Chapitre 18

4K 303 98
                                    

Le taxi qui emmenait les quatre amis à la soirée du Nouvel An freina devant l'hôtel de ville, s'insérant en douceur au milieu d'un ballet de voitures et de limousines parfaitement coordonné.

Alors qu'ils descendaient du taxi, Adrien attrapa la main de Marinette, serrant ses doigts entre les siens tandis que la jeune femme plaquait un sourire crispé sur son visage pour dissimuler sa nervosité. Les soirées du réveillon organisées par le maire et par sa fille étaient renommées dans tout Paris, au point qu'il n'était possible de s'y rendre que sur stricte invitation, et Marinette ne pouvait nier qu'elle était impressionnée d'avoir l'occasion d'assister à un évènement aussi réputé.

Notant sa fébrilité, Adrien porta brièvement ses doigts à ses lèvres, y déposant un délicat baiser tandis qu'ils escaladaient unes à unes les marches de l'escalier qui menaient à l'entrée de l'hôtel de ville.




Après avoir dûment présenté leurs invitations, les jeunes gens passèrent brièvement par le vestiaire pour y déposer leurs manteaux, avant de se diriger en bavardant allègrement vers la gigantesque salle de réception où devaient se dérouler les festivités. Lorsqu'ils en franchirent les portes, leur joyeuse conversation mourru brusquement tant le spectacle qu'ils découvrirent les laissa bouche bée.

La pièce dans laquelle ils se trouvaient à présent avait été décorée au-delà des limites du bon sens, au point qu'il n'y avait plus le moindre mur ou surface plane qui n'ait été laissé vierge de flamboyants ornements. Des guirlandes dorées et argentées s'enroulaient gracieusement autour des multiples colonnes qui bordaient la salle, les transformant en des piliers scintillants de mille feux tandis qu'elles partaient ensuite à l'assaut du plafond, où elles interrompaient finalement leur course en de délicats entrelacs artistiquement travaillés pour imiter des formes florales.

Côtoyant des plats emplis de victuailles et d'innombrables quantités de coupes de champagne, de gigantesques gerbes de fleurs ornaient la moindre table, leurs couleurs chatoyantes ayant été habilement rehaussées par un fin dépôt de paillettes dorées qui étincelait à la lueur des guirlandes lumineuses avoisinantes. De monumentaux chandeliers descendant du plafond achevaient d'inonder la pièce de lumière, leurs rayons lumineux glissant doucement sur les étoffes soyeuses des nappes et des tentures.

Partout où les jeunes gens posaient leur regard prédominaient des ornements d'or et d'argent, leur donnant ainsi la captivante impression d'être soudainement rentré dans un coffre au trésor débordant de joailleries. Cette sensation se trouvait renforcée par la présence de rutilantes décorations dont l'éclat semblait avoir été choisi dans l'unique but de pouvoir concurrencer celui de flamboyantes pierres précieuses.

Seul Adrien n'était guère impressionné, ayant été habitué depuis l'enfance au faste des réceptions organisées par la famille Bourgeois. Plutôt que d'admirer cet extravagant décor, il préférait de très loin dévorer du regard les épaules laiteuses de Marinette, que dévoilaient fort opportunément sa robe bustier. Ses yeux en suivaient le contour gracieux, avant de s'attarder sur l'ombre délicate que dessinait sa clavicule sur sa peau blanche, puis de suivre amoureusement la ligne de sa gorge et le contour de ses lèvres.

Cette vision était pour sûr bien plus envoûtante que ne le seraient jamais les légendaires fêtes de la famille Bourgeois.




La démesure de l'invraisemblable salle de réception quelque chose d'absolument fascinant, mais il ne fallut cependant guère longtemps aux jeunes gens pour retrouver l'usage de la parole. Leur conversation reprit joyeusement alors qu'ils progressaient dans la pièce, s'avançant au milieu des autres convives et admirant l'habile ballet des serveurs qui allaient et venaient tout en portant des plateaux chargés à ras bord de petits fours plus délicieux les uns que les autres. Les quatre amis se servirent généreusement au passage, tandis qu'Alya interceptait adroitement l'un des employés pour récupérer des coupes de champagne qu'elle distribua ensuite au petit groupe.

- « Et sinon, Alya, ton réveillon de l'an dernier était bien ? », demanda Adrien du ton le plus innocent possible, tandis que Marinette lui jetait un coup d'œil incisif.

- « Ne pose pas de question, chaton », répliqua la journaliste dans un éclat de rire, en une parfaite imitation des expressions et attitudes qu'adoptait sa meilleure amie pour taquiner le jeune homme quand celui-ci se montrait trop curieux.

- « Mec, tu aurais dû savoir que c'était perdu d'avance », s'esclaffa Nino en lui flanquant une amicale tape dans le dos, pendant que Marinette tentait désespérément de contrôler son fou-rire naissant en buvant presque d'un trait la coupe de champagne qu'elle tenait entre ses doigts.

Poussant un léger soupir, Adrien abandonna la lutte de bonne grâce tandis que les deux amies lui lançaient un regard narquois. Marinette le gratifia néanmoins ensuite d'un tendre baiser sur la joue, avant de reprendre une gorgée de ce coûteux champagne dont les bulles fines lui chatouillaient agréablement la gorge.

La discussion s'orienta rapidement vers des sujets moins épineux que le potentiellement scandaleux Nouvel An d'Alya et de Marinette. L'attention de cette dernière se détacha peu à peu au fil des minutes, la jeune femme observant à présent avec un intérêt palpable les magnifiques tenues que portaient la plupart des invités, prenant mentalement note d'une myriade de détails dont elle comptait fermement s'inspirer plus tard. Son œil averti lui indiquait plupart de ses somptueux vêtements étaient certainement hors de prix, remarquant qu'ils étaient confectionnés dans de fabuleux tissus qu'elle osait à peine espérer travailler un jour et notant que leur parfaite découpe ne pouvait être que l'œuvre de stylistes expérimentés.

Soudain, un son strident l'arracha brutalement de son rêve éveillé, la faisant brusquement sursauter alors que toutes les têtes se tournaient vers l'origine de ce tapage.

- « Adrichouuuuuu ! », hurlait une voix perçante.

- « Oh, oh », grinça Adrien en plaquant aussitôt un artificiel sourire sur son visage. « Surtout ne vous étonnez pas, la personne qui arrive à un caractère très... particulier... »

Fendant la foule d'un pas autoritaire, une jeune femme blonde se dirigeait vers eux, menton fièrement dressé en avant. Elle aurait pu être absolument ravissante sans l'ombre d'un rictus de mépris qui semblait incapable de disparaitre de son visage, déformant ce dernier en une expression hautaine, en dépit de ce qui semblait être un sincère sourire qu'elle adressait à Adrien.

Ses cheveux dorés étaient rassemblés en un rocambolesque chignon tandis qu'elle portait une robe dont l'extravagance ne devait avoir pour équivalent que son faramineux prix, et dont la couleur était d'un jaune si éblouissant qu'il n'aurait guère été étonnant qu'elle brille dans le noir. Se haussant sur la pointe des pieds, elle enroula impérieusement ses bras autour du cou d'Adrien avant de plaquer un baiser sonore sur sa joue, y déposant au passage une large trace de rouge à lèvres.

Un sourire satisfait aux lèvres, la nouvelle venue se tourna vers le petit groupe tandis qu' Adrien se frottait vigoureusement le visage pour tenter d'en faire disparaître cette fort peu discrète trace de maquillage. Puis, étouffant une légère quinte de toux gênée, il se fit un devoir d'effectuer les présentations.

- « Voici Chloé, qui n'est autre que la fille du maire, ainsi qu'une amie d'enfance. C'est grâce à elle que j'ai pu avoir nos invitations pour ce soir. » Alors que ses camarades remercieaient chaleureusement leur hôtesse, il poursuivit : « Chloé, je te présente Alya, Nino, et Marinette. »

Les yeux d'un bleu polaire de la jeune femme s'étrécirent lorsque le dernier prénom franchit les lèvres d'Adrien. D'un geste vif, elle attrapant fermement Marinette par le coude, l'entraînant à l'écart sous le regard impuissant de ses camarades. 

Un soir d'étéDonde viven las historias. Descúbrelo ahora