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    Nous attendons dehors depuis déjà dix minutes que Garance veuille bien ramener ses fesses probablement habillée de soie ou de satin à la maison de retraite.

    « Rappelez-moi pourquoi on ne peut pas rentrer ? je demande, agacée par le froid qui rentre dans mes chaussures et congèle mes pauvres petits orteils...

    — Parce que Garance nous a demandé de ne pas entrer avant qu'elle n'arrive, me réexplique Paul.

    — Ah oui, c'est vrai, son impératrice royale Garance dirige tout ici ! je soupire. »

    Ils me regardent tous avec mépris ou au moins tristement. Je tape dans un caillou en roulant des yeux. Celui-ci décolle, ricoche, et vient cogner une BMW qui se gare dans l'allée : la voiture des parents de Garance.

    Oups.

    Le père descend, furibond, et scrute sa carrosserie, à la recherche de la moindre petite trace. C'est finalement sur la vitre passager qu'il trouve un impact :

    « Mademoiselle ! » vocifère-t-il en s'approchant de moi. Ça y est, comme si je n'avais pas assez d'ennuis comme ça avec le groupe !

    Garance me fait peut-être pitié avec ses grands airs, son père lui par contre me file une de ces frousses ! Je frissonne de haut en bas, l'écoutant siffler son serment dans mes oreilles. "Blablabla ma voiture blablabla tu devras payer les réparations blablabla une nouvelle vitre va te coûter bonbon..."

    « Monsieur, intervient Romaric. Je pense qu'un objet ne vaut pas la peine qu'on monte sur ses grands chevaux pour lui. Ne partagez-vous pas cet avis ?

    — Petit, je ne sais pas qui tu es, si tu te prends pour Jésus le pacificateur ou quoi, mais sache que cette voiture vaut une petite fortune, déclare-t-il en pointant sa voiture du doigt et en appuyant bien sur chaque mot, et que ta copine (il me montre maintenant moi) vient de jeter délibérément un caillou dessus !

    — Je suis sûr qu'elle n'a pas fait exprès, poursuit-il.

    — Laisse tomber Romaric, je payerai les réparations. Désolée m'sieur, je réponds simplement avant de tirer par le bras mon camarade à l'intérieur.

    — Mais Hélo... »

    Je m'arrête net et le fixe d'un regard aussi noir que le troisième roi mage :

    « Ne m'appelle pas Hélo. »

    Il ravale sa salive et se remet à avancer, blême et apeuré. Les mains dans les poches, je suis le groupe, peu motivée à l'idée d'aller faire la lecture aux pépés mémés... Fetnat me rattrape et me montre une page internet sur sa tablette avant de chantonner :

    « Carglass répare, Carglass remplace ! »

    Je me mets à rire doucement et le remercie d'avoir trouvé comment réparer la vitre du cher papounet de ma très chère Garance pour moins de dix ans d'économies...

    « La petite ville de Verrières peut passer pour l'une des plus jolies de la Franche-Comté. Ses maisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges s'étendent... »

    Garance a à peine lu une ligne de Stendhal que je m'ennuie déjà. Pas que je trouve l'auteur particulièrement chiant, c'est simplement qu'elle est assommante lorsqu'elle lit. Et qu'on connait tous cette histoire, surtout les vieux. Le Rouge et le Noir, Julien Sorel, Mme de Rhênal... C'est bon, on voudrait des trucs un peu plus marrant !

     Cherchant à passer le temps autrement, je jette un coup d'œil circulaire à l'assemblée de vieux qui se tient devant jusqu'à ce que mon regard croise celui de Madeleine : il nous suffit d'une seconde pour comprendre.

    Rendez-vous dans sa chambre pour faire quelque chose de bien plus intéressant !

    A qu'est-ce que je l'adore cette mamie !



[hééé 600 mots tout pile !

comment allez-vous sinon ?

merci d'être aussi nombreux à lire cette histoire, ça fait drôlement plaisir !]

Faut pas pousser Mémé dans le SapinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant