#29 Est-ce que t'as détourné l'regard ? Dégoûté face à ta propre lâcheté

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Le réveil sur ma table de nuit affiche deux heures du matin quand je me réveille en sursaut. En sueur et complètement perdue, je me redresse dans le lit pour essayer de reprendre mes esprits. Je frissonne quand je vois Jules endormi à mes côtés et tout à coup, sa main contre ma hanche devient lourde et angoissante. Je me dégage lentement pour ne pas le réveiller et sort du lit. J'attrape un t-shirt qui traine à mes pieds pour me couvrir, l'air frais de la nuit faisant frissonner ma peau.

Je descends pour rejoindre la cuisine et ouvre le frigo pour me servir un verre d'eau. La vue de la bouteille de vodka attenante à la bouteille d'Evian me fait hésiter. Les mains tremblantes, je me sers un verre de l'alcool fort et l'avale cul sec. Alors que je m'assois sur un tabouret, ma tête tourne légèrement et mes membres se détendent. La pensée de Jules dans mon lit me déclenche une crise d'angoisse. Je refuse de comprendre ce qui m'a amené à coucher avec lui alors que je n'en avais pas envie mais pourtant j'en suis pleinement consciente : c'est Ken. J'ai beau l'éviter, lui et tous les amis que nous avons en commun, mon esprit n'est occupé que par son visage. Hier soir, alors que les mains de Jules parcouraient mon corps, je n'ai pu m'empêcher de le comparer avec Ken. Avec les baisers de Ken, avec les mains de Ken, avec Ken. Pourtant lui semble se passer de moi. Je n'ai reçu aucun message ni appel de sa part depuis deux semaines. Depuis que je l'ai vu avec cette fille lui gobant le visage. Le jour où j'ai été à cette soirée, je ne m'attendais pas à le voir, mais je m'y étais préparée. Pour autant, jamais je ne pensais le voir comme ça, avec une autre. Pas après tout ce qu'on s'était dit la veille, pas après les moments qu'on avait partagés. Je pensais qu'on avait réussi à créer un lien. Je pensais le connaître et il m'a prouvé le contraire sans même le savoir. Mon cerveau ne semble pas comprendre qu'il est mauvais pour moi. Il me pousse à faire des conneries et j'ai plus que tout envie d'aller le voir. Je ne sais pas si c'est pour lui faire regretter son comportement, pour lui donner une chance de s'expliquer ou même juste pour apercevoir son visage. Je veux juste le voir.

Cul nu contre le tabouret, je meure de chaud. Je tire sur mon t-shirt des casseurs flowteurs qui me colle à la peau. Gringe l'avait fait faire pour moi l'année dernière. C'est une taille enfant. Maintenant que j'ai repris du poids, je ressemble à Britney dans les années 2000 à chaque fois que je le porte. Autant dire que ce n'est pas souvent. J'attrape et enfile un boxer et mon pantalon de survêtement Nike qui trainaient sur le canapé ainsi qu'un gilet de la même marque puis mets mes écouteurs pour enfin sortir de la maison.

Je frissonne et sautille sur place pour aider mon corps à se réchauffer, peu habituée à des températures aussi fraiches.  Mon téléphone joue le dernier album de Kanye West que j'écoute avec attention. Doucement, je me dirige vers le parc où je prends place sur ma balançoire habituelle. Je ferme les yeux et me laisse bercer par la musique et le mouvement de la balancelle.

Je passe quelques minutes à me balancer en silence quand je manque de tomber. De grands bras m'encerclent et je sens mon souffle se couper sous l'effet de la surprise. J'essaye tellement fort de crier qu'aucun son ne daigne sortir de ma bouche. Je mets un coup de coude dans le torse de la personne derrière moi, ce qui lui fait relâcher sa prise sur mon corps et j'en profite pour me dégager. Alors que je cours pour être loin de cette personne, je vois Doums se tordre de douleur devant moi. Je l'entends gémir et le vois se tenir le thorax en grimaçant.

-          PUTAIN MAIS T'ES COMPLETEMENT MALADE DOUMAMS COULIBABLY !!!! C'EST QUOI TON PUTAIN DE PROBLEME PUTAIN DE MERDE !!! T'ES UN PUTAIN D'ESPECE D'INCONSCIENT. Je hurle, enfin capable de m'exprimer.

Il ne dit rien tant il semble avoir mal.

Prise de remords, je m'approche doucement de lui et pose ma main sur son épaule. Il murmure doucement : « beh putain ça en fait beaucoup des putains dans une seule putain de phrase ! » Je le pousse doucement en riant et il se repli de plus belle sur lui-même.

The heart wants what it wantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant