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Tous les matins, le réveil de ma mère m'arrache des bras de Morphée. A mon plus grand désespoir, il sonne vraiment fort et nos chambres ne sont séparées que par une mince cloison. J'ai le sommeil léger et une fois réveillée me rendormir est mission impossible.
Ma mère doit se lever une heure avant moi alors, tous les jours, je m'occupe en attendant qu'elle parte au travail. Généralement je fais mes devoirs car je ne les ai pas fait la veille.

Je ne dors pas beaucoup, environ cinq heures par nuit et même si j'aimerais atteindre le double, je n'y arrive pas. Pourtant, je suis exténuée et mes cernes en témoignent parfaitement.
Tous les soirs, je tourne en rond dans mon lit, pensant à absolument tout ce qu'il me passe par la tête, même si le plus souvent mes réflexions m'amènent au même endroit, encore et encore. C'est inlassable, à force je m'ennuie moi même, j'aimerai dire à mes pensées de se taire, j'aimerai éteindre mon cerveau, fermer mes yeux et arrêter la réflexion. C'est sans doute pour ça que je n'aime pas la nuit, quand il fait noir et que je me retrouve absolument seule avec comme unique compagnie toujours les mêmes pensées. Et pas les plus belles. J'ai déjà testé plein de solutions pour essayer de dormir ne serait-ce qu'un petit peu plus mais, malheureusement, sans grand succès.

Je dois pédaler en vélo environ une demie-heure pour aller au lycée. Je pourrais prendre le bus avec les autres élèves, ce qui serait plus pratique quand il pleut ou lorsqu'il fait froid, mais quitte à passer les trois quarts de ma journée avec les mêmes personnes, autant abréger ma souffrance et passer le moins de temps possible avec eux. Ce n'est pas que je ne les aime pas ou que je n'ai aucun ami, au contraire je dois avoir quelques connaissances dans ce bus, mais je me sens obligée  d'établir une distance entre les autres élèves et moi car je ne me sens pas à l'aise avec eux. J'ai comme une impression de ne pas être à ma place lorsque je suis en leur présence, je n'arrive même pas à m'intégrer dans leurs conversations, je ne sais pas quoi leur dire. Je n'ai jamais rien d'extraordinaire ni d'intéressant à raconter, rien qui ferait rire qui que ce soit. Alors, pour éviter toute gène, je préfère mon vélo. Je préfère me dire que c'est aussi bien pour eux que pour moi, et c'est parfait comme cela.

Lorsque nous arrivons au lycée, on a tous notre routine. La plupart du temps, les élèves restent dans la coure principale, pour profiter encore un peu de leurs amis avant que la cloche ne sonne bruyamment. Moi, je rejoins mon casier rapidement pour prendre les affaires qui me seront utiles et y déposer ce qui n'est pas important avant que les couloirs ne soient bondés puis j'attends devant la salle de classe.
Le plus souvent, en cours, je m'assois aux côtés de Lucie, une petite blonde un peu ronde, très gentille qui s'occupe de faire la discussion pour nous deux. Elle a toujours une histoire à raconter, elle épilogue sur tout, donne son avis sur environ tout ce qui existe, mais je l'apprécie, même si on ne peut pas dire que ce qu'elle me dit m'intéresse. Elle ne pose jamais de question alors je connais bien plus de choses sur elle qu'elle ne connait de choses sur moi.
C'est souvent comme cela, la plupart des gens aiment me raconter leurs vies et tout ce qui peut leur arriver de génial, mais ne se demandent jamais comment est la mienne. Personne ne me demande jamais pourquoi je ne prends pas le bus, pourquoi je ne reste pas devant le lycée discuter avec eux, pourquoi je ne vais pas à leurs fêtes les soirs de weekend, personne ne me pose de questions plus personnelles que le si banal "et toi ?" qui, majoritairement du temps, ne demande aucune réponse franche. J'imagine que c'est tant mieux, parce que je ne me vois pas leur dire que je ne prends pas le bus car une demie-heure en plus avec eux me seraient difficilement supportable.
Malheureusement, les gens normaux se lassent de raconter seulement leurs vies et de ne pas avoir de ragots sur celles des autres, alors au bout d'un certain moment, ils m'adressent de moins en moins la parole, ne viennent juste pour se réjouir de ce qui peut leur arriver ou bien s'en plaindre. Ca a toujours été comme ça, et j'ai bien l'impression que ça ne va pas changer de si tôt. D'ailleurs je ne vois pas comment je pourrais y remédier car je n'ai absolument rien à leur raconter. Je ne veux pas leur parler de mon banc, c'est mon endroit, je veux que personne ne sache son existence, sinon ils viendront tous pour fumer en cachette ou pour venir se peloter à l'abris des regards indiscrets. Hors de question. Alors de quoi d'autres pourrai-je parler ?  De mes livres ? Des élèves de ma mère ? Je ne pense pas que ce soit bien intéressant pour eux et ce qui l'est, ce n'est certainement pas à eux que j'en parlerais. Ni à quiconque d'ailleurs.
C'est bien cela le problème, tout ce dont j'aimerais parler, je ne peux pas le dire car ca n'intéresse réellement personne. Bien sûr, si je le dis à quelqu'un, il va m'écouter mais d'une oreille distraite, sans bien se rendre compte que ce que je lui dis est important pour moi. Je ne suis assez proche de personne pour pouvoir discuter de tout ce dont je pense. J'ai des connaissances avec qui je parle de tout ce qui est futile, des cours, de la météo et des galeries d'art, mais aucun vrai ami à qui je peux parler de mes doutes, de mes peurs, de tout mes problèmes. Et d'ailleurs, je crois bien que cela fait parti de mes problèmes.

Peut-être que si je pouvais juste parler, tout raconter et que quelqu'un m'écoutait vraiment, j'irais mieux ?
Mais j'ai déjà essayé, et c'est beaucoup plus compliqué que ça en a l'air.
Personne n'est vraiment intéressé par la vie des autres, à part si il peut en tirer profit. Si vos soucis ne les touchent pas, ils vont les écouter vaguement, sans aucune réelle compassion. Évidemment il est d'usage d'en feindre une. Cette réalité est d'autant plus flagrante au lycée.
Une fois qu'on a compris cela, on parle beaucoup moins de sois. Et le plus dur n'est pas de le comprendre, mais d'accepter que jamais personne ne s'intéressera à vous pour ce que vous êtes. Une fois qu'on l'a accepté, tout devient plus simple.

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Voila pour le chapitre deux ! Je vous remercie, de tout mon coeur, pour vos commentaires et les avis que j'ai reçu sur twitter.
Je sais bien que (pour le moment, je l'espère) je n'ai que peu de lecteurs, mais c'est déjà énorme pour moi car c'est la première fois que j'écris vraiment.

Je me suis fixée un minimum de 1000 mots par chapitre, pour qu'ils soient quand même assez longs.
Pour l'instant il y a peu de contenu, je l'avoue, mais c'est que le début !

En espérant que ca vous a plu, n'hésitez pas à me laisser des avis, ca m'encourage à continuer !
Bonne journée/soirée/nuit :)
-Marie

Pour les intéressés, mon twitter est : @halstonradio

(Excusez moi pour les fautes d'orthographe, j'ai fait de mon mieux.)

La cinquième saisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant