quelle surprise!

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J'avais laissé mon smartphone tomber tellement que la nouvelle m'avait bouleversé.

-Néné : ohh j'espère que le téléphone n'est pas cassé. Rougui je ne sais pas ce qui arrive à tes mains.

-Moi (en ramassant le téléphone ) : Non heureusement c'est toujours allumé sakh

J'avais pris du temps pour relever mes yeux et regarder mon père. Je voulais que tout soit un rêve ou que mon père soit entrain de blaguer mais non c'était loin de là. Et la voix de mon père me rappela que c'était une réalité oui ma réalité il fallait que j'affronte

-baba: c'est normal que tu aies peur. Toute jeune fille éprouve ce sentiment lorsqu'on lui annonce son mariage...(dans un air moqueur )
Bon je disais qu'on a une date pour ton mariage. Tu sais ta belle soeur farmata doit rentrer au fouta, sa mère ne cesse de lui demander. Je l'amènerai et j'en profiterai pour te marier à mon homonyme là bas le 20janvier prochain inchallah (Les mariages religieux de la famille se font à fouta).
Mais ça sera seulement le mariage religieux. Pour la cérémonie ça sera pendant les grandes vacances tu seras libre de faire le mariage de tes rêves. Je voulais vous unir depuis les vacances passés juste après l'obtention de ton bfem mais avec les fêtes de korite et de tabaski j'étais trop occupé avec le magasin.

Baba parlait en prenant son temps comme si c'était banal.
Bon c'est notre point commun aussi on parle nonchalamment. J'étais habituée à cette façon de parler qui peut prendre beaucoup de minutes. Mais ce jour on aurait dit que le discours de mon père avait pris toutes les heures de ma vie. J'en avais assez d'entendre mais il me fallait écouter parce que c'est comme ça qu'on nous a éduqué, écouter attentivement.
Baba continuait son discours

Baba: je comprends tout ce que tu puisses ressentir à l'instant mais ne t'inquiètes pas ça va passer. Et tu sais je pouvais ne pas te prévenir comme je le fais avec mes nièces mais tu sais que toi tu es ma princesse, tu portes le nom de la femme qui m'a mise au monde, tu es ma préférée, mon porte bonheur (à ma naissance les choses sont allés mieux pour lui ), donc c'est pourquoi j'ai fait une exception pour toi. Et je te fais entièrement confiance car tu as toujours été la fille que je veux. Et ne t'inquiètes pas je ne ferai jamais quelque chose de mal pour toi. Ton futur mari est un homme bien je le connais très bien et c'est ton cousin aussi.

Après son fameux discours je lui dit

-Moi : c'est fini ? Je peux partir?

-baba : oui si ta mère n'a pas quelque chose à ajouter.

Néné : Non t'as tout dit kaaw

Je sors de la chambre sans même leur dire "oui ".
Je ne pouvais pas parler j'avais les larmes aux yeux mais je faisais tout pour les cacher.
Le sentiment que je ressentais j'ai pas le mot parfait pour le décrire . Je pense que seules les personnes qui ont vécu cette situation peuvent le ressentir. J'étais mélangée entre surprise , peine, tristesse, angoisse, ... J'étais partie dans ma chambre me jetant sur mon lit et j'avais le cœur qui battait à vive allure. Je transpirais alors qu'on était en période de froid. Et la date du 20janvier résonnait dans ma tête.
Je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je n'en revenais vraiment pas. "Non c'est pas vrai" disais-je pour me consoler

Eh oui c'est vrai que j'étais restée seize longues années consciente que ce jour allait arriver mais cette phrase avait sonné comme une surprise. Oui c'est comme si c'était la première fois qu'on m'en parlait.Mais la réalité c'est que c'était surprenante.
C'est vrai que je savais qu'on allait me donner en mariage tôt ou tard à Abou Sy mais je ne pensais pas que ça arriverait si tôt. Je croyais que mon père me laisserait même jusqu'après le baccalauréat parce qu'il en parlait rarement et il tenait beaucoup à mes études. Même la famille lui reprochait le fait qu'il se déclare un véritable "foutanké", un raciste et qu'en même temps qu'il envoie sa fille à l'école des blancs.
Mon père leur répondait toujours que l'école ne changerait jamais ses filles et il me donnait toujours en exemple car en tant que élève il me donnerait en mariage à son neveu foutanké et berger.
Il me disait toujours:

chronique de Rougui : quelle solution? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant