XXXV. Adèle

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Adèle était installée sur une chaise, un livre dans la main, mais parlant plus que ne lisant. En effet, elle se trouvait près de Madame Tessier, la bibliothécaire de l'établissement, bien décidée à lui rendre sa clé. Toutes les deux parlaient tranquillement des meurtres qui avaient secoué l'école et la jeune femme souriait, sachant que plus jamais quelque chose n'arriverait. Elle avait même rajouté un mince cahier de brouillon où elle avait résumé les faits dans la salle des archives.

Mais aujourd'hui, elle se devait de dire au revoir à cette salle qui l'avait bien trop souvent accueilli. Ainsi, alors que la bibliothécaire allait ranger un ouvrage plus loin, elle bondit de sa chaise, sortit les clés de sa poche et les posa sans bruit dans la boîte où Madame Tessier les gardait tous. Lorsque cette dernière revint vers elle, Adèle était rassise sur sa chaise en train de lire.

Elle se rassit derrière son bureau, faisant remarquer quelques menus détails à son élève préférée, mais elle ne remarqua pas le retour soudain des clés de la salle des archives. Pour le peu de fois où elle y allait, Adèle espérait qu'elle ne l'ai même pas remarqué, mais elle n'y croyait pas trop.

Soudain, la porte du C.D.I. s'ouvrit à la volée et on entendit des pas précipités entre les rayons de livres. Samuel arriva enfin devant elles, les cheveux encore plus ébouriffés que d'habitude si cela était possible, la mine inquiète. Les deux femmes le fixèrent, interrogatrices, un peu étonnées de son arrivée aussi soudaine.

- Bonjour Madame, euh, je peux vous emprunter Adèle ? Enfin, c'est pas vraiment une question parce que c'est vraiment important et que je sais qu'Adèle sait de quoi je parle et qu'elle sait qu'il faut qu'on parle.

Adèle le fixa, ahurie. Elle ne savait absolument pas de quoi il voulait parlait. Cela devait avoir un lien avec George de Ronsac et les meurtres, mais ils étaient désormais fini... A part si un idiot avait ouvert la boite où on l'avait enfermé. Elle frissonna d'horreur, glacée à cette idée. Si cela se révélait vrai, elle ne voulait pas penser que le cauchemar se reproduise. Elle se leva donc rapidement, rangea son livre dans son sac, salua Madame Tessier et sortit du C.D.I. avec Samuel.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Adèle d'une voix tendu.

- Relax, Georgette s'est pas échappé. Mais c'est quand même pas génial du tout. Vraiment pas, tu peux pas savoir et...

- Evidemment que je ne peux pas savoir, tu ne me dis rien, soupira Adèle en le coupant.

- Ah oui, désolé, je t'explique, je t'explique. Bon, bah la police a trouvé des preuves contre Léo et il est actuellement en train de se faire interroger avec Siam pour traductrice. Je crois qu'elle va péter un câble. On arrête pas de lui prendre et de lui redonner son amoureux. Crois-moi, t'as pas envie de la croiser, c'est une véritable bombe nucléaire en ce moment. Je parie que les policiers qui interrogent Léo ont mit les masques à gaz. Ils doivent être bien moches comme ça.

- Samuel ?

- Oui Adèlounette ?

- Ta gueule.

Samuel râla, n'écoutant pas la jeune fille, mais la mena jusqu'au couloir dans lequel ils pouvaient attendre patiemment Léo et Siam. Ils s'adossèrent au mur, Adèle continuant de se ronger les ongles. Elle qui avait crû pouvoir arrêter lorsque le meurtrier avait enfin disparu de la circulation, cela semblait reparti pour un tour.

Enfin, la porte de la salle de classe en face d'eux s'ouvrit et Siam en sortit, l'air ravagé par l'inquiétude. Samuel se précipita vers elle l'attrapant par les deux épaules en la fixant. Mais Adèle savait bien que ce n'était pas juste de l'empathie pour la jeune fille, mais qu'il voulait juste avoir des renseignements. A elle aussi, il lui avait fait ça. On croyait trouver du réconfort, mais on se retrouvait à devoir répondre à des milliers de questions.

- Alors ? Ils ont dit quoi ? Ils vont le relâcher ? Ils ont des preuves que c'est lui qui a tué les deux dernières personnes ? Des empreintes ? Des trucs qu'on peut contester ou tout est perdu ?

Énervée, Adèle poussa Samuel et attrapa Siam dans ses bras. Celle-ci ne voulait sûrement pas de son étreinte, mais la jeune femme ne la lâcha pas. Elle savait que même si la libanaise se débattait pour lui échapper, elle avait juste besoin de réconfort, peut-être de pleurer un bon coup.

Alors elle mettait son animosité envers Siam de côté. Parce que même si c'était pour cette fille que Thomas l'avait trompé, cela restait un être humain qui souffrait en ce moment-même. Et Adèle ne se voyait pas la laisser dans cet état pour une chose aussi futile. Le seul fautif était Thomas et sûrement pas Siam.

La brune n'avait rien dit, mais ce n'était pas difficile à comprendre. Léo était accusé et le resterait. On le porterait responsable des six meurtres qui avaient été perpétré par George et on ne le reverrait peut-être jamais.

Doucement, Adèle prit Siam par les épaules, la menant jusqu'à l'internat, laissant Samuel derrière elle. La seule chose dont la jeune femme pouvait avoir besoin aujourd'hui était de repos. Dormir, se reposer, oublier ce qu'il pouvait s'être passé dans cette salle de classe reconvertie en interrogatoire.

Elle ne resta pas dans la chambre de Siam, respectant son besoin de solitude. Elle partit rejoindre ses propres amis, plutôt, l'âme en deuil que cela se termine ainsi pour Léo. Il avait été absolument horrible certaines fois, mais il avait finit par essayer de les aider, malgré l'animosité pour qu'il ressentait pour l'humain en général. Peut-être qu'il en était devenu un peu plus sympathique avec le temps.

Les foudres de Saint-ArménieWhere stories live. Discover now