Antoine s'est avéré être un jeune homme tout à fait intéressant. Son côté détestable et arrogant semble vite être caché par son humour prononcé. Il me bousculait dans mes habitudes et j'étais toujours en train de décider du sort que je lui réservais. Il m'avait laissé son numéro accompagné de son sourire charmeur à deux francs cinquante. J'avais ri :
— Je ne sais pas à quoi tu joues, mais ce n'est certainement pas moi qui sera ta coéquipière de la partie, tu peux garder ton numéro je ne suis pas intéressée, avais-je lâché.
— Dommage, je te voyais bien avec moi en pleine partie de Call Of Duty pourtant... Prends le et tu verras si tu décides de m'appeler ou non, avait-t'il répondu un air amusé sur le visage.
Je ne l'appellerais pas. Je ne jouais pas avec les enfants provocateurs qui pensaient leurs charmes infaillibles, et surtout depuis qu'il n'était plus là.
Quelques jours étaient passés depuis l'épisode et lors de mon habituelle pause de midi, j'étais retournée dans ce petit restaurant.
— T'aurais-je manqué vieille harpie ?
Sans même avoir besoin de me retourner j'avais compris qui était mon interlocuteur. C'est donc toujours dos à lui que j'avais répondu :
— Si tu m'avais manqué, je te l'aurais fait savoir Monsieur le rebelle.
Culotté, il s'était levé et était venu s'asseoir à ma table sans même une invitation de ma part.
— C'est très mignon de voir que tu gardes espoir, mais vous pouvez aller vous rasseoir à votre table toi et ton pet, avais-je ajouté.
— Nous sommes plutôt bien installés ici, et puis je sais que tu meures d'envie que je fasse un peu d'animation dans ta vie ce midi. Ca te donnera une réelle raison pour râler, répondît-il avec un clin d'œil.
Il me fatiguait, certes la vision de son être n'était pas déplaisante, mais il me traitait comme une de ces filles qui tombent pour une paire de jolis yeux. Et je détestais ça.
— C'est très impoli d'ignorer les autres vieille harpie.
— C'est très impoli de venir déranger une demoiselle en plein repas également, chacun sa galère Monsieur le rebelle.
Il avait juste sourit et j'avais terminé mon repas en silence, lui, son éternel joint à la bouche, et moi, mon piteux plat du jour.
Le silence n'avait pas semblé le déranger car lorsque je me levais afin de retourner dans mon école il dit simplement :
— A demain midi Lara, ne crois pas que je lâcherais l'affaire si facilement, je pense que les maniaques du contrôle dans ton genre ont besoin de se faire bousculer et je relève le défi.
Le défi ? Je méritais mieux que ca, je n'étais pas qu'un vulgaire trophée scintillant qu'on expose à la vue de tous avec fierté une fois remporté !
C'était sur ces pensées rageuses que j'étais retournée dans le cours de Mr Shnonberg. Qu'il aille se faire foutre lui aussi d'ailleurs. Il était encore en train de s'énerver sur mon travail.
— Vous savez quoi? J'ai rien à faire dans ce cours à vous écouter. Alors vœux exaucé : bonne journée.
J'avais prit mes affaires et quitté la salle sous le regard ahuri des autres élèves. Et c'était bien mieux comme ceci.
