Chapitre 22

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La plongée que Marinette et Adrien effectuaient dans les souvenirs d'adolescence du jeune homme fut finalement interrompue par l'intervention de Nathalie, qui toqua à la porte de la chambre pour leur annoncer que Gabriel Agreste venait d'arriver et qu'il les attendait pour le dîner.

- « Très bien, vous pouvez le prévenir que nous arrivons », répondit Adrien, avant de se tourner vers Marinette. « On y va ? », reprit-il avec un sourire rassurant, haussant ensuite un sourcil en constatant que sa compagne avait soudainement pâli.

En dépit de la brusque bouffée d'angoisse qui venait de s'abattre sur elle, jeune femme acquiesça d'un furtif hochement de tête avant de saisir entre ses doigts la main qu'Adrien tendait vers elle. Elle s'y agrippa comme elle aurait empoigné une ligne de vie au-dessus d'un précipice, sentant que ses jambes soudain flageolantes menaçaient de lui faire défaut à tout instant.

Elle allait rencontrer Gabriel Agreste.

Le célèbre et impitoyable styliste.

Le sévère et distant père de son compagnon.

Sous l'effet de l'appréhension, son cœur battait avec tant de force dans sa poitrine qu'il lui semblait être prêt à exploser.

Alors que les deux jeunes gens descendaient le gigantesque escalier de marbre qui menait au rez-de-chaussée, Adrien, sentant la nervosité palpable de Marinette, serra avec force ses doigts entre les siens pour essayer de lui manifester son soutien. Sa compagne remercia sa tentative de réconfort d'un sourire qu'elle voulait vaillant mais qui n'était que l'ombre de ceux qui illuminaient d'ordinaire son visage, puis tous deux achevèrent de franchir les quelques mètres qui les séparaient de la salle à manger.




Jusque-là, Marinette avait supposé que cette soirée serait très certainement un moment pénible à passer, mais elle réalisa rapidement qu'elle s'était totalement trompée.

Cette soirée n'allait pas être pénible.

Elle allait être un véritable désastre.

Devant la jeune femme se trouvait l'austère silhouette de Gabriel Agreste, qui se tourna vers elle en la toisant avec une hauteur teintée de méfiance. Il adressa un bref signe de tête à son fils, avant de braquer de nouveau son regard perçant vers celle qui partageait la vie de son précieux héritier.

- « Bonsoir », la salua-t-il d'une voix si froide qu'elle aurait pu charrier des glaçons.

- « Bon... Bonsoir... », réussit-elle à balbutier fébrilement, maudissant sa nervosité. « Je me... Je m'appelle Marinette Dupain-Cheng, mais je... Mais vous pouvez m'appeler Marinette. »

- « Je pourrais, en effet », répliqua-t-il sèchement. « Gabriel Agreste », se présenta-t-il ensuite, son visage sévère semblant défier quiconque de penser qu'il puisse quant à lui suggérer qu'on l'appelle par son prénom.

- « En...Enchantée », répondit la jeune femme en serrant la main tendue qu'il lui présentait.

Marinette sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale. Si la peau d'Adrien était douce et chaude, les longs doigts fins de son père, pourtant si similaires aux siens, étaient quant à eux secs et glacés comme la froide poigne d'un reptile.

- « Bien, je propose que nous passions à table », reprit le célèbre styliste d'un ton autoritaire. « Adrien, Mademoiselle Dupain-Cheng, si vous voulez bien... »

Un soir d'étéWhere stories live. Discover now