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J'ouvre tout doucement mes paupières, un rayon de soleil me brûle immédiatement les yeux. Je tourne la tête pour m'en cacher, les larmes aux yeux face à la brutale réalité qui me frappe de plein fouet.
Je dois avouer que j'ai faim, j'ai les cheveux gras, le corps très sale, le bras qui saigne et j'ai mal à l'oreille depuis la dernière fois.
En plus de m'être faite humiliée à plusieurs reprises, je me retrouve en Syrie très loin de ma famille, dans un campement de terroriste. Jamais, de ma vie entière, j'aurai cru pouvoir en arrivé là. C'est un cauchemar éveillé que je vis là.

Cette nuit finalement... j'ai bien fait un rêve. Je n'ai pas fait de cauchemar comme je l'avais dit. Dans ce beau rêve j'ai vu Neïla, ma meilleure amie...
Je marchais seule dans les rues vers la fac, quand je l'ai aperçue. Elle avait grandit, elle était magnifique, une superbe femme avec un sourire énorme collé sur le visage. Elle avait même fait un carré, elle qui ne jurait que par ses cheveux bruns très longs !
Au début j'ai eu du mal à le croire, mais quand elle m'a prise dans ses bras j'ai pleuré comme un bébé. Elle me caressait le dos, puis on a continué la route ensemble jusqu'à la fac, comme on le faisait depuis toujours. Elle me dit que ma mère était super inquiète et qu'une fête immense a été organisée pour mon retour... J'y croyais tellement, que quand je me suis réveillée c'est comme si Neila mourrait une deuxième fois avec moi.

Soudainement, j'ai envie de faire mes besoins. Je panique immédiatement car je ne sais pas comment je suis censée m'exécuter, le corps retenu par ses chaînes en fer.
Quand d'un coup, j'entends des clefs tournés dans une serrure. Mon cœur se serre. Celui qui m'a ramené ici hier entre dans la salle avec un très petit seau d'eau. Je l'interroge des yeux. Qu'est-ce qu'il veut que je fasse d'un bol ?

- Pour boire, dit-il en le posant devant moi. Tu auras le seau plein un jour sur trois, tes affaires, t'organises.

- ... vous pouvez répéter, s'il vous plait ?

Il pose enfin les yeux sur moi et soupire.

- Je te dis : demain tu n'auras pas une nouvelle eau. Le surlendemain d'après-demain si, donc garde-en parce que t'auras rien tout ce temps.

Je regarde le seau, il est tellement petit que je me demande si c'est pas une blague qu'il me fait là. Malgré tout, je reste morte de honte par ce que je vais dire, mon visage se crispe.

- Je... J'ai besoin de partir aux toilettes...

Je lève la tête et il esquisse un sourire moqueur, puis tourne la tête. Ça lui fait vraiment rire ?

- Et alors ? Tu fais sur toi. Il n'y a pas de toilettes pour les esclaves.

- Les... quoi ?! Mais aller, s'il vous plait je peux quand même pas faire sur moi !

- Je viens de te dire que c'est pas mon problème, t'es sourde ?! Il lâche en haussant la voix, impatient.

Et il part. Et dire que je le pensais plus aimable que les autres, hier.

-... Quels chiens, je murmure les larmes aux yeux.

Je ne ferais pas sur moi. J'ai encore un minimum de dignité, même si c'est dur à croire après tout ce qu'il sait passé. Assoiffée, je me penche et boit l'eau dans le seau... tel un chien.

Je me cale contre le mur et ferme les yeux. Il fait nettement plus chaud qu'en France, ici. Au moins 10° de plus. Je n'y suis pas habituée et je me met à transpirer, moi qui suit habituée à boire une quantité importante d'eau par jour.

Cœur De Bombe 💣 Where stories live. Discover now