Le deal | 3

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L'étudiante poussa la porte de l'université en toute hâte, bousculant tout le monde sur son passage. Elle devait rendre un avant-goût de son projet à son mentor, Mr Fitz. Et, elle était loin d'être à l'heure. Des gouttes de sueur commencèrent à perler sur son front, la panique menaçait d'étreindre tout son organisme. Rose prit une profonde inspiration et, après avoir parcouru à une allure folle l'université toute en longueur, elle pénétra dans la salle destinée à la remise des projets. Son souffle se faisait saccader et sa tenue déjà peu distinguée partait alors dans tous les sens. Son chemisier ressortait de son jean de façon disgracieuse et sa longue chevelure connut quelques minutes de rébellion. Quand finalement elle réussit à mettre de l'ordre dans la situation, elle découvrit avec stupeur une salle vide. 

Il ne restait plus qu'une table et des chaises, au milieu d'une pièce emplit par le silence et l'absence d'élèves. Rose jura, complètement abattue. Elle se laissa même tomber sans aucune retenue sur une des chaises. Son avenir dans cette école se voyait sévèrement compromis à cet instant. Un fait qui l'incita à plonger son visage entre ses mains. Mais, une voix la fit réagir. 

- Je ne vous comprends plus, Rose.

La concernée leva son regard surprit vers la silhouette de son mentor, posté face à la fenêtre. Cette remarque obligea la jeune fille à baisser les yeux, honteuse de son comportement peu rigoureux. 

- Vous n'êtes pas le seul, Mr Fitz, je ne sais pas ce qui m'arrive en ce moment, c'est un tourbillon de problèmes qui plâne au-dessus de ma tête...

- Rose, vous êtes un de nos meilleurs éléments ! Votre technique artistique frôle la perfection mais depuis plusieurs semaines vous semblez vous renfermer dans une bulle de noirceur...

Elle déposa la pochette contenant ses croquis sur la table et passa une main dans ses mèches châtains. On pouvait lire toute la détresse du monde sur les traits tendus de son visage. 

- Je n'ai plus la même joie de vivre dans mon art qu'avant, je n'ai plus l'inspiration suffisante pour oser m'améliorer, avoua t'elle.

Son mentor se tourna pour étudier l'expression de son élève. Du haut de ses vingt-sept ans, Axel Fitz se sentait dépasser au niveau artistique par Rose. Mais, les difficultés nouvelles rencontraient par cette dernière le faisait ressentir une profonde peine. Après tout, dès le premier jour il avait eu cette petite étincelle à la vue de cette drôle de jeune fille tout à fait séduisante. Il décroisa ses bras et adopta un ton moins protocolaire. 

- J'aimerais vous aider Rose, j'ai réussi à obtenir un délai supplémentaire pour votre projet, mais il va falloir me montrer énormément de motivation et de détermination, sans quoi je me verrai dans l'obligation de rendre un dossier vide au directeur. 

Une lueur d'espoir illumina le regard cobalt de l'étudiante. Son coeur bondit de joie dans sa poitrine et dans un élan d'extase, elle se précipita vers son mentor pour le remercier vivement. 

- Merci beaucoup, Mr Fitz, je vous promets de ne pas vous décevoir, je serai ici matins et soirs, à l'heure et plus déterminée que jamais !, promit-elle.

- Bien, maintenant, rentrez chez vous et trouvez une source d'inspiration, lui ordonna Mr Fitz. N'importe laquelle, même la chose la plus infime peut vous interpeller ! Ceci est votre premier devoir. Et, une fois que vous aurez fait cela, dessinez, peignez, donnez tout votre coeur dans une ôde à cette source d'inspiration.

- Encore merci Monsieur ! Je vais mettre toute mon énergie dans ce projet !

Sur ces paroles, Rose cala son sac sur son épaule et s'élança hors de l'établissement. Elle était plus que jamais consciente qu'elle détenait entre ses mains sa dernière chance. Son avenir à l'université dépendait de cette journée. La jeune fille entra en trombe dans l'appartement, culbutant Freddy au passage. Ce dernier la rattrapa de justesse avant qu'elle ne tombe la tête la première dans les cartons stationnés dans l'entrée. L'étudiante reprit son équilibre puis repoussa son colocataire encore irritée par leur altercation de la nuit précédente. 

La drôle histoire d'une colocation | NaiadFreedomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant