04/12

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    « Allez dans la paix du Christ ! »

    Deux heures de messe, que je suis heureuse d'enfin en apercevoir la fin ! Avec tous ces pépés mémés, le père Knock et son accent anglais ont dû faire le service encore plus lentement, parce qu'une vieille assise devant a râlé au début : « Vous pourriez parler moins vite et articuler mon bon monsieur ? Je ne comprends pas un mot de ce que vous dîtes ! Vous ne faîtes pas la messe en latin j'espère ? ». Qu'est-ce que j'aurais aimé qu'elle s'étouffe avec l'hostie celle-la !

    Enfin, toujours est-il que c'est enfin fini, et qu'on va enfin pouvoir s'amuser un peu !

    Garance, assise derrière moi, me tapote l'épaule :

    « C'est toi qui as le film Héloïse, c'est bien ça ?

    — Ouais, j'ai donné le fichier à Fetnat, je réponds tout sourire.

    — Super, tu vois que quand tu y mets du tien tu arrives à faire les choses bien ! »

    Ah Garance ! si seulement tu savais...

    L'église se vide peu à peu, et les vieux montent dans leur omnibus dernier cri pour faire les cinquante mètres qui nous séparent de la maison de retraite. Nous les jeunes devons évidemment marcher dans le froid glacial de ce début décembre. J'adore le concept de l'hiver froid, gris, venteux et surtout sans neige. Ça donne vraiment envie d'aimer la vie et de sortir de chez soi !

    Finalement, nous arrivons aux Tulipes et Garance n'est pas morte congelée dans ses collants de satin en chemin. Dommage... Le père Abdel nous salue et nous souhaite bonne chance avant de nous abandonner à ces vieux schnocks. Comme à son habitude, madame-parfaite a pris les commandes et, son calepin sous le bras pour noter on-ne-sait-quoi, gravit déjà les marches du perron, direction la salle de projection. Nous la suivons avec plus ou moins de motivation, et Paul me demande en toute innocence :

    « Au fait Héloïse, tu as choisi quoi comme film ?

    — Oh, un truc un peu moyenâgeux, je me suis dit qu'ils avaient dû voir et revoir les films sur Jésus et tout le toutim.

    — Ah, c'est sur Jeanne d'Arc ? Ou les Croisades ?

    — Presque ! je réponds avec mon plus beau sourire. »

    Au moment même où je prononce ces mots, nous arrivons dans la salle cinéma. Les lumières sont déjà éteintes et les vieux déjà installés. C'est qu'ils sont pressés dis donc ! Fetnat est assis sur le côté, et déplace la souris sur l'écran géant pour lancer le film. J'ai appelé le fichier : "film pour les vieux", mais vu que la plupart rigolent, ils n'ont pas dû le prendre trop mal.

    Garance par contre me foudroie du regard... J'ai hâte de voir la tête qu'elle va tirer quand elle verra le premier épisode de Games of Throne commencer !

    Ça y est, c'est parti. Je me délecte en observant la réaction des personnes autour de moi : Paul fronce les sourcils, ne comprenant pas le rapport ni avec Jeanne d'Arc, ni avec les Croisades. Romaric est devenu tellement blême qu'il m'aveugle même dans le noir. Fetnat, lui, fronce les sourcils et se mord la lèvre en même temps pour éviter d'exploser de rire. Les autres ne voient pas encore le problème, et les pépés mémés sont excités comme des puces. Quant à Garance, elle se lève en hurlant :

    « Fetnat, arrête ça tout de suite ! »

    Mais au grand étonnement de chacun, la même mamie énervante de la messe pousse Garance avec sa canne :

    « Tu ne vois pas que tu m'empêches de regarder le film jeune fille ? Tu te crois transparente peut-être ?

    — Mais il faut arrêter ces images violentes, sexuelles et...

    — Tu as l'air de bien connaître ! je lui lance en riant. Tu regardes la série ? Et moi qui pensais qu'on n'avait aucun point commun ! »

    Garance fulmine, tape du pied comme une enfant de six ans puis finit par sortir de la salle en poussant de petits grognements. Paul et Romaric la suivent ; lorsque la porte se referme derrière eux, la petite mamie de devant s'exclame :

    « Bon débarras ! Maintenant, profitons ! Tu veux bien augmenter... Oh mais tiens, où est le nègre qui s'occupait du son tout à l'heure ? J'aurais juré l'avoir vu ! »

    Fetnat éclate d'un rire franc et met le son plus fort. Finalement, ils ne sont peut-être pas si coincés ces vieux...

[le mot de Flouce :
comme vous l'aurez peut-être compris, Romane s'occupe des chapitres impairs et moi pairs :D

en vous remerciant de lire cette histoire ♥]

Faut pas pousser Mémé dans le SapinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant