Paris doré

-6.2-

Camille hésitait entre fuir à toutes jambes loin de ce mec qu'elle ne connaissait pas ou au contraire, rester là même si ça paraissait bizarre. Après tout, elle ne connaissait rien de lui, et vu l'allure de la soirée, il valait mieux qu'elle reste à l'abri de ces gens, et de lui plus particulièrement. Quelque chose dans son regard bleu azur la troublait sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi.

- Tu veux quelque chose à boire ? lui demanda-t-il soudain, rompant ainsi le fil de pensées qui défilaient dans l'esprit de la blonde et elle se surprit à accepter d'un hochement de tête.

- Viens, suis-moi.

Il attrapa sa main et elle sentit son souffle devenir court à ce simple contact, comme si une décharge électrique l'avait soudain frappée. Elle se laissa entraîner à seulement quelques mètres plus loin, dans la cuisine, et le jeune homme referma la porte derrière eux. Elle poussa un soupir de soulagement en constatant que cette porte fermée les protégeaient un peu plus de la musique qui continuait de hurler dans la pièce. Clairement, le rap d'aujourd'hui ne lui plaisait pas. Louis ouvrit le frigo et en sortit deux bières qu'il posa sur la table où Camille s'était installée.

- Ça te va de la bière ?

- Hum hum, opina-t-elle en lançant un petit coup d'œil autour d'elle. La cuisine était plutôt spacieuse et étonnamment bien rangée, sans doute parce que les jeunes n'avaient pas encore pénétré ici. Tandis que Louis décapsulait les deux bières, la blonde ne pouvait s'empêcher de le dévisager, observant son visage grave et les quelques rides d'expression qui se manifestaient déjà lorsqu'il souriait.

- Tu as l'air de bien connaître l'endroit, fit-elle remarquer en le voyant ensuite sortir deux verres et un paquet de chips.

Le blond lâcha un petit rire et il hocha la tête en continuant son exploration, sortant des escalopes du frigo avec un pot de crème, et un paquet de pâtes d'un placard. Il sortit une poêle et une casserole qu'il posa près de la plaque avant de s'approcher d'elle en souriant.

- Je squatte ici, Mehdi est un pote. Tu as faim ou je fais juste pour moi ? rajouta-t-il en posant son regard sur elle.

- J'en veux bien un peu, je tiens pas bien l'alcool et encore moins quand je mange pas.

Elle se mordit doucement la langue en se rendant compte qu'elle venait d'avouer à un mec qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam qu'elle était peu résistante à l'alcool. " Bravo Camille, dis lui aussi ou tu habites et file lui tes clés aussi.", se réprimanda-t-elle intérieurement en soufflant.

- Tu sais faire à manger ? lui demanda la jeune femme rapidement comme pour détourner l'attention d'elle et de l'alcool.

Il esquissa un sourire en mettant la casserole remplie d'eau à bouillir et la poêle sur le feu avec un peu d'huile. Il coupa un restant d'oignon en fine lamelle avant de réserver le même sort aux escalopes et une fois que ce fut fait, il mit le tout dans la poêle. Il s'occupa des pâtes qu'il jeta dans l'eau bouillonnante avant de se retourner vers la jeune femme qui avait quitté sa chaise pour s'approcher de lui et l'observer devant les fourneaux, curieuse.

- J'ai appris en prison. Je supportais pas la bouffe de la cantine, alors la petite plaque dans ma chambre était plutôt utile. Je suis même devenu bon à ça au final.

Son regard azur avait accroché le regard bleu vert de la jeune femme qui s'était figée aux paroles de Louis. Mon dieu, que faisait-elle à cette soirée en compagnie d'un ex taulard ? Il fallait qu'elle retrouve Capu et qu'elle se barre d'ici. Perdue dans ses pensées, ce fut la main de Louis qui attrapa la sienne délicatement qui la fit revenir à la réalité et elle sursauta brusquement.