L'amour dure plus qu'une vie (camren)

Petacalco, Mexique, 2016

Camila massa le dos de Lauren en attendant que le jour se lève. De temps à autre, elle secouait Lauren gentiment ou posait la main sur sa poitrine pour s'assurer que Lauren était toujours en vie. De temps en temps, Lauren poussait un gémissement rassurant.

Il faisait assez jours pour que Camila puisse distinguer les contours de leur rocher. Il présentait trois pics et plusieurs creux où s'était accumulée l'eau de pluie. Camila avait grand besoin de s'hydrater, mais elle n'osait pas bouger de peur de réveiller Lauren affalée en travers de ses jambes.
Le jour était de plus en plus lumineux, mais il n'y avait aucune terre en vue. Lauren les avait entraînées très loin au large.

Camila frissonna au simple souvenir de la nuit qu'elles venaient d'endurer. Elle allait y repenser méthodiquement, analysant ses souvenirs les uns après les autres. Le premier qui lui revint à l'esprit fut celui de sa lente descente au fond de l'eau. Elle désirait mourir et Lauren non.

Camila ne savait pas comment Lauren avait réussi cette exploit : nager pendant des heures et des heures, alors qu'elle même ne pouvait plus faire un mouvement. Lauren avait nagé pour elles deux.

Elles allaient s'en sortir. Ce que Camila n'aurait jamais cru possible le devenait grâce à Lauren. Elles avaient assez d'eau pour tenir deux jours. Le ciel était dégagé et la mer calme. Il passerait bien un bateau à un moment où un autre qui leur porterait secours.
Et ensuite? Que deviendraient elles?

Lauren remua et se retourna sur le dos. Camila se pencha sur elle et l'embrassa sur la bouche. Ce rocher n'était pas des plus confortable et ses mollets étaient tout égratignés. Il fallait avoir été, comme Lauren, à l'article de la mort pour réussir à dormir dans de telles conditions.

Camila se demanda si Lauren n'était pas en train de faire un cauchemar en voyant ses traits se cripser soudain douloureusement et son corps trembler puis se raidir. Son visage refléta une angoisse démesurée. Camila lui massa délicatement le ventre et la poitrine du bout des doigts, dans l'espoir de chasser ses mauvais rêves.

Les premiers rayons du soleil forcèrent Lauren à ouvrir les yeux. Elle les referma plusieurs fois de suite avant de parvenir à les garder ouverts.

-" C'est toi." Dit Lauren en voyant Camila.

-" C'est moi." Confirma Camila en lui embrassant le front et les tempes.

-" Je suis contente. Ou sommes nous?"

-" Nous avons suivi une mouette jusqu'à un rocher. Je suppose que tu as mal partout." Dit t'elle en lui passant tendrement la main dans les cheveux.
Lauren acquiesça.
Camila souleva tout doucement la tête de Lauren et la posa sur ses genoux.
" Franchement Lauren, je ne comprends pas comment tu as fait pour nous ramener jusqu'ici. Il semble que tu as gagné un nouveau pouvoir magique, d'un genre plus aquatique."

-" Ça me fait mal quand je ris..."

-" Bon, alors nous allons parler de choses tristes."

Lauren acquiesça lentement, tendit la main et effleura la fermeture éclair de sa blouse.

-" Je me souviens de cette blouse. Je l'adore. J'adore te l'enlever. "

-" Ce n'est pas encore trop triste."

-" C'est ce qui m'est arrivée de mieux."
Camila se pencha de nouveau sur elle et l'embrassa à l'envers sur la bouche. Lorsqu'elle se redressa, Lauren la regardait gravement.
" Il faut que je te dise quelque chose."

-" D'accord."

-" Sais tu ce que j'ai fait la première fois que je t'ai vue?"

-" Non."

-" J'étais une soldat et j'ai mis le feu à ta maison."

-" Quand était ce?"

-" En 541."

-" Je ne m'en souviens pas."

-" Tu as péri dans l'incendie. Je suis désolée."
Lauren attira Camila vers elle et enfouit son visage dans son cou. Cette tragédie s'était déroulée il y avait presque quinze siècles, et pourtant sa culpabilité était toujours aussi vive.
" C'est la chose la plus importante que j'avais à te dire. J'y pense en permanence. Il y avait si longtemps que je désirais te l'avouer."

-" Je suis contente que tu l'aies fait. Parce que maintenant tout est bien." Répondit elle en lui massant tendrement le ventre.

-" Comment ça ? "

-" Ce que Lauren à pris, Lauren l'a rendue. Tu m'as donnée plus que tu ne m'as pris, mon amour. Nous sommes quittes. Tu peux oublier à présent."

Deux heures plus tard, Lauren se reposait contre Camila, lorsqu'elles entendirent un bruit de moteur.

-" C'est un bateau!"

Une barque de pêche venait en effet dans leur direction. Elles se levèrent ensemble et agitèrent les bras. Camila le siffla même comme un taxi, ce qui épata Lauren.

-" Tu m'apprendra? "

Le capitaine les repèra et obliqua vers le rocher.
Lauren avait oublié à quel point leur accoutrement était déplacé, jusqu'à ce que la mine des trois hommes du bateau le lui rappelle.

-" Nous avons eu quelques petits problèmes." Expliqua t'elle en espagnol.

-" Je vois ça. Tout va bien?" Demanda le capitaine.

-" Oui, oui. Vous pourriez nous déposer sur la côte ? "

-" Bien sûr. Nous pourrons vous laisser à Petacalco. De la, vous pourrez vous rendre à Mexico."

-" C'est parfait. Merci beaucoup. Je regrette de ne rien avoir sur moi pour vous dédommager."

Le capitaine oberserva une seconde Lauren en sous vêtement et eut du mal à se retenir de rire.

-" Apparemment, vous voyagez léger, vous."

Elles prirent place toutes les deux à l'arrière du bateau. Lauren avec le téléphone du capitaine, réussit à réserver des places dans un avion pour New York qui devait décollait le soir même.

Camila, elle, ne cessa d'observer Lauren avec tant d'amour dans les yeux.