Hunter Being Hunted TOME 1 [TERMINÉ]

Chapitre 5 [RÉÉCRIT] :

Deux ans plus tôt,

- C'est toujours pareil dans cette foutue maison ! S'exclama le père d'April en tirant violemment cette dernière par le bras pour l'amener jusque dans sa chambre.

- Rufus, je t'en prie, lâche-la ! Le supplia sa femme qu'il ignora totalement.

- Papa arrête ! Hurla son grand-frère en pleurant

Depuis des années maintenant, après le drame dont les gens de la ville n'avaient cessé de parler pendant des semaines, inventant des histoires en tout genre pour conter le malheur de la famille Stewart, le père d'April était devenu un alcoolique invétéré et lorsqu'il avait bu, il avait pris la terrible habitude de la frapper. Ses bras étaient couverts de bleus ; lorsqu'on lui demandait, elle inventait toujours des mensonges comme une chute de vélo ou détournait le sujet. Il l'amena jusque dans sa chambre et l'enferma seule à l'intérieur.

****

April était allongée dans son lit, dans le noir total, s'imaginant que l'obscurité pourrait peut-être dissimuler sa souffrance. Elle savait parfaitement que ce n'était pas le cas, mais cette noirceur avait pour elle désormais un côté rassurant. Elle était enfin seule, hors de portée du monstre qui lui servait de père. Il devait être quinze heures de l'après-midi, c'était ce qui ressemblait à une belle journée d'automne en apparence ; l'air était frais dehors, mais quelques rayons de soleil passaient tout de même à travers les nuages. La maison était redevenue calme, quand quelqu'un frappa à la porte de la chambre :

- C'est Morgan, je peux entrer ? Demanda son frère avec une petite voix.

Il n'obtint pas de réponse mais poussa tout de même la porte avec douceur et vint s'assoir sur le lit, aux côtés d'April.

- Tu vas bien ?

C'était une question idiote. Comment pourrait-elle aller bien ?

- Laisse-moi, s'il te plaît... murmura April dans un sanglot.

Il ignora la requête de sa sœur et enchaîna :

- Je crois que je peux t'aider...

- Comment ça ?

- J'ai retrouvé tes parents.

April se redressa soudainement et une lueur de joie passa dans ses yeux bleus lorsqu'ils rencontrèrent le regard émeraude de son frère. Il resta silencieux un court moment avant de se relever et de tendre la main dans la direction d'April.

- J'ai dit aux parents qu'on allait faire quelques courses, suis-moi.

Ils marchaient dans les rues de Canyon Lake depuis une bonne dizaine de minutes déjà ; Morgan semblait confiant en leur expédition quant à April, elle n'y croyait pas vraiment. Depuis toujours, April enchaînait les familles d'accueil et, il y a de là quelques années, cette famille, autrefois heureuse, avait décidé de l'adopter. La femme était enceinte d'une petite fille et elle voulait que son enfant ait une grande sœur avec qui tout partager. Malheureusement, peu de temps après avoir signé les dossiers pour son adoption, sa nouvelle mère fit une fausse couche. Son père adoptif sombra donc dans l'alcool. Au début, il ne faisait que hurler ou la menacer car selon lui « l'arrivée d'April avait causé la mort de son bébé » C'était idiot, mais April avait fini par elle-même y croire. Puis les coups suivirent ; April était la seule à subir les violences de son père, mais la terreur régnait dans la maison. Savannah, la mère adoptive d'April, était impuissante mais ne pouvait pas se résoudre à quitter la maison.

Ils étaient enfin arrivés à destination, c'était une modeste maison, elle était plutôt bien entretenue et une femme était dehors en train de d'arroser les tulipes qui décoraient son jardin.

- Est-ce que c'est... ?

Il acquiesça d'un hochement de tête assuré ; cette femme, dehors, était la personne qui l'avait mise au monde, sa propre mère. Un frisson parcourut April ; alors c'était elle. Celle qu'elle avait à la fois détesté pour son abandon et à la fois tant voulu retrouver, elle était là, juste devant ses yeux.

- Tu pourrais aller la voir ? Lui demanda April avec appréhension.

- J'y vais.

Sur ces mots, et porté par l'enthousiasme, il se lança en courant pour traverser la route qui les séparait de la maison. Pour la première fois depuis longtemps, April avait enfin une lueur d'espoir pour illuminer sa sombre vie.

****

Soudain, un long klaxon retentit suivit d'un crissement de pneu. April leva la tête et, en une fraction de seconde, son espoir se transforma en un vide. Un vide immense. La voiture percuta Morgan qui fut éjecté quelques mètres plus loin par le choc. Les gens des alentours, y compris la mère d'April, arrivèrent en courant pour voir l'ampleur de l'accident. Il était là, allongé sur la route, le corps inerte.

Les urgences ne tardèrent pas à arriver, alertés par l'un des spectateurs de la scène pour embarquer son frère sur un brancard. Ils posèrent des tas de questions à April auxquelles elle était incapable de répondre. Le choc l'avait déconnectée de la réalité, tout semblait si lointain, comme si leurs voix venaient se heurter à un mur invisible.

- Quel est votre nom, mademoiselle ?

- Vous êtes de la même famille ?

- Qui sont vos parents ?

Tout ça ne pouvait pas être réel... April essayait de s'en convaincre mais elle était incapable de se réveiller de ce terrible cauchemar.

****

Une fois arrivés à l'hôpital, les médecins se ruèrent sur lui en l'écartant. Elle était assise là, derrière la porte de la salle d'opérations, le regard dans le vide. Son ventre ne cessait de se contracter sous ses sanglots et pourtant les larmes semblaient refuser de couler. Sa mère biologique entra soudain dans le couloir et la rejoignit.

- Bonjour, j'étais là quand il a... Commença-t-elle d'une voix faible.

- Je sais, la coupa April.

- Je voulais prendre de ses nouvelles ? Il va bien ? S'enquit-elle d'un ton dont suintais l'inquiétude.

- Je n'en ai aucune idée...

Les parents adoptifs d'April débarquèrent alors dans l'hôpital, totalement affolés. Son père hurlait, sa mère pleurait. Soudain, un médecin sortit de la salle d'opération.

- Il a été plongé dans le comas, il y a peu de chances qu'il se réveille un jour... C'est à vous, dit-il en désignant ses parents, que revient la décision de le laisser mourir ou de continuer de se battre.

Rufus et Savannah s'en allèrent plus loin pour débattre puis annoncèrent leur choix au médecin qui hocha gravement la tête en guise de réponse.