendre le refrain que la plupart des inconnus me chantent à longueur de journée à propos du manque d'éducation de mes enfants. Quand on est une personne publique, les gens ont le jugement facile ; ils se disent que, parce qu'ils ont lu une biographie et quelques pages d'un magazine, ils vous connaissent, et que s'ils vous connaissent, alors ils peuvent porter des jugements. Mais ce n'est pas le cas, personne ne devrait avoir son mot à dire.

« Et donc, quelles sont les solutions que vous proposez ? », je demande à l'attention du directeur.

S'il nous convoque, c'est certainement parce qu'il a une solution et j'aimerais vite la connaître pour pouvoir rentrer chez moi. Sauf qu'il n'a pas le temps d'exposer son point de vue car l'émotif transi reprend la parole.

« Éduquez vos gamins ! », il tonne sur un ton pète-sec.

Ma tête se tourne à nouveau vers mon voisin. Lentement. Je n'ai pas envie de perdre mon sang froid, mais je ne supporte pas qu'on me rabaisse comme il vient de le faire. Je crois que le flic le remarque car il se manifeste enfin.

I Swear I Lived - Tome 1Where stories live. Discover now