Chapitre numéro deux : La convocation

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Chapitre numéro deux :

La convocation

Enora faisait mentalement le point.

Elle avait préparé sa valise la veille avant d'aller dormir. Il lui fallait des vêtements pour une période de sept jours maximum et elle avait respecté à la lettre les instructions stipulées dans la convocation.

2 pulls blancs en mailles épaisses.

5 hauts blancs.

3 longs pantalons blancs près du corps.

2 pantalons blancs en lin.

1 paire de chaussures de couleur blanche.

5 paires de chaussettes blanches.

Des sous-vêtements de couleur claire.

Elle avait tout rassemblé dans une petite valise rouge qui avait appartenu à une de ses tantes.

Elle relu rapidement la seconde partie de la convocation.

Pour son arrivée dans les locaux du GISAR, elle devait être vêtue d'un t-shirt réglementaire, d'un long pantalon, de sous-vêtements classiques, d'une paire de chaussettes courtes et de chaussures plates, le tout toujours de couleur blanche, afin de pouvoir accéder à l'épreuve de sélection.

Une autre des exigences était d'avoir le visage dégagé. Elle avait donc attaché son épaisse chevelure mi-longue dorée en une queue haute et avait fixé sa mèche vers l'arrière à l'aide d'une fine pince très discrète.

Elle ne voulait pas être disqualifiée pour si peu.

"Je n'ai pas le droit à l'erreur", pensa-t-elle, envahie par le stress.

La dernière partie de la convocation mentionnait un texte de présentation que tous les participants se devaient de préparer.

Elle récita à voix basse :

« Je m'appelle Enora.

Je viens d'avoir vingt-trois ans.

J'habite la contrée d'Aniel, où je vis avec mes parents qui sont chercheurs au sein des laboratoires principaux de la capitale.

Actuellement, j'étudie les rites et coutumes de nos ancêtres à l'Institut des Histoires mortes.

Je m'appelle Enora et c'est un honneur d'être présente dans les locaux du GISAR. »

« Parfait » la félicita une voix dans son dos.

La jeune femme fit volte-face et découvrit sa génitrice.

– Merci, lui répondit-elle avec timidité.

– Tu vas apporter fierté à notre contrée, j'en suis certaine, la rassura la mère en remarquant la pression s'emparer doucement de sa fille.

– Je l'espère, souffla Enora entre ses dents.

– N'oublie pas que tes points faibles sont tes émotions. Tu dois rester concentrée sur ta mission et sur rien d'autre.

La jeune femme acquiesça, avide de conseils.

– Si tu passes avec succès la phase de sélection, tu devras convaincre ton binôme que tu n'es là que pour le satisfaire... Méfie-toi, ces soldats sont entraînés, s'ils découvrent les raisons de ta présence, ils te dénonceront. Tu ne dois pas être démasquée, c'est clair ?

Enora resta muette et son interlocutrice continua :

– Mais sache que je crois en toi. Ton père aussi, ajouta-t-elle après avoir marqué une pause. Tout comme toi, nous voulons retrouver Althéa, c'est ce qui compte le plus à nos yeux, lui assura sa génitrice avant de quitter le hall dans lequel se trouvait sa fille avec son bagage.

Enora regarda sa mère s'éloigner avant de disparaître dans une des autres pièces de la grande maison où elle habitait. Rageusement, elle essuya une larme qui lui avait échappé lorsqu'elle avait prononcé le nom de sa sœur jumelle, Althéa, disparue depuis près de cinq ans.

Dès l'instant où les réformes du nouveau gouvernement avaient été mises en place, sa famille avait craint le pire. Les jumeaux, considérés comme des personnes possédant un pouvoir télépathique extrêmement puissant, avaient été l'un des premiers groupes de personnes visés par les arrestations organisées par l'État... pour le bien commun, soi-disant.

Et un jour, un jour comme tous les autres, un jour comme celui-ci, Althéa avait été enlevée.

Elle avait tout simplement disparu.

Depuis ce moment, Enora et ses parents tentaient désespérément de survivre, donnant un but à leur existence en rejoignant la résistance et le mouvement #Rebels.

Ses parents avaient alors commencé à participer à divers projets confidentiels organisés par les groupes de la résistance armée, au nord du pays, dans la province de Novos, laissant Enora seule avec le désespoir et la profonde tristesse qu'avait entraîné la disparition de sa sœur bien-aimée.

Évidemment, leur engagement au sein de ce groupe était punissable de mort, mais après avoir perdu une fille, tout était relatif. La disparition d'Althéa leur avait fait perdre pied et ils avaient changé d'attitude envers leur autre fille. Ils s'en étaient comme désintéressés, comme s'ils avaient voulu ne plus s'attacher, de peur de souffrir à nouveau. Ou peut-être était-ce le fait qu'ils ne voyaient désormais plus que les traits d'Althéa dans le visage de leur seconde fille ?

Toutefois, Enora n'avait jamais cru à la mort d'Althéa et, soutenue par ses parents, elle s'était lancée corps et âme à la recherche de sa jumelle disparue.

Lentement, elle se dressa sur ses jambes fines, avança jusqu'à la grande glace qui trônait près de l'entrée et s'observa avec attention.

Dans le reflet, elle découvrit une jeune femme tout ce qu'il pouvait y avoir de plus commun. Ses cheveux d'un blond chatoyant, ses iris clairs, son visage rond aux pommettes trop creusées, ses lèvres fines, sa petite taille d'un mètre soixante, sa poitrine discrète, ses hanches presque inexistantes et ses jambes qui manquaient de galbe, elle n'avait rien d'exceptionnel.

Elle répondait aux critères exigés par la société, mais n'avait pas hérité de la beauté de sa mère qui, malgré l'âge, conservait toute son élégance d'antan.

Malheureusement... car pour retrouver Althéa, elle avait besoin de #Rebels qui investiguait au quotidien sur les disparitions et enlèvements récurrents aux quatre coins du pays. Mais si elle voulait obtenir l'aide de #Rebels, elle devait aussi aider les modérateurs du site. Apprenant de la bouche d'un ami de ses parents, un résistant, que l'organisation essayait de convaincre plusieurs candidates de la justesse de leur cause et sachant que cela jouerait en sa faveur et pousserait les modérateurs à considérer la disparition d'Althéa comme une priorité, Enora s'était proposé d'intégrer le programme de sélection du GISAR.

Non, elle n'allait pas devenir un agent...

Elle allait en séduire un.

Quelqu'un sonna à la porte, faisant sursauter la jeune femme et la sortant brutalement de ses pensées. Il s'agissait du chauffeur du GISAR qu'elle attendait avec anxiété. Sans dire un mot, celui-ci empoigna le bagage d'Enora qui jeta un dernier coup d'œil vers l'autre bout du couloir, espérant apercevoir une dernière fois sa mère, mais elle ne vit personne. Elle jeta un coup d'œil vers cette ancienne maison de maître que possédaient ses parents, demeure dans laquelle elle avait grandi, ri et surtout pleuré. Elle inspira profondément, essuya derechef ses joues humides. Le conducteur siffla, mécontent du temps que lui faisait perdre la jeune femme et, sans plus attendre, elle alla le rejoindre dans le silence le plus total. Elle monta ensuite dans le véhicule qui la conduirait au GISAR où elle passerait l'épreuve de sélection qu'elle se devait de réussir.


Rebels : 1. La SélectionWhere stories live. Discover now