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Je me lève avant l'aube, j'ai pas dormit de la nuit. Impossible. J'avais trop mal, j'ai k.o et j'étais complètement déprimée. L'apparition de Sabry m'a un peu réchauffé le cœur hier, et j'étais même plutôt contente de son attitude. Mais j'suis rapidement passée à autre chose, aujourd'hui est une journée différente d'hier et je fais plus confiance. La méfiance a prit toute sa place.

Le soleil ne s'est pas encore levé. J'en profite pour me lever sur ma jambe disponible et faire le moins de bruits possible. Je sors de la tente, l'air doux et chaud de la Syrie me frappe au visage. Du sable rentre également dans mes yeux et je deviens presque aveugle sur le moment, mes yeux ils pleurent et tout mais ça c'est une autre histoire.

La abaya que je portais vole dans tous les sens, aujourd'hui c'est un beau jour puisqu'il y a du vent. Il a rarement été présent depuis que je suis là. Je m'attache les cheveux et me gratte nerveusement les bras.

J'allais complètement sortir de la tente quand je vois deux hommes assit autour d'un feu qui guettent les alentours. Quand le regard de l'un se pose sur moi je disparais rapidement à l'intérieur de la tente.

J'enfile mon niqab. Où est-ce que je compte aller comme ça ? Y a t-il moins censé que moi ? Je suis désespérée, je veux partir d'ici mais je ne sais même pas comment m'y prendre. C'est pas pour rien que j'ai rien tenté avant... Jamais une occasion ne s'est présentée à moi. Jamais je n'ai cru que cette fois-ci, "ça serait la bonne". Mais comme on dit : qui ne tente rien n'a rien, et quitte à mourir je crèverai dans un élan de courage et non sous les décombres d'un bâtiment explosé.

Comment ils vont me laisser passer ? Je compte sur Dieu pour la suite, j'vais improviser et y aller au talent, j'débarquerai en freestyle. Ce qui arrivera devra arriver et mon mektoub (=destin) est déjà écrit, de toute façon.

J'sors de la tente, je marche pieds nus sur le sable. J'évite au maximum de poser mon pied endommagé au sol, j'ai vraiment mal et je veux pas empirer la situation. La douleur me rappelle à chaque moment que si je me rate sur ce coup là, ce qui pourrait m'arriver pourrait être mille fois pire que la souffrance d'un pied piteux.

J'essaye de contourner discrètement les deux hommes éveillés même si je sens un regard sur moi. L'un des leurs ? Aucune idée. Mais je renonce finalement à prendre des risques inutiles dès le départ, s'ils me soupçonnent et me suivent je serai bloquée. Je pars donc les voir, et pour ça je parle l'arabe que j'ai entendu des centaines, voir des milliers de fois depuis que je suis ici. Aujourd'hui, on me confondrait avec une autre tant j'ai du vocabulaire. L'accent syrien n'est peut-être pas là, mais le camp n'est composé que d'étranger de toute façon, il est cosmopolite donc je ne ferai pas tâche.

Quand ils me voient approcher, l'un d'eux baisse la tête et je vois l'autre froncer les sourcils.

- (arabe) A Salamu Aleykoum les frères.

- Wa'aleykoum Salam, ils me répondent en cœur.

Attends, j'vais leur dire quoi moi ?

... je sais pas.

- Euuh... vous n'avez pas vu mon époux, cette nuit ? Il n'est pas rentré et je m'inquiète vraiment, il m'a promit qu'il rentrerait..

- C'est qui ton époux ?

- Sabry. Sabry #####.

Cœur De Bombe 💣 Where stories live. Discover now