Chapitre 42

641 73 6
                                    

Julia

J'ai été voir Camille chaque jour depuis son hospitalisation. Elle est pâle, maigre et méconnaissable. La maladie gagne et prend le dessus sur le corps de mon amie. Elle dort beaucoup. Voilà une semaine qu'elle est sur ce lit d'hôpital attendant probablement son jour. Elle ne souffre pas, c'est un soulagement pour nous tous. Quand je suis là, elle se confond en excuses, je crois qu'elle réalise désormais. Elle regrette de ne pas pouvoir participer au reste de ma vie. Si elle savait comment je regrette de ne pas pouvoir partager le reste de la sienne. C'est une atroce souffrance qui monte en moi. Mon cerveau refuse de croire que Camille va partir d'ici peu de temps.

J'ai repris le boulot mais je n'ai pas la tête à affronter les clients. J'ai prévenu ma responsable qui a été très compréhensible et qui m'a même accordé un jour de repos supplémentaire pour pouvoir accompagner mon amie dans ses derniers instants. E ne la remercierai probablement assez jamais pour ce qu'elle a fait pour moi ce jour-là.

Assise devant mon petit-déjeuner, j'attends que mon estomac veuille bien l'accepter. Ce n'est pas gagné. L'appel de la mère de Camille me fait sursauter et mon cœur s'emballe. Est-elle là pour m'annoncer LA mauvaise nouvelle ? Je n'ose pas répondre mais une force intérieure m'y oblige.

-Allô ?

-Julia, c'est la toute fin, elle veut te voir.

-J'arrive. Je fais au plus vite.

Nous raccrochons toutes les eux et je m'habille expressément. Je ferme mon appartement et prends les transports encore tremblante. Je hurle intérieurement sur les automobilistes trop lents et les feux rouges qu'on se prend. Je cours comme une dingue pour rejoindre le centre Léon Bérard et la chambre de mon amie. Sa famille est là. Parents et frères. Elle sourit lorsqu'elle me voit. Je n'ose pas lui rendre, de peur de paraitre bizarre.

Je m'approche d'elle à petits pas et embrasse son front avec délicatesse. Elle parait si fragile, j'ai peur de la casser. Sa main caresse ma joue et elle murmure des paroles inaudibles. J'avance mon oreille de sa bouche pour mieux entendre.

-Merci d'être venue.

-Je le devais.

-Je suis si bien entourée maintenant.

-Tu t'es battue comme une lionne.

-Pas suffisamment, me susurre-t-elle.

-Parfois il est impossible de vaincre une telle saleté. Tu as fait ton maximum, Camille.

-Merci.

-Tu le ressens ? Je lui demande pleurant.

-Oui.

-Je t'aime. Tu es la meilleure.

-Je t'aime aussi. Veux-tu me promettre une chose ?

-Tout ce que tu veux Camille ! Tout.

-Deux choses en fait.

-Je t'écoute.

-Premièrement, ne pleure pas à mes funérailles.

-Comment veux-tu que j'y parvienne ?

-Ne pleure pas et fais un joli discours. S'il te plait.

-Je te le promets.

-Et deuxièmement... Souffle mon amie.

-Troisièmement plutôt.

-Oui.

Elle rit et reprend une grande inspiration.

-Mets-toi en couple avec Sloann, c'est le bon.

-C'est compliqué Camille.

Dessine-moiWhere stories live. Discover now