XXI. Léo

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Léo et Samuel rejoignirent Adèle qui patientait, assise sur les marchés de l'escalier. Chacun supportait un côté de Siam qui s'était évanouie, faisant se froncer les sourcils de la jeune femme. Elle se leva pour accourir vers eux et les aida à asseoir leur amie sur le palier, à la grande joie des deux garçons qui trouvaient quand même Siam drôlement lourde au bout d'un moment.

- Alors ? demanda-t-elle d'une voix inquiète tandis que Léo tapotait les joues de la libanaise avec insistance

- Monsieur Pallador, lâcha Sam. Et sa victime était un des ami de Siam.

Léo était désolé pour elle. Il ne la comprenait pas, mais était désolé. Et visiblement, Adèle aussi l'était, malgré l'animosité qu'elle avait envers Siam. Quant à lui, Monsieur Pallador était prof de physique-chimie depuis des lustres à Saint-Arménie et s'occupait de beaucoup de classes. Dont les premières L. Léo avait fait sa rencontre la semaine d'avant et n'avait rien noté de particulier à part beaucoup d'intérêt pour le premier meurtre. Mais qui ne pouvait pas s'y intéresser quand n'importe qui pouvait devenir victime de cela ?

- Monsieur Pallador ? Mais, c'est un bon prof, pourtant, commenta Adèle, étonnée.

- C'est pas lui le problème, mais Georgette, répondit Sam. Et puis tu t'attendais à ce que la personne originale soit un fou furieux ?

- Arrête de l'appeler comme ça. C'est mignon. Pas comme ce qu'il est. Et non, mais il aurait pu avoir des antécédents. Être protestant où je ne sais pas quoi.

- Bah ça se trouve il est protestant.

Soudain, faisant sursauter les deux parleurs, Siam se réveilla. Elle se colla à Léo, par réflexe, en fermant les yeux, comme pour oublier. Celui-ci l'entoure maladroitement de ses bras, ne savant pas franchement comment réagir. Il n'aimait pas la jeune femme. Il n'était pas son ami ni rien. Il se la coltinait parce qu'elle était la seule à comprendre la langue des signes.

Adèle s'agenouillant près d'eux, l'air inquiet. Léo n'arrivait pas à avoir d'opinion sur elle. On n'arrivait tout simplement pas à la ranger dans une catégorie. Elle était populaire, traînait avec eux, mais était gentille, intelligente et responsable. Et même quand elle n'aimait pas quelqu'un comme Siam, elle arrivait à s'inquiéter pour elle.

Samuel, c'était sûrement un peu plus facile. Quoique, on le jugeait peut-être trop vite. Il paraissait un peu bête, à parler sans arrêter, sans s'arrêter. Il élaborait des théories fumeuses, comme de celle de l'esprit. Pourtant, il était loin d'être con. Il savait tout un tas de chose qui laissait souvent croit coi les gens, même Léo qui ne lui avouerait sûrement jamais.

Siam, son cas était encore plus compliqué il avait l'impression. Elle l'énervait, elle l'énervait terriblement. Mais elle lui ressemblait à bien des égards, avec un peu plus de sociabilité quand même. C'était sûrement ça qui était le plus insupportable chez elle, qu'elle puisse lui ressembler.

- Théo, murmura soudain la jeune femme, les yeux pleins de larmes. On peut pas le laisser là...

- Les autorités auront du mal à le trouver, assura Adèle.

- Et ils ne se mettront à sa recherche qu'au prochain appel, c'est à dire ce soir, juste avant qu'on aille dîner. La peau à vif va être dégueulasse avec toute la poussière là-bas. Ça sera vraiment pas beau à voir. On a qu'à le déplacer jusqu'ici, proposa Sam.

- Si Pallador apprend qu'on a déplacé le corps, il pourrait se douter que quelqu'un sait qui il est. Et donc l'esprit aussi, lui rappela Adèle.

- Donc il changera d'hôte... soupira la jeune homme.

Ils restèrent silencieux un moment, Siam toujours lovée dans les bras de Léo en fermant les yeux, pleurant en silence. Elle avait trop de fierté pour pleurnicher comme une gamine, mais cela lui faisait vraiment mal, cela se voyait. Et Léo restait comme ça, sans bouger, sans savoir quoi faire.

- Bon, faudrait peut-être que qu'on bouge, commença Samuel. Pas que j'aime pas être présent juste en dessous d'un cadavre mais un peu quand même. Et puis je crois que Siam a besoin de se reposer. Vous avez vu son état ?

Adèle et Léo le foudroyèrent du regard un même mouvement alors que Siam ne réagissait même pas, trop occupée à pleurer son ami. Samuel haussa les épaules, sans s'occuper des éclairs que leurs yeux lançaient dans sa direction. Ils finirent par enfin lever Siam et durent la soutenir tout le long du trajet.

Arrivant dans la salle commune bondée, ils se firent repérer dès leur entrée par un surveillant qui les envoya s'asseoir en soupirant.  Ils s'installèrent dans un coin et les frères de Siam accoururent en voyant la tête que tirait leur soeur. Samuel grogna, alors qu'Adèle s'enfonçait dans sa chaise, sans faire attention à ce qu'il se passait à côté. Léo fit de même, tombant à côté de la brune.

- Il lui est arrivé quoi ? s'inquiéta le plus âgé des deux.

- Tombée dans les escaliers, répondit laconiquement Adèle.

- Oh la pas doué ! s'écria le plus jeune avec un manque total d'irrespect.

Sa soeur le foudroya du regard alors que Samuel, voyant que Siam était prise en main, voulait en profiter pour s'échapper, un tournoi de baby-foot s'étant organisé dans la salle. Il jeta un regard plein d'espoir à Léo, ayant besoin d'un coéquipier pour participer, mais celui-ci répondit par la négative après avoir jeté un coup d'œil à Siam.

- Adelounette ? demanda finalement le garçon.

- Je suis nulle au baby-foot.

- Mais non, je suis sûr que t'as un talent caché. Et puis je suis tellement doué que je te mettrais dans les buts et qu'aucune balle ne viendra vers toi parce que je les laisserais pas passer. Tu vas voir, ça va se faire tout seul.

Adèle soupira profondément avant de se décider à lever ses fesse du siège sur lequel elle s'était installé. Léo les regarda partir, amusé. La jeune femme allait sur lent revenir bientot, lassée. Il aurait bien donné une raclée à cette bande de débutants aux baby-foot, mais il ne voulait pas laisser Siam seule, même si elle était avec ses frères.

Les foudres de Saint-ArménieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant