#14 Lassée par la foule, là, elle fout l'camp et me fout l'cafard

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Ce fût le tambourinement dans mes oreilles qui me réveilla, suivit de près par le besoin urgent de me diriger vers les toilettes les plus proches. Alors que mon corps évacuait tout ce qu'il pouvait de mon système, je sentis une main me soulever les cheveux et une autre me caresser le dos. Je tournais un peu la tête pour voir Doums me faire un sourire rassurant.

- Pars !! Je ne veux pas que tu me vois comme ça.

Il ne releva pas et continua à me caresser le dos alors que me tête retournait dans les toilettes. J'étais pitoyable. Mon corps convulsait et les larmes me montèrent rapidement aux yeux. J'avais envie de disparaître. Je posai ma tête sur mon avant-bras, qui était sur la cuvette des toilettes, pour me calmer. Doums m'aida à me relever et je remarquai soudain que nous n'étions pas chez moi. Nous étions probablement chez lui. Il me donna un coup de main pour me laver le visage et les dents, puis me porta jusqu'au canapé où je retrouvai Mohammed et Deen.

- Alors Mike Tyson ça va mieux ? Me dit Deen en riant.

- J'ai envie de mourir, je grognais la tête cachée dans un coussin.

- T'as la tête d'un mort en tout cas, il continua.

Je lui fis un doigt puis mis mon visage entre mes mains. Doums m'apporta un verre d'eau et un cachet et je le remerciai mentalement. Je regardai Mo qui était assis dans un fauteuil et n'avait pas dit un mot depuis mon arrivée dans la pièce. J'étais honnêtement trop mal pour lui demander ce qu'il se passait, alors je me contentai de l'observer.

Doums et Deen parlaient d'un concert qui avait lieu le soir même dans une petite salle parisienne. Ils étaient surexcités. Je ne participai pas à la conversation, essayant tout doucement de me remettre à l'idée même de devoir respirer. Mon corps entier me faisait mal et chacun de mes mouvements était un supplice. Mohammed fixait bizarrement le mur
au-dessus de moi. Alors que les garçons dirent le nom de Ken, je sursautai en me souvenant de ce qu'il s'était passé hier. Ils se tournèrent vers moi en entendant un gémissement de douleur suivre.

- Ca va pas bambi ? Demanda Doums.

Mes yeux étaient perdus dans le vide et je ne pris pas la peine de lui répondre. Au lieu de ça, je cachais de nouveau ma tête dans le plaid posé sur mes jambes.

- Je crois bien qu'elle a des flash-backs de sa soirée d'hier, rigola Deen. T'as envie de partager ça avec nous Rhéa ? On est curieux de savoir pourquoi et comment t'as réglé son compte au fennec.

Doums lui mit un coup de coude et Deen se tût. Il lui fît signe et les deux garçons partirent fumer sur le petit balcon. J'étais prostrée dans un coin du canapé. Les mots de Ken me revenaient un à un. A chaque phrase dont je me souvenais, j'avais l'impression de l'entendre pour la première fois. Cela me fît le même effet. Un coup de couteau. Un battement de cœur loupé. Les larmes me montaient aux yeux alors que je me souvins de son regard empli de colère et de dégoût. Je me mis inconsciemment à trembler, j'avais le souffle court. Mohammed sembla le remarquer puisqu'il se mit à côté de moi sur le canapé et me prit dans ses bras, ses mains caressant doucement mon dos.

- Respire Rhéa, tout va bien aller, ce n'est rien, il murmurait à mon oreille.

- Je ... Mo... toutes ces choses qu'il m'a dites... j'avais du mal à parler.

Il continua ses mouvements circulaires dans mon dos et j'essayai de me concentrer sur ma respiration. Il se leva pour aller me chercher un sachet. Je le pris et essaya de m'en aider pour respirer. Ce n'était pas la première crise d'angoisse que je faisais, mais cette fois, c'était vraiment pathétique. Je ne devais pas me mettre dans de tels états pour un mec comme Ken, pour des conneries qu'il m'avait balancé, profitant du peu de choses qu'il connaissait sur moi. Il avait directement tapé où ça faisait mal, il avait visé le cœur. Je lui en voulais horriblement. Le fait de penser à lui me rendit tout à coup nerveuse et je serrai les poings sans même m'en rendre compte. Mo attrapa ma main et la mit dans la sienne pour que je me calme. J'étais maintenant lovée contre son torse, ma respiration calmée.

The heart wants what it wantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant