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« Ô Seigneur ouvre les eaux
Laisse passer ton peuple épuisé
Laisse passer les gens harassés
Ô Seigneur ouvre les flots »

    C'est probablement le spectacle le plus nul que j'aie jamais fait. Le chant est débile, les costumes sont assez moches et la musique... Je m'ennuie et Romaric au piano aussi. La totalité de la partition est composée de 4 accords qui tournent en boucle, rien de très intéressant. On a du mal à tenir les petits calmes sur scène. Il demande le silence à tout va mais le brouhaha ne cesse d'augmenter. Soudain, les portes de la salle s'ouvrent et le Père Abdel entre :

    « Bonjour tout le monde, vous allez bien ?

    — Oui mon père, répondent en choeur les gosses.

    — Bon vous avez quelques minutes de pause, il faut que je discute avec Héloïse et Romaric. »

    Je disais qu'avant ils étaient bruyant mais par rapport au cri qu'ils ont poussé à ce moment, c'était le calme plat. Ils sortent de la salle en courant, trop heureux d'aller pouvoir se défouler dans la neige toute fraîche (parce que oui, il neige dehors).

    Une fois qu'ils sont tous partis le père Abdel se retourne vers nous et nous dit :

    « Alors comment ça se passe ?

    — Pas terriblement bien, avoue Romaric. Ils sont excités comme des puces, impossible de faire quoi que ça soit avec eux.

    — Je vois ... Mais je vous fais confiance pour gérer la situation avec l'aide du Seigneur. »

    Typique du père Abdel ça. Demander si ça va mais ne pas proposer de solutions quand ça va pas, en s'en remettant au Seigneur. J'ai rien contre Lui mais je sais pas si ça va vraiment nous aider à calmer les mômes :

    « Je venais surtout vous voir pour vous dire que j'ai écrit une scène supplémentaire, avec un solo et tout donc je vous laisse la partition. Ça parle du moment où Moïse reçoit les tables de la loi. »

    Ah. Fantastique. C'est vrai que ça nous manquait une partition supplémentaire à travailler.

    « Et donc il va vous falloir un soliste. »

    Ouh magnifique j'avais oublié ce détail. Comme si, avec les petits intenables, on avait que ça à faire.

    « Bon je vous laisse travailler, je vous renvoie les petits ! Bon courage à vous deux et que le Seigneur veille sur vous ! »

   La porte se referme derrière lui dans un fracas assourdissant.

    « On n'est pas du tout dans la merde, mais pas du tout.

    — Non, surtout dans la mesure où il nous faut ce soliste sinon le père Abdel va nous faire une crise parce qu'on saccage son travail musical et patata... »

    J'ai envie de chialer. Et Romaric va craquer aussi je le sens.

    Soudain la porte s'ouvre et les enfants entrent en courant. Pendant que Romaric aide la marmaille à se déshabiller, je jette un oeil à la partition que le père Abdel a déposée sur le piano. Bon ça va, le chanteur n'aura pas à faire d'exploits vocaux mais ça va être chaud. On leur refait chanter une des chansons en essayant d'isoler des voix sympathiques. Mais pas facile d'entendre les perles pendant que les autres couvrent en chantant faux. À la fin de la chanson, un petit garçon tient la note un peu plus longtemps. C'est juste c'est joli,ça fera bien l'affaire. En plus il est pas timide pour deux sous donc parfait ! Je me lève de ma chaise et pendant qu'ils entonnent à capella la chanson suivante, je m'approche. Ça va, ça passe sa voix. Je fais un signe discret à Romaric.

    À la fin de la répèt, on retient Sébastien (c'est son nom) quelques minutes :

     « Bon en gros, bafouille Romaric, le père a écrit une chanson et donc il nous faudrait... enfin on voudrait...

    — bref chante. »,

    Et je lui tends la partition. Je ne sais toujours pas si je dois interpréter sa grimace comme un sourire (un solo ça ne se refuse pas) ou comme un cri de détresse en mode je veux pas chanter du tout.

    On fait une première lecture. Il se débrouille pas mal mais on a du taf. Je le laisse se sauver avec sa partition.

     « Ouf, heureusement qu'on en a trouvé un direct, sinon on était un peu beaucoup très mal, s'exclame Romaric.

    — M'est d'avis que les ennuis ne font que commencer. »

( Coucouuuuu !! Vous excuserez mes pietres talents de parolière mais je n'avais jamais écrit de chanson sur un thème biblique (ni de chansons tout court). Merci de lire et à bientôt ! )

Faut pas pousser Mémé dans le SapinDonde viven las historias. Descúbrelo ahora