Chapitre 22

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Je pense que pour un « oui », j'aurais été capable de vendre mon âme au diable. C'est tout ce que j'attendais, tout ce que je voulais entendre un « oui ». Mais j'étais fou de croire qu'elle accepterait aussi facilement sans se poser toutes ces questions, sans me passer à la loupe à me demander ce qui pouvait bien motiver ma décision. Elle savait que quelque chose clochait et fuir n'aurait été que se voiler la face.

Elle retire ses mains des miennes, regarde par la fenêtre, esquisse un léger sourire et dans un soupire me dit :

« - On fuira quand on en aura terminé. »

Mais terminer quoi ? Combien de temps allons-t-on mettre pour « terminer » tout ça ? Des mois ? Des années ? Peut-être qu'il n'y aura tout simplement jamais de fin à cette histoire et peut-être que ce n'est pas de notre vivant que les choses s'arrangeront. En fait, nous n'étions sûrs de rien. Ni elle, ni moi. On se contentait d'avancer du mieux que l'on pouvait sans se rendre compte que plus on essayait de faire un pas en avant, plus en s'enfonçaient.

Elle n'avait pas lâché la fenêtre des yeux, perdue dans ses pensées. Dehors, le temps se gâtait. Il allait pleuvoir. Pourtant, ce n'est pas ça qui la dérange, non. C'est comme si... Comme si elle savait. Comme si elle savait que dorénavant, ces gros nuages gris ne nous quitteront plus jamais.

« - Je vais passer à l'appart', t'as besoin de quelque chose ? fis-je en me relevant
- Non, je crois que c'est bon. Merci. Tu reviendras ?
- Ouais, je fais vite. Juste le temps d'un aller-retour. »

Oui et non. Je passerais à l'appartement récupérer des affaires mais avant, je devais m'arrêter quelque part. J'avais une course à faire. Une personne à voir.

Léo.

Par simple intuition, je me dirige vers ce vieil entrepôt où l'on avait suivi Raya l'autre jour. Tout est aussi calme et désert que cela semblait l'être la première fois que Nico et moi nous nous sommes arrêtés ici .

« - Je savais que tu viendrais. »

Rien que d'entendre son arrogance dans le ton de sa voix, j'ai déjà les poils qui se hérissent. Ça me tue d'être là mais ça me tue de rester les bras croisés.

« - Je suis là pour Amélia, comme tu le sais. Comment peux-tu l'aider ?
- Ta ! Ta ! Ta ! Ça ne fonctionne pas comme ça petit frère. Ne me la fais pas à l'envers. Avant de t'aider, tu dois me rendre un « petit » service.
- Je m'en doutais...
- Rien n'est gratuit Kyle.
- Quel est ton prix ?
- Oh ? Tu n'essayes pas de négocier ? De me dire que l'on peut s'arranger ? Tu dois vraiment être désespéré. En fait, t'as toujours été un être faible.
- Garde ton venin pour toi... Je t'écoute.
- Bon eh bien si tu sembles si presser... J'aimerais que tu voles un document pour moi. Une broutille trois fois rien.
- Et c'est tout ?
- Oui. Juste ça et je serais peut-être disposé à te fournir mon soutien.
- Quel genre de document est-ce ?
- Ah non ! Pas de questions, tu le voles c'est tout. Le contenu se trouve dans une enveloppe que le Consul cache soigneusement dans son bureau. Rien de plus.
- Tu veux que je vole le Consul ?! C'est de la folie !
- D'une... Oui et des deux... Non. T'es un garçon intelligent alors sers-t'en. Tu y arriveras.
- Et qu'est-ce qui se passera si j'échoue ?
- Oh, rien de bien grave. Du moins dans nos relations, cela ne change strictement rien mais si le fait que tu aies cambriolé le Siège venait à se savoir... Aïe, je pense que l'on pourrait éventuellement te considérer comme un traître. Ce serait dommage non ?
- C'est impossible...Tu le fais exprès. Tu me fais perdre mon temps Léo ! »

Je détourne les talons et m'arrête alors que j'ai à peine fait deux mètres devant moi.

« - Tu sais que tu n'as pas le choix. C'est elle... Ou pas. Tu vois petit frère, si tu m'avais écouté depuis le début, si tu m'avais laissé gérer, je t'aurais épargné la peine de t'engager avec elle. Si tu t'en débarrassais, tu ne serais pas coincé dans toute cette histoire.
- Si tu n'es pas un sale enfoiré, on n'en serait pas là.
- En attendant, c'est toi qui as besoin de moi. Pas l'inverse. Alors ? On a un marché ? »


Il tend sa main vers moi et j'ai un haut-le-cœur quand je saisit sa poignée, mettant un terme à notre accord. Si ce n'est que voler une enveloppe, ça me paraissait simple ou du moins, moins compliqué que ce qu'il n'y paraîtrait.


« - Marché conclu. »


Le tout maintenant, c'était de le faire. De voler le Siège, de trahir tous ceux qui ont confiance en moi et d'espérer que mon enfoiré frère soit réellement ce miracle que j'attendais, maintenant, avec une trop grande impatience. Mais que ne ferais-t-on pas pour la femme que l'on aime ?

Hunters - Tome 2Where stories live. Discover now