Prologue

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J'ai toujours détesté le café.

Voilà une bonne phrase d'accroche, enfin pas vraiment. À vrai dire, il y a quelques jours j'ai remarqué que j'aimais l'absurde. Et quelle idée de commencer un bouquin par "j'ai toujours détesté le café"? Ça sonne un peu faux, un peu bancal et très prétentieux. Quel est l'intérêt à prendre connaissance de mes goûts ? A vingt ans en plus, je devrais être assez grande pour la boisson "des grands" non? Mon professeur de français en première nous avait avoué, une lueur coupable au creux de ses yeux, qu'il n'avait jamais dépassé le stade Nesquick et que pour rien au monde il ne changerais ça.
Je disais donc, j'ai toujours détesté le café, de même avec le thé et toute boisson chaude autre que le breuvage chocolaté. J'essayais tant bien que mal d'expliquer à cet inconnu ma vision des choses mais apparement, rien n'y faisait :

— Attends t'es en train de me dire que tu tournes au cacao? Tu déconnes?

— Non toujours pas, lâchais-je agacée. Je sais que ça peut paraître déconcertant vu qu'à la base tu voulais me payer un café pour faire "connaissance" mais je suis désolée moi c'est lait, cacao et rien d'autre.

— J'en reviens pas.. Attends mais t'as quel âge rappelle moi?

— 20 ans je t'ai dit... Bon écoute ça doit faire au moins 5 minutes que tu bloques là dessus. Moi, j'y vais. Salut.

Je fis signe au serveur, paya ma consommation et rejoignis mon école le plus rapidement possible. Avec son cerveau déficient, il m'a mise en retard ce con. J'accélerais le pas en pensant à la journée qui m'attendais.

J'ai toujours eu un feeling avec les choses à défaut d'en avoir un avec les gens.

Quand j'ai vu le prospectus pour cette école d'art dans la salle d'attente de la conseillère d'orientation, j'avais flashé sur le dessin. Les couleurs étaient parfaitement choisies et les traits étaient nets, précis.

Je n'ai jamais vraiment eu de talent en dessins d'après moi, la plupart de mes professeurs au collège me répétait sans cesse que j'avais un style bien à moi et que je pourrais vivre de mes dessins. Pourtant je ne voyais sur mes feuilles que des gribouillis sans réelle substance.

Après avoir longtemps hésité, j'ai décidé de m'inscrire dans cette école. Je n'avais pas vraiment le choix, rien ne me donnait envie et j'ai tenté ma chance. Je sortis 1ère de ma promo la première année. Et je me retrouvais cette année en ayant perdu toute envie de dessiner. Mais j'avais payé l'école et ne pouvait me permettre d'arrêter financièrement.

Après sa mort, j'avais arrêté totalement de dessiner, rien n'y faisais, il était hors de question que je dessine, pas même un pauvre soleil. C'était lui mon soleil, et lui seul me donnait envie de continuer à faire sortir mes monstres.

Maintenant ils sont bien au chaud dans ma tête, et je ne compte pas les faire sortir de si tôt.

Une âme en couleurWhere stories live. Discover now