Premières leçons

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Il était debout, baguette à la main, avant que le hurlement qui troublait la quiétude de cette fin d'après-midi n'ait commencé à s'éteindre pour se transformer en gémissements entrecoupés de sanglots. Il rangea sa baguette dans sa manche avant de se mettre à genoux à côté de la jeune femme en proie à un cauchemar qui devait être particulièrement réaliste, et qui se débattait maintenant dans son sommeil contre un ennemi invisible. Il la prit par les épaules pour l'immobiliser, tout en la secouant pour la réveiller. Les yeux d'Hermione, noyés de larmes, s'ouvrirent d'un coup, rencontrant les siens, et elle jeta ses bras autour de son cou en criant son nom, les faisant tous les deux basculer sur l'herbe, avant de se reprendre presqu'immédiatement, et de se reculer vivement, le feu aux joues.

—Par-pardon ! Je... je suis désolée ! Cauchemar... morts... serpent... sang... du... du sang partout !

Elle inspira un grand coup en regardant autour d'elle. Ses propos étaient confus, il était visible qu'elle était encore sous le choc de son rêve.

« Je suis désolée », répéta-t-elle plus calmement.

—Ce n'est pas grave, éluda-t-il... faites-vous souvent ce genre de cauchemar, miss Granger ?

—Trop souvent à mon goût. On pourrait penser qu'après dix ans ils auraient dû s'arrêter, mais...

—Mais vous étiez une adolescente, plongée au cœur de la bataille la plus meurtrière de la guerre. Vous avez été confrontée à l'horreur pure, des amis, des camarades qui avaient votre âge, des personnes que vous connaissiez, que vous aimiez, sont morts, peut-être même sous vos yeux, certains dans des conditions atroces. En aucun cas vous n'étiez préparée à que vous avez vu, à ce que vous avez vécu... il est normal que vous ayez été traumatisée. Et croyez-moi, malgré tous les dictons, proverbes et autres paroles sensées être rassurantes, le temps ne guérit, hélas, pas tous les maux... De plus, tout le monde ne réagit pas au stress engendré par de telles choses de la même manière, certains s'en sortent mieux que d'autres. Je... je sais ce que...

Il ferma les yeux un instant en se passant une main sur la nuque, avant de continuer.

« Vous prenez quelque chose pour ce problème de cauchemars ? »

—J'ai arrêté la Potion de sommeil sans rêves lorsque j'ai constaté que je commençais à développer une accoutumance, et les autres potions de sommeil, pas plus que les médicaments moldus n'ont aucune action sur les cauchemars. Les techniques de relaxation aident un peu, mais même s'ils se sont un peu espacés, ils reviennent régulièrement.

Il hocha la tête, et elle fut touchée par l'expression de compréhension douloureuse qui s'afficha un court instant sur ses traits.

—Malheureusement, j'ai bien peur d'avoir à vous dire qu'il n'y a hélas effectivement rien de plus à faire...

—Vous...

—Je suis loin d'être aussi inhumain et insensible que la plupart se complaisent à le penser, et ce genre de... chose m'est plus familière que...

Il se leva et se rapprocha de la rive du lac, dans lequel il commença à jeter rageusement des cailloux qu'il avait ramassés par terre au passage. Une sourde colère se lisait dans la crispation de ses muscles, qu'elle devinait au travers du tissu léger de sa chemise. Après un petit moment, elle le rejoignit au bord de l'eau.

—Je suis désolée si je vous ai mis mal-à-l'aise.

—Cessez de vous excuser pour une chose que vous avez faite sans vous en rendre compte. Je sais fort bien que vous ne vous seriez jamais consciemment jetée dans mes bras ! 'Elle ne s'est pas seulement jetée dans tes bras, elle a aussi crié ton nom' lui souffla la petite voix désormais familière, à qui il ordonna mentalement de se taire.

VulneraWhere stories live. Discover now