Chapitre 7

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Une fois chez moi, je m'empressai d'aller m'enfermer dans ma chambre pour, enfin, éviter les interminables questions de Marie et Christian.
Je me laissai tomber sur ma chaise de bureau, jetai mon sac sur mon lit et renversai la tête en arrière.

Ma chambre aussi simple que possible était constituée d'un lit double recouvert d'un édredon  écarlate en son centre, d'une vieille armoire et d'un bureau en bois. Je n'avais pas besoin de plus.

Je ne manquais pas d'argent, loin de là. A la mort de mes parents, j'avais hérité d'une belle fortune. Je n'avais jamais su que mes parents étaient pourvus d'une aussi grande richesse jusque-là. Personne ne m'avait renseignée lorsque j'avais demandé d'où provenait tout cet argent. Personne, ne savait, sans doute, comment un biologiste et une pompière avaient fini aussi fortunés.

Je me fichais, pour ma part, littéralement de tout ça. Ils étaient décédés et tout l'argent du monde ne pourrait les ramener. Personne ne revenait jamais. Alors, à quoi pourrait bien me servir cet héritage s'il ne pouvait pas me donner ce que je voulais vraiment.

Je me levai et allai dans le seul endroit pouvant m'apaiser. Mon balcon, plus que ça, c'était devenu mon refuge, mon cocon.
Il donnait vue sur une magnifique fontaine blanche dans un petit parc appartenant à la résidence.
Je m'assis à même le sol pour contempler ce parc vide dû à la pluie du jour précédent. Le ciel se teintait à l'horizon d'une magnifique lueur cuivrée annonçant le coucher du soleil.

Je restai là, à regarder les nuages se déplacer lentement, les branches des arbres se balancer au gré du vent, les feuilles mortes voltiger sur le sol, l'eau se dévalant du sommet de la fontaine et les vaguelettes de l'eau une fois en bas...

-Pourquoi t'agites-tu tant?
-J'ai envie de rentrer regarder la télé, avec Alix! M'exclamai-je.
L'homme à mes côtés rit doucement.
-Attends un peu et lève la tête.
-Après on rentre? Soupirai-je.
-Oui, promis.
J'obéis pour me retrouver face à ce même spectacle fascinant.
-Oh! Y'a du rouge?! Mais pourquoi il dévore le bleu?! M'écriai-je sous le choc.
-Papa? Insistai-je face à son silence.
Il fixait le ciel et semblait perdu dans ses pensées. J'attendis patiemment, qu'il revienne à lui, en regardant, une fois de plus, la lueur rougeoyante au-dessus de nous.
-On appelle ce phénomène, le crépuscule. Scientifiquement, c'est dû au soleil, mais ça on te l'apprendra plus tard, ma chérie. Ce que je peux te dire, c'est que ce rouge qui a l'air comme tu dis, de manger le bleu du ciel, annonce la fin de quelque chose. Beaucoup pense que cela indique la fin de la journée. Mais il se cache tellement plus de chose derrière ce décor irréel... tellement plus... Tu verras, tu comprendras un jour, m'expliqua-t-il après plusieurs minutes de silence.
-Cela n'arrive que le soir? Demandai-je à présent curieuse.
-Non, le matin aussi, très tôt, avant que tu ne sois levée.
- Alors ça annonce aussi le début de... d'une chose?
-Dans un sens, si on se restreint à la journée, mais j'y vois davantage la fin de la nuit.
-Donc ça annonce toujours quelque chose de bien?
Il marqua une pause.
-Le renouveau peut être bon comme mauvais. Le soir, cette lueur laisse place à un nouveau jour, c'est vrai mais aussi à l'obscurité de la nuit qui terrifie de nombreuses personnes, et, pourtant, qui apporte aussi le repos à certains. Et le matin... Elle ramène la lumière dans les ténèbres annonçant une nouvelle journée, certes mais surtout son lot d'actions quotidiennes ou inhabituelles. Ces actions peuvent être bien, comme quand tu as de bonnes notes à l'école ou mauvaise comme quand tu es malade ou que tu apprends une mauvaise nouvelle.
Il se tourna vers moi.
-Tu vois, comme de simples choses peuvent nous faire tirer les meilleures leçons? Ici, est une des plus connues : Tu ne dois pas te fier aux apparences et grave ceci dans ta mémoire. Jamais rien n'est totalement blanc ou noir, il y a toujours de multiples teintes.
Cette couleur que tu vois, ici, me dit-il en désignant le ciel, elle est la couleur du sang, des flammes et de l'aube et du crépuscule comme maintenant. Elle fait partie des couleurs, dites, chaudes. Cette catégorie m'inspire toujours la même image. Veux-tu savoir laquelle?
Je hochai hâtivement la tête, complètement fascinée par ses mots. Il me fit un grand sourire avant de répondre:
-Je vois, une couverture moelleuse qui réconforterait quiconque de sa chaleur.
Après une minute de réflexion, je me lançai et le questionnai:
-Elle sera toujours là?
-Tu veux parler de ce rouge qui dévore le bleu?
-Oui

Le Témoin recherchéWhere stories live. Discover now