XXX. Siam

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Siam grimpa jusqu'au dernier étage facilement. Sa matinée de cours terminée et son repas pris, elle avait du temps libre devant elle et avait une tâche particulière en tête. 

Elle jeta un coup d'oeil dans le couloir du dortoir, personne. Les internes étaient soit dans leur chambre, soit autre part mais peu importe. D'un pas rapide elle parcourut la distance qui la séparait de la trappe et observa le battant de bois. Son cœur, imperceptiblement, s'était accéléré. Revenir ici lui faisait mal, mais elle avait besoin de le faire. 

Elle avait pensé à emmener un tabouret pour mieux grimper, faute d'avoir quelqu'un pour lui faire la courte échelle. Après avoir déplacé la trappe elle se hissa dans le couloir. Une vieille odeur de cadavre en putréfaction régnait ici et pourtant le corps de Théo avait été déplacé dès le lendemain de son meurtre. 

Siam lâcha son sac sur le sol et essuya la larme qui lui coulait sur la joue. Elle fouilla parmi ses affaires et en sortit un désodorisant qu'elle propagea un peu partout. L'odeur de la fleur de lotus la fit éternuer plusieurs fois, mais au moins l'endroit sentait meilleur.

Les nombreuses tâches de sang n'avaient pas été nettoyées. Ça n'était pas le boulot de la police scientifique apparemment et les femmes de ménage ne souhaitaient même pas approcher l'endroit. Des images de l'horreur lui revinrent en mémoire et elle dut fournir un effort énorme pour les repousser. Ça la hantait toutes les nuits.

Elle sortit de son sac le chiffon qu'elle avait amené et l'eau de Javel. On lui avait dit de ne pas en prendre, mais pour faire disparaître tout ce carnage elle n'avait pas franchement le choix. Elle posa ses affaires de toilettes devant les tâches et traversa le couloir en sautant par dessus. Elle ouvrit la fenêtre pour aérer l'endroit et éviter que les vapeurs de Javel ne stagnent dans la pièce. Puis elle se mit au travail. Elle commença à frotter de toutes ses forces, y mettant une volonté presque surhumaine. 

Elle y passa sûrement de nombreuses heures, derrière elle le soleil déclinait peu à peu, plongeant derrière les montagnes. Ses efforts n'étaient pas vains, le sang commençait à partir doucement. On distinguait toujours une multitude de tâches sur le sol, mais plus claires et moins voyantes. 

Soudain quelqu'un immergea de la trappe devant elle et la fit sursauter. Puis elle soupira en reconnaissant l'individu en face d'elle. Bien qu'elle aurait préféré qu'il ne la voit pas dans cet état, sa présence avait quelque chose de réconfortant. 

- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle en s'essuyant son front couvert de sueur. 

Léo haussa les épaules comme à son habitude et s'approcha d'elle. Il jeta un coup d'oeil circulaire autour de lui, détaillant chaque objet. Il avait des cernes, ce qui changeait un peu. Elle ne se rappelait pas qu'il ait jamais eut de problème de sommeil. 

- Je suppose que tu n'es pas là pour m'aider, dit-elle en se relevant. 

Elle ôta ses gants et les laissa tomber par terre. Elle était crevée. 

- Qu'est-ce que tu veux ? 

Il tournait autour d'elle comme un chat affamé attendant le bon moment pour tuer sa proie, mettant tout le sadisme dont il était capable dans ce geste. Le blond finit par s'approcher d'elle et l'amener doucement contre le mur derrière. Ils étaient entre deux cellules de moines et la longueur du mur ne laissait que peu d'espace pour se mouvoir. 

Léo lui caressa les cheveux avant de l'embrasser fougueusement. Siam fronça les sourcils et songea à se dérober. Cet élan d'affection, ça ne ressemblait pas beaucoup à Léo. Mais pourtant c'était bien lui qui l'embrassait avec désir, qui caressait ses courbes discrètes et la collait contre ce mur pour être plus proche. 

Elle finit par se laisser aller et lui rendit ses baisers. Elle avait cruellement besoin de compagnie en ce moment et il était là, avec elle. 

Ils passèrent un moment, bouche contre bouche, lèvres contre lèvres et langues liées ensembles. Puis tout s'accéléra, le muet se fit plus pressant. Elle aussi en avait envie, mais l'endroit n'était peut-être pas approprié. Elle voulut lui faire remarquer mais il l'entraînait déjà dans l'une des cellules ayant un matelas convenable et l'allongeait dessus. 

Elle frissonna quand son dos entra en contact avec le métal dur du lit mais ne dit rien. Elle continua à se laisser embrasser, toucher, caresser, profitant un maximum. Ils passèrent aux choses sérieuses quelques minutes plus tard. 

Léo passa l'acte en bon mâle dominant. Il se procura du plaisir par son biais à elle et inversement. Le coït dura assez de temps pour que les deux profites et se termina normalement, sans plus de cérémonie. Il la quitta presque tout de suite après en avoir terminé. 

Siam se redressa en le regardant partir. Il ne lui avait même pas adressé un mot et elle avait l'horrible impression de n'avoir été qu'une relation sexuelle de plus pour lui. Un putain de vide couille comme on dit plus vulgairement. 

Il lui fallut quelques minutes de plus pour prendre pleinement conscience de ce qui venait de se passer et ressentir presque de la honte. En vitesse elle se revêtit. Son dos lui faisait un mal de chien, elle devait avoir des bleus partout. Il lui avait mordu la lèvre en plus et la blessure saignait légèrement. Quelle conne elle faisait maintenant ! 

Elle ramassa ses affaires en rangeant la Javel et le chiffon dans son sac et s'empressa de quitter les lieux. Si elle pouvait effacer ce souvenir de sa mémoire, ça serait avec grand plaisir ! 

Les foudres de Saint-ArménieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant